Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Décryptage

Maintenir l’EI à Deir ez-Zor pour une victoire à Mossoul

Une reconquête de cette zone de l'est de la Syrie par les alliés du régime signifierait la réouverture de l'axe stratégique Téhéran-Bagdad-Damas, que Washington entend à tout prix éviter.

Un combattant de l’armée syrienne à l’aéroport militaire de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie le 12 décembre 2014. Thaer al-Ajlani/AFP Archives

La coalition internationale menée par les États-Unis a reconnu samedi qu'elle était à l'origine des raids meurtriers contre les positions de l'armée syrienne au mont Tubar, à 4 kilomètres au sud de l'aéroport de Deir ez-Zor, mais en précisant qu'il s'agissait de bombardements accidentels. La coalition aurait donc commis une bavure en confondant les cibles terrestres. Selon le commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom), « la coalition ne ciblerait jamais intentionnellement une unité militaire syrienne ». Cependant, cette thèse serait difficilement soutenable pour plusieurs raisons.

Premièrement, des sources militaires et le communiqué du porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, confirment que les quatre raids ont été effectués par deux avions militaires antitanks A-10 et deux chasseurs F-16 dotés de mitrailleuses lourdes avec pour objectif de détruire les fortifications de l'armée syrienne dans ces zones. Deuxièmement, ces bombardements ne visaient pas une cible mobile, mais une position fixe tenue par l'armée syrienne au vu et au su de tous dans une zone où seuls deux acteurs sont impliqués sur le terrain : l'armée syrienne et l'État islamique. Par ailleurs, comme le relève le spécialiste Fabrice Balanche dans son analyse de la situation, « le mont Tubar subissait, au moment des frappes américaines, une attaque de l'EI. Mais il n'était pas prévu que l'aviation de la coalition vienne prêter main forte à l'armée syrienne. Elle ne l'a effectivement jamais fait puisqu'elle s'est toujours abstenue de bombarder l'EI dans la périphérie de Deir ez-Zor ».

L'attaque de samedi n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle du 6 décembre 2015 contre un camp des forces spéciales syriennes dans la zone d'al-Baghlia à l'est de Deir ez-Zor, et dans laquelle l'implication américaine avait été soulevée par la Russie. À l'époque, Igor Konachenkov s'était interrogé en ces termes : « Si les États-Unis ne sont pas impliqués dans cette frappe, pourquoi les représentants du Pentagone, étant les chefs de la coalition contre Daech, passent sous silence la présence d'avions de leurs alliés, le 6 décembre dans la région de Deir ez-Zor ? N'est-ce pas parce que la coalition reçoit toute l'information, sur les cibles de Daech à viser, de la part du Pentagone ? »
Si ces frappes meurtrières de la coalition ont suffisamment affaibli l'armée pour donner l'ascendant à l'EI, qui au terme de son offensive a pu s'emparer de la zone, les raisons de cette action quelques jours à peine après la conclusion d'un accord difficile avec les Russes ne sont pas tout à fait claires.

 

(Lire aussi : Les enjeux de la trêve syrienne en 10 questions)

 

Mossoul vs Deir ez-Zor
Deux explications sur cette attaque surprise semblent cependant s'imposer. L'affaiblissement des forces du régime qui mènent l'offensive contre l'EI à Deir ez-Zor n'est pas un non-sens dans le cadre des préparatifs de la bataille finale de Mossoul en Irak. En effet, si Washington mène une guerre totale contre l'EI et prive le groupe d'une zone de repli à Raqqa et Deir ez-Zor, non seulement les combats s'annoncent d'une grande férocité dans le cadre d'une offensive acharnée et extrêmement coûteuse, mais il faudrait également compter sur une plus grande participation des unités de mobilisation populaire Hached al-Chaabi, en Irak. Or, si les Américains planifient une victoire-éclair à moindre coût, il est exclu, pour atteindre cet objectif, de concéder un rôle de premier plan aux milices chiites dans la deuxième ville d'Irak, capitale de l'EI. Dans cette perspective, le groupe doit conserver sa base arrière en Syrie.

