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Culture - Événement

Caracalla rend hommage à al-Ula, sous le signe de l’amour

La légendaire histoire de Jamil et Bouthaïna a ressuscité dans un spectacle de la troupe libanaise le temps de trois représentations sur les lieux mêmes de ses origines dans le désert d’Arabie, dans le cadre du festival Hiver à Tantora.


Une vue du spectacle « Jamil et Bouthaïna » de Caracalla présenté à al-Ula en Arabie saoudite. Photo Facebook Caracalla

Ce n’est pas un hasard si le premier spectacle de Caracalla en Arabie saoudite a coïncidé avec le week-end de la Saint-Valentin à al-Ula, oasis de la province de Médine. Contactée par la Commission royale pour al-Ula il y a plusieurs mois, la troupe a reçu une invitation de participation au festival Hiver à Tantoura à travers un spectacle pour trois soirs, en même temps que la suggestion du sujet : l’histoire d’un amour platonique entre Jamil et Bouthaïna, qui s’était déroulée dans cette même région à l’époque omeyyade.

Décrit par le poète de l’époque Jamil ben Ma’amar, ce récit fait partie du patrimoine littéraire arabe au même titre que les amours légendaires de Kaïs et Leyla ou Antar et Abla. Sauf qu’ici, l’intrigue amoureuse a pour cadre le lieu envoûtant d’al-Ula, avec ses rochers érodés par le temps, étalés à perte de vue, et englobant des vestiges d’une cité nabatéenne comme celle de Pétra. Entre la beauté du site et la légende de Jamil et Bouthaïna, la richesse du spectacle était assurée. Il ne restait plus qu’à y ajouter le talent de Caracalla.


Scènes féeriques du désert
Abdel Halim Caracalla a passé de longues semaines à préparer le script. Il s’est replongé dans les textes anciens, a conçu les dialogues et confié au poète émirati Karim Maatoq l’écriture des paroles des chansons, mises en musique par ses compositeurs fétiches. Comme toujours, Talal Haïdar fait partie de l’aventure, ainsi que Gabriel Yammine, Joseph Azar, Hoda Haddad et Simon Obeid.

Signée Ivan Caracalla et son équipe italienne, la mise en scène ne laisse rien au hasard. Sur la scène du Maraya Concert Hall, deux gigantesques rochers reproduisent l’effet du paysage d’al-Ula, avec au centre un écran géant de onze mètres de haut sur lequel défilent les scènes féeriques du désert, des oasis, des chevauchées, des chameaux, du mariage bédouin avec les traditions et coutumes du monde arabe, sujet favori de la troupe. La vedette de la première partie est la belle Algérienne Amal Bouchoucha, qui interprète le rôle de Bouthaïna (textes et chants) alors que son amoureux transi Jamil est campé par l’acteur syrien Samer Ismaïl, deux jeunes talents prometteurs.

La deuxième partie du spectacle, axée sur l’éloignement des amoureux, suit Jamil dans ses périples en Syrie et en Égypte. Elle se termine par un solo de danse assuré par l’incontournable Omar Caracalla.

Enfin, la dernière partie fait défiler des tableaux de danses ukrainiennes, vénitiennes, indiennes qui illustrent l’ouverture d’al-Ula, nouveau lieu d’échanges culturels. Une troupe chinoise devait participer à cette fête folklorique, mais sa venue a été annulée en dernière minute à cause du coronavirus.

Plus de 75 danseurs ont participé au spectacle dont la chorégraphie porte l’empreinte indélébile du grand Caracalla, mais aussi celle de sa fille Alissar, à qui l’on doit l’introduction de scènes contemporaines et quelques mouvements d’ensemble très féminins. « Je pars, dit-elle, de pas de danse classique puis j’ajoute des balancements plus orientaux. Un style bien à nous... »



Rouge passion
Les costumes n’ont rien à envier à ceux des précédents spectacles. Le mélange de textures et de couleurs est toujours aussi flamboyant, avec cette dominante de rouge « une couleur que les Bédouins ont toujours affectionnée », explique Caracalla père. Il raconte aussi son travail de recherche : « Je suis un rat de bibliothèque, surtout lorsque je passe par Londres et Paris. J’ai beaucoup appris dans les livres pour reproduire une coiffe, une ceinture, une broderie, une parure. J’ai également vécu parmi les tribus du fond de l’Irak, de Syrie, d’Algérie et du Maroc. Et un de mes grands plaisirs était de fouiner dans les souks d’Alep, de Téhéran, de Oman... » Les souvenirs de Abdel Halim Caracalla, surnommé Maestro Caracalla, feront bientôt l’objet d’un beau livre conçu avec l’aide de Saad Kiwan.

Le tout nouveau théâtre Maraya d’al-Ula, construit en moins de trois mois, a accueilli depuis le mois d’octobre plusieurs concerts dans sa salle de 500 places, dont ceux de Boccelli, Carreras, Yanni. Dressé entre les rochers du désert, il a été conçu avec des façades entièrement en miroirs, faisant l’effet d’un mirage... À chaque moment de la journée s’y reflète une nouvelle lumière, un autre décor, et lorsque pour la finale du spectacle de Caracalla, l’écran s’est rétracté, il était presque impossible de savoir si ce que l’on voyait derrière la vitre, au fond de la scène, était un autre écran ou bien les vrais rochers du site. Il s’avérera que ce n’était pas un mirage, mais le décor naturel.



« Il a changé notre vie »
Le 13 février, la majorité des spectateurs étaient... des spectatrices, souvent vêtues de noir intégral. Lorsque l’on demande à l’une d’entre elles si elle a aimé le spectacle, elle répond : « Énormément, mais vous savez, il n’y a pas si longtemps que ça, je n’aurais pas pu venir dans cette salle. Je remercie le prince Mohammad ben Salmane. Pour nous, c’est un héros, il a changé notre vie. »

Classée patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008, al-Ula a tout pour connaître un développement touristique rapide. Les Libanais peuvent en ressentir une certaine amertume, comme cette compatriote qui nous confiait : « Nous sommes fiers de voir nos artistes s’expatrier dans ce lieu de rêve et montrer leur talent, mais nous aimerions aussi pouvoir rappeler que notre patrimoine culturel a sa part de magie, et que nous, Libanais, étions les précurseurs du développement culturel au Moyen-Orient. Aujourd’hui, notre pays est à la traîne. Ici la culture s’installe dans le désert et chez nous, les festivals sont menacés de disparaître. »


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commentaires (1)

Bravo ! Quel talent.

Brunet Odile

12 h 16, le 17 février 2020

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Commentaires (1)

  • Bravo ! Quel talent.

    Brunet Odile

    12 h 16, le 17 février 2020

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