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Liban - Polémique

Aïn Dara se promet de faire obstacle au projet de cimenterie des frères Fattouche

Un accroc entre le Zahliote Pierre Fattouche et une responsable municipale à Aïn Dara tourne à l'aigre. Les habitants de cette localité montent au créneau et bloquent la route de Mdeirej.

Manifestation hier après-midi à Mdeirej des habitants de Aïn Dara. (« an-Nahar »)

Le torchon brûle entre les nouveaux élus de la municipalité de Aïn Dara (caza de Aley) et les frères Fattouche, Nicolas le député et son frère Pierre, sur fond de projet de construction par ces derniers d'une cimenterie à Dahr el-Baïdar, sur des biens immobiliers situés à Aïn Dara.
Les choses se sont particulièrement envenimées hier matin lorsque Pierre Fattouche s'est présenté avec ses gardes du corps au siège de la municipalité de Aïn Dara pour y réclamer la signature manquante qui lui permettrait de mettre le projet à exécution. Sauf que la fonctionnaire responsable, Thérèse Badr, « a refusé d'obtempérer, expliquant qu'elle ne pouvait accomplir la formalité, le nouveau conseil municipal n'ayant pas encore pris ses fonctions », raconte à L'Orient-Le Jour le nouveau coprésident de la municipalité, le général à la retraite, Maroun Badr, proche de l'employée. Un refus qui a provoqué « la colère du frère du député ». A suivi une « altercation avec la fonctionnaire », au cours de laquelle Pierre Fattouche « a élevé la voix, utilisant des termes provocants, obscènes et inappropriés ». « Il l'a menacée de la faire licencier et lui a même dit : tu verras ce qui va t'arriver, ajoute M. Badr. À tel point que la femme craint aujourd'hui de se rendre à Beyrouth. »

 

(Pour mémoire : Les hommes de main de Pierre Fattouche, frère du député, tabassent des journalistes d'al-Jadeed)

 

La colère des habitants
Contrairement à ce qui a été annoncé par nombre de médias et par des habitants de Aïn Dara, « les hommes n'étaient pas armés », tient à souligner le nouvel élu, confirmant ainsi un démenti publié par le député Nicolas Fattouche, suivi d'un autre publié par Pierre Fattouche. Mais les habitants de la localité n'en démordent pas : « Pierre Fattouche et ses hommes ont investi la municipalité. » Et pour bien marquer leur colère, ils ont coupé la route de Mdeirej, hier en fin d'après-midi, histoire de protester contre le projet de cimenterie, mais aussi contre « ce comportement de baltagi », comme l'indique un habitant. « Sans compter qu'il y a eu outrage personnel, car Pierre Fattouche a porté atteinte à la dignité et l'honneur d'une femme, qui est de ma famille de surcroît, chose inadmissible », fait remarquer M. Badr. À la gendarmerie de Mdeirej où il s'est rendu pour y porter plainte, la démarche a été refusée. « On nous a conseillé de présenter un recours en justice auprès du parquet », observe le président qui martèle : « M. Fattouche veut imposer une cimenterie à Aïn Dara, de gré ou de force, et nous ne le permettrons pas. »


Relatant à son tour la scène, dans un communiqué, Pierre Fattouche déplore les propos mensongers tenus à son égard. Il explique que, sur demande du caïmacam de Aley, il devait faire enregistrer une formalité pour un projet de construction auprès de la municipalité de Aïn Dara. Mais la fonctionnaire responsable a « formellement refusé sans raison légale », et lorsqu'il lui a « demandé de parler au caïmacam ou au mohafez, elle les a insultés avant de raccrocher au nez du caïmacam, affirmant que son bureau est fermé et qu'elle n'enregistrera pas la formalité ». M. Fattouche dit avoir alors « quitté la municipalité, en compagnie de l'oncle de la fonctionnaire », et assure qu' « aucun homme armé n'est entré » avec lui. Il annonce aussi son intention de porter plainte pour diffamation.

 

(Pour mémoire : Les habitants de Zahlé unis contre le projet de cimenterie)

 

Aïn Dara et les cèdres du Chouf : une même réserve
L'incident n'est pas anodin. Il découle d'un bras de fer entre les frères Fattouche et les habitants de Aïn Dara, poussés par les écologistes du village. Ces derniers refusent formellement le transfert dans leur localité de la cimenterie refusée par la ville de Zahlé, « pour des considérations de santé publique et pour protéger leur montagne qui fait partie de la réserve des cèdres du Chouf », affirme le défenseur de l'environnement et expert économique, Abdallah Haddad. Un bras de fer qui a coûté sa position à l'ancien président de la municipalité, Sami Haddad, qualifié par les habitants de « complice, avec son équipe », de Nicolas et de Pierre Fattouche. Les deux Zahliotes, « connus pour exploiter les carrières bien au-delà des capacités autorisées d'exploitation, avaient pris le village en otage et contrôlaient l'ancien conseil municipal », note l'activiste. Il précise que les deux frères sont des prête-noms à Bachar el-Assad par l'intermédiaire de son cousin, Zou el-Himma Chaliche « dont le nom figure sur les listes européennes des avoirs bloqués ».
« Plébiscitée par les habitants pour lutter contre la corruption, la nouvelle municipalité doit aujourd'hui faire échec à ce mégaprojet de 200 000 mètres carrés, cinq fois la cimenterie de Chekka, qui s'étendra effectivement sur une zone d'un million de mètres carrés et polluera la capitale », explique-t-il. Malgré l'aval des deux ministères de l'Environnement et de l'Industrie, elle a un droit de regard sur le projet. « Deux généraux à la retraite s'en partageront la présidence pour une durée de trois ans chacun, Fouad Haydamous et Maroun Badr », dit-il. Mais, avant même d'avoir pris leurs fonctions, ils sont déjà confrontés aux trois défis lancés par les écologistes, « faire respecter la loi, replacer Aïn Dara dans le cadre de la réserve du Chouf et mettre fin aux exploitations illégales de carrières ».
Aïn Dara gagnera-t-elle son pari ?

 

Pour mémoire
La sentence est tombée : Nicolas Fattouche radié du barreau de Beyrouth

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commentaires (2)

EDRAB 3AL FATTOUCHE... ON NE MANGE PLUS QUE DU TABBOULE... ET UN PEU DE HOMMOS... VOILA !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 51, le 19 mai 2016

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Commentaires (2)

  • EDRAB 3AL FATTOUCHE... ON NE MANGE PLUS QUE DU TABBOULE... ET UN PEU DE HOMMOS... VOILA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 51, le 19 mai 2016

  • Lorsqu’ils "disparaîtront", tout ce qu’ils auront sur le crâne seront deux simples mottes de haschich ou d'herbe vertes ! Et aux talonnettes, deux bêtes gros cailloux ou pierres arrachés à de "propres" Saletés de carrières !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 49, le 19 mai 2016

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