Par ailleurs, il est fort probable que les Américains aient eu connaissance du plan russo-iranien pour reprendre la totalité de Deir ez-Zor. Or une reconquête de cette zone par les alliés du régime signifierait la réouverture de l'axe stratégique Téhéran-Bagdad-Damas et donc le rétablissement d'une continuité territoriale et d'une profondeur stratégique ; ce que Washington entend à tout prix éviter.

Les développements de ces derniers jours risquent de compromettre sérieusement l'accord fragile et difficilement accepté par les Américains en raison, selon des sources proches des négociateurs, de l'opposition du Pentagone à cette trêve. Ces évolutions en Syrie mettent en lumière le fait que la guerre contre le terrorisme n'incarne pas la dimension principale de ce conflit. Les bombardements des Israéliens contre les positions de l'armée syrienne au Sud pour, selon certains observateurs, faciliter l'offensive des combattants du Front Fateh al-Cham (ex-Nosra) et, à quelques jours d'intervalle, les raids aériens de la coalition à Deir ez-Zor, tendent à confirmer l'hypothèse que la priorité est à présent l'affaiblissement durable du régime syrien.

 

 

Lire aussi

Dans Alep-Est assiégé, la dangereuse quête de carburants alternatifs

Le sort de l’accord russo-américain sur la Syrie se jouera au cours des prochaines semaines, le décryptage de Scarlett HADDAD

Quand les soldats remplacent commerçants et touristes dans le souk d’Alep

L’accord Kerry-Lavrov soulève plus de questions que de réponses

Assad déclare vouloir "reprendre" toute la Syrie

Qui est concerné ou pas par la trêve en Syrie ?

Le plan de transition de l'opposition syrienne, une manœuvre dilatoire ?

La coalition internationale menée par les États-Unis a reconnu samedi qu'elle était à l'origine des raids meurtriers contre les positions de l'armée syrienne au mont Tubar, à 4 kilomètres au sud de l'aéroport de Deir ez-Zor, mais en précisant qu'il s'agissait de bombardements accidentels. La coalition aurait donc commis une bavure en confondant les cibles terrestres. Selon le...

commentaires (5)

TOUS CES ENVAHISSEURS DE GAUCHE ET DE DROITE SE RIENT D,EUX-MEMES AVANT DE SE RIRE DES PEUPLES... L,E.I. C,EST LEUR TAWLET IL SHESH-BESH !

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 25, le 19 septembre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • TOUS CES ENVAHISSEURS DE GAUCHE ET DE DROITE SE RIENT D,EUX-MEMES AVANT DE SE RIRE DES PEUPLES... L,E.I. C,EST LEUR TAWLET IL SHESH-BESH !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 25, le 19 septembre 2016

  • Testimonies of the Syrian soldiers who witnessed the US airstrikes - We first thought the aircraft are support to us after the first 2 shots, but we quickly found out that they are targeting our forces aggressively, while we were fighting IS terrorists. The aircraft used cluster bombs against us. - A day before the airstrikes, the drones were flying and scanning all the area - The US airstikes destroyed all our equipment and defense points. - IS fighters attacked us immediately after and during the US strikes. Some of them were laughing - US drones and helicopters opened fire from machine guns on our retreated forces - It for sure wasn't a mistake, they targeted us intentionallyl to help IS. - America is ISIS itself

    Chelhot Michel

    13 h 38, le 19 septembre 2016

  • Les Grands jouent aux échecs, se servant non seulement des "pièces maîtresses de l'échiquier " mais également des "pions" disséminés sur l'échiquier... Partie difficile pour eux (peut être) mais mortelle pour les hommes habitant "!'echiquier" Ce monde manque d'humanite

    Chammas frederico

    13 h 11, le 19 septembre 2016

  • Ces us sont de vrais fourbes , alliés des bactéries en tout genre.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 15, le 19 septembre 2016

  • conclusion ....,l'aviation syrienne peut en représailles, bombarder les soldats US , illégaux sur le territoire syrien....bon se sera

    M.V.

    10 h 23, le 19 septembre 2016

Retour en haut