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Liban - Dialogue

Le prix Hani Fahs, pour perpétuer la pensée modérée face à l’extrémisme

Hommages appuyés du père Daccache et d'Antoine Messarra à la mémoire de l'uléma disparu.

Samir Frangié, entouré, de gauche à droite, de Moustapha Fahs, Jawad el-Khoei, Antoine Messarra et Salim Daccache.

À l'heure où le Moyen-Orient fait face à une vague d'extrémisme et à la résurgence des idéologies fondées sur le rejet de l'autre, visant à remplacer la diversité et la richesse du monde arabe par l'ignorance et l'obscurantisme, apparaît l'importance de la pensée modérée et de l'héritage de l'uléma Hani Fahs, qui prônait l'ouverture, le pluralisme, le dialogue, l'acceptation de l'autre avec toutes ses différences.
Disparu en septembre 2014, cette figure incontournable du dialogue islamo-chrétien estimait que « la différence est non seulement admissible mais nécessaire à la créativité ». Hani Fahs exhortait ainsi à la distinction nette entre les pouvoirs temporel et spirituel, estimant que « la séparation de l'État et de la religion est une nécessité historique ». Un des chefs de file du courant démocratique au sein de la communauté chiite, Hani Fahs, refusait le concept du wilayet el-faqih, restant fidèle au courant libaniste défendu notamment par l'imam Mohammad Mehdi Chamseddine, qui défendait l'ancrage exclusif des chiites libanais au projet de l'État, sans aucune autre forme d'allégeance transnationale.

Ce riche et puissant héritage que Hani Fahs a laissé aux générations futures sur le plan de la pensée, la Fondation qui porte son nom entend le préserver et le perpétuer. Aussi a-t-elle organisé vendredi au campus des sciences humaines de l'Université Saint-Joseph (USJ), et en collaboration avec la Chaire Unesco pour l'étude comparée des religions, de la méditation et du dialogue de l'USJ, la Chaire Unesco de l'Université al-Koufa et Dar al-Ilm al-Imam al-Khoei, une rencontre pour lancer « le prix Hani Fahs pour le dialogue et le pluralisme ».
Ce prix vise à récompenser chaque année, en septembre, un travail de recherche, une thèse ou un ouvrage sur le dialogue, la pensée religieuse ou le pluralisme d'un étudiant en master ou en doctorat. Il sera également attribué, chaque année, à une personnalité physique ou morale qui se sera illustrée dans la défense du pluralisme et du dialogue interreligieux.
Plusieurs personnalités du monde politique, religieux et académique ont pris part à l'événement, parmi lesquels le député Ammar Houri (courant du Futur), l'ancien député Samir Frangié et l'ancien ministre Nazem el-Khoury.

 

(Lire aussi : Relire Hani Fahs)

 

Un humanisme universel
C'est un vibrant hommage que le professeur Antoine Messarra, membre du Conseil constitutionnel et titulaire de la Chaire Unesco pour l'étude comparée des religions, de la méditation et du dialogue de l'USJ, a rendu à la mémoire de Hani Fahs, « homme de dialogue, de vrai dialogue, sans louvoiement, avec discernement, lucidité et courage ».
Selon M. Messarra, le dignitaire chiite « donne un sens et une perspective à ce qu'on appelle aujourd'hui le dialogue intellectuel ». « Hani Fahs est un homme bien enraciné dans sa libanité, son arabité, son islam, son chiisme, ainsi qu'un porte-étendard d'un humanisme universel », a-t-il ajouté. « À l'ère où il faut bâtir et rebâtir, dans l'authenticité et l'universalité, aussi bien pour l'islam que pour les relations islamo-chrétiennes, au Liban et dans le monde arabe en général, la figure de Hani Fahs est une source d'inspiration, un modèle, un exemple, un mode d'emploi pour tous les jours », a-t-il noté.

(Pour mémoire : Avec le décès de Hani Fahs, la communauté chiite libanaise perd une de ses grandes figures)

 

Objectif ? L'État civil
De son côté, l'uléma Jawad al-Khoei, président de la Fondation Dâr al-Ilm al-Imam al-Khoei et représentant de la Chaire Unesco à l'Université d'al-Koufa (Irak), a indiqué que « cette rencontre est un hommage à un symbole de l'humanisme, un Arabe fier de son arabité et un musulman fier de son islam ».
« Il soulignait des points communs entre les peuples et œuvrait pour leur consolidation », a-t-il affirmé, saluant le passeur entre les cultures en l'uléma disparu. « Hani Fahs ne voulait pas d'un dialogue dont l'objectif serait de discuter les affaires religieuses, mais l'édification d'un État civil », a-t-il précisé.
« Nous avons besoin aujourd'hui de la sagesse de sayyed Fahs à l'heure où la région traverse des circonstances difficiles », a affirmé Jawad al-Khoei, avant d'ajouter : « Nous sommes les élèves de Hani Fahs, qui est toujours présent parmi nous en Irak », a-t-il conclu.

 

(Pour mémoire : Hani Fahs : Il semble que la mémoire impérialiste iranienne se soit réveillée)

 

Une académie en un seul homme
Prenant la parole, le journaliste Moustapha Fahs, fils du grand disparu et représentant la Fondation Hani Fahs, a résumé son père par ces mots : « Une académie en un seul homme. » Selon lui, « Hani Fahs a prouvé que la vraie richesse réside dans l'ouverture à l'autre ». « Il n'a jamais manqué d'appuyer la voie vers la vérité, compagnon de ceux qui s'extirpaient des méandres de l'obscurantisme tribal, sectaire et partial vers la nation ouverte et la foi dans le pluralisme. »
Le journaliste a souligné que « le prix Hani Fahs est un pas vers la transformation de l'héritage de l'uléma en un projet scientifique, avec l'espoir que les générations futures puissent protéger par ce patrimoine, au moment où leur avenir est hypothéqué par le terrorisme, le rejet de l'autre et la répression ».

« Préserver son héritage à tout prix »
Pour le recteur de l'USJ, le père Salim Daccache, dernier à prendre la parole, c'est Hani Fahs qui incarne le prix inestimable que le Liban et le monde arabe ont eu la chance de connaître. « Nous avons besoin de sa pensée pour libérer la religion du clientélisme, et l'État des corrompus », a souligné le père Daccache. « Nous avons également besoin de sa pensée pour protéger le pluralisme, à l'heure où les sociétés arabes sont plus que jamais menacées à ce niveau. Il faut conserver l'héritage de Hani Fahs », a-t-il encore dit.
À l'issue de la cérémonie, l'un des pères spirituels de la Fondation Hani Fahs, Samir Frangié, compagnon de route de l'uléma disparu, a remis au nom de la fondation des plaques commémoratives en hommage à l'uléma Khoei, au père Daccache et au professeur Messarra.

 

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commentaires (2)

DOMMAGE QUE DE TELS HOMMES SONT SI RARES DANS LEUR COMMUNAUTE !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 51, le 25 avril 2016

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Commentaires (2)

  • DOMMAGE QUE DE TELS HOMMES SONT SI RARES DANS LEUR COMMUNAUTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 51, le 25 avril 2016

  • Initiative magnifique en hommage à un chantre de la pluralité et du respect de l'autre dans ses differences, et en l'honneur du Liban qui continuera par de tels citoyens d'assumer sa vocation de pays-message.

    Mgr Saïd Saïd

    09 h 06, le 25 avril 2016

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