Remous judiciaires et populaires autour du projet de concasseur de débris urbains de Pierre Fattouche

Une manifestation devant le sérail de Baabda et la convocation devant la police judiciaire de Baabda du secrétaire général du Renouveau démocratique, Antoine Haddad, et de son frère Abdallah, un ingénieur, sont les deux développements attendus aujourd'hui dans l'affaire de la mégacimenterie que l'industriel Pierre Fattouche, frère du député Nicolas Fattouche, cherche à installer à Aïn Dara (Aley), malgré l'opposition des habitants.

La manifestation devant le sérail de Baabda rassemblera des représentants de la population de Aïn Dara et de toutes les instances civiles et partis hostiles au projet, jugé écologiquement destructeur pour la région. Des représentants de la municipalité de Aïn Dara, opposée au projet, ainsi que les représentants des Forces libanaises et du PSP à Aley seront présents à cette manifestation.

L'objectif de cette démonstration sera double : protester contre la volonté de l'industriel d'avancer coûte que coûte dans son projet, pour lequel il bénéficie de licences d'exploitation des ministères de l'Industrie et de l'Environnement.

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Parallèlement, la manifestation a valeur d'appui moral à Antoine et Abdallah Haddad, contre lesquels M. Fattouche a semble-t-il porté plainte, ce qui a conduit le parquet à engager une enquête au sujet des forces hostiles au projet. Les attendus de la plainte de Fattouche n'ont pas été notifiés aux intéressés. Il pourrait s'agir d'une plainte en diffamation, supposent les intéressés se basant sur des indiscrétions. En tout, quelque vingt-cinq convocations ont été adressées à des habitants de Aïn Dara, et ces personnes devront se présenter dans les jours qui suivent. Il n'est même pas certain que les personnes convoquées seront autorisées à se présenter avec un avocat, assurent les intéressés. Des sources politiques ont assimilé la procédure à de « l'intimidation ».

Conférence

Sur le plan pratique, une conférence a été organisée par la municipalité de Aïn Dara, samedi, au sujet des dangers de l'industrie lourde en milieu habité. La conférence, prévue avant que les convocations judiciaires ne parviennent à la population, a donné lieu à des interventions de solidarité avec Aïn Dara émanant des forces politiques présentes dans la localité et des municipalités environantes.
Pour sa part, le président de la municipalité de Aïn Dara, le général à la retraite Fouad Haydamous, est opposé à l'installation de la mégacimenterie de Pierre Fattouche. Celle-ci se présente en fait comme un concasseur géant de débris urbains dont la matière première proviendra essentiellement, dans les années à venir, des zones de guerre syriennes, porteuse donc d'un taux élevé de métaux lourds et de produits polluants.
Or malgré les autorisations ministérielles dont il dispose, l'industriel Pierre Fattouche ne peut aller de l'avant sans un permis de construction délivré par la municipalité, assurent des sources bien informées, permis qu'il lui sera difficile d'obtenir.

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Le site prévu pour l'usine, insiste-t-on à Aïn Dara, est extrêmement polluant et se trouve à l'intérieur du périmètre de la cédraie protégée du Chouf, comme l'a assuré il y a quelques jours Abdallah Haddad.
Le projet de concasseur est envisagé par M. Fattouche en sus d'une carrière qu'il exploite déjà, selon des sources locales concordantes. M. Fattouche, précise-t-on, dispose d'une licence d'exploitation de carrière remontant à 1994 prévoyant des excavations sur une superficie de 2 000 mètres carrés sur une profondeur de 15 mètres. Aujourd'hui, près de 2 millions de mètres carrés ont été exploités, ajoutent les sources citées, un dépassement sur lequel il n'est plus possible de fermer l'œil, sans compter que les carrières n'ont pas été réhabilitées selon les normes, ce qui, en soi, disqualifie toute nouvelle demande.

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