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Liban - L’éclairage

Conseil des ministres aujourd’hui : Tammam Salam se veut conciliant, mais reste intransigeant

Le Premier ministre libanais, Tammam Salam.

Les dirigeants politiques veulent tous éviter une confrontation avec le chef du Courant patriotique libre (CPL), le général Michel Aoun. Les pôles du 8 Mars et du 14 Mars sont tous soucieux de maintenir de bons rapports avec Rabieh, ce qui explique le coup de fil, hier, du chef du PSP, Walid Joumblatt, au général Aoun pour lui expliquer que les propos qui lui ont été attribués par un quotidien libanais et selon lesquels il aurait dit avoir été trahi par ce dernier ne sont pas corrects. Ce faisant, Walid Joumblatt a indirectement fait part de sa volonté de préserver les ponts entre Rabieh et Clemenceau.

Sauf que ce souci de ne pas heurter le leader du CPL ne signifie pas que les opposants à ses exigences comptent jeter du lest ou se plier à sa volonté. Loin de là ! Les tractations se poursuivent en vue d'un règlement accepté de tous et, surtout, conforme à la Constitution.
Entre-temps, le Conseil des ministres se tiendra comme prévu ce matin pour examiner l'ordre du jour de la semaine précédente. Selon des sources gouvernementales, le Premier ministre, Tammam Salam, ne se contentera pas à l'ouverture de la séance de souligner comme d'habitude la nécessité d'élire un président de la République, mais il envisage d'appeler « ceux qui sont soucieux de préserver les droits des chrétiens », c'est-à-dire le clan aouniste, à préserver en premier la présidence de la République et à s'empresser ainsi de se rendre au Parlement pour élire un nouveau chef de l'État afin que les institutions puissent fonctionner normalement. M. Salam compte également mettre l'accent sur une dynamisation des institutions en rappelant que son gouvernement a été appelé « gouvernement d'intérêt national » parce qu'il a pour mission de sauvegarder les intérêts du pays et de la population en attendant l'élection d'un président. Or, il se fait que les intérêts de l'État et des Libanais sont bloqués, ce qui ne peut plus durer, devrait rappeler Tammam Salam.

(Lire aussi : « Demain, vous allez voir de quoi sont capables les aounistes »)


De sources ministérielles, on fait part de la détermination du chef du gouvernement à « rester calme et positif », même s'il va insister pour que l'ordre du jour de la réunion soit examiné. Les ministres aounistes, rappelle-t-on, refusent de s'attaquer à l'ordre du jour de la séance avant que le dossier des nominations sécuritaires ne soit tranché. Tammam Salam veut donner encore une fois la possibilité aux ministres réfractaires d'exprimer leur point de vue mais restera attaché aux règles constitutionnelles et ne permettra pas aux ministres aounistes de remettre en question le mécanisme agréé pour le fonctionnement du Conseil des ministres en l'absence d'un président. En résumé, les sujets qui fâchent ne seront pas abordés, mais des dossiers qui concernent directement le quotidien des Libanais et le fonctionnement de l'État seront examinés. En d'autres termes, le dossier des nominations sécuritaires ne sera pas examiné. Celui de la fermeture de la décharge de Naamé, fixée au 17 juillet, non plus, quoique ce dossier soit d'une importance capitale étant donné ses éventuelles retombées si jamais le dépotoir est fermé sans que des solutions de rechange ne soient trouvées.

 

(Lire aussi : Aounistes, mais opposés au recours à la rue)



Le Conseil des ministres examinera principalement des questions en rapport avec les finances publiques, censées garantir le fonctionnement de l'État. Normalement, les ministres aounistes ne peuvent pas s'y opposer. Leurs alliés au sein du gouvernement, même s'ils soutiennent leurs revendications, ne les suivent pas dans leur opposition. À cet égard, il est utile de rappeler que les ministres du Hezbollah et d'Amal ne s'étaient pas opposés, jeudi dernier, à l'instar de leurs collègues aounistes, au déblocage des subventions à l'exportation de produits industriels et agricoles, même s'ils leur avaient donné raison sur toute la ligne.
En fait, un certain malaise prévaut au sein du camp du 8 Mars qui conteste le comportement et les projets aounistes, mais qui se voit obligé de soutenir son allié, du moins verbalement. C'est le cas du président de la Chambre, Nabih Berry, qui s'étonne devant ses visiteurs de ce que le chef du CPL « mine les institutions de l'État alors qu'il est lui-même issu de cet État, en multipliant les propositions allant dans le sens d'une partition, telles que le fédéralisme, et la décentralisation administrative et financière ». Dans le même ordre d'idées, des pôles du 8 Mars relèvent que le slogan de la réforme et du changement, qui est celui du CPL, ne se réalise pas par le recours à la force et sous couvert de vouloir récupérer les droits spoliés des chrétiens. Rebondissant sur cette idée, des ministres du Rassemblement consultatif (de l'ancien président Michel Sleiman) s'interrogent sur le point de savoir s'il est question de nommer un musulman en replacement du commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, pour que le CPL fasse des droits des chrétiens son cheval de bataille en menant campagne pour les nominations sécuritaires.

 

(Lire aussi : Chaar : Attention à la rue...)



Reste l'ouverture d'une session extraordinaire de la Chambre. Celle-ci pourrait être de nouveau évoquée aujourd'hui. Dans les milieux de Aïn el-Tiné, on s'attend à ce que le décret s'y rapportant soit signé par 16 ministres, soit la majorité, après le retour du ministre de la Culture Rony Araiji (Marada) de voyage. Des contacts sont entre-temps menés avec les ministres du Rassemblement consultatif pour les convaincre de la nécessité de cette session. Mais pour ces derniers, l'argument massue reste que si le Parlement est capable de se réunir pour examiner et voter des textes de lois jugés fondamentaux, il peut élire un président de la République car rien n'est plus urgent dans le contexte actuel, selon eux, que la présence d'un nouveau chef de l'État, susceptible de mettre fin au dysfonctionnement de l'État. Un autre argument est avancé par ce groupe : comment la Chambre, qui n'a pas pu se réunir et légiférer durant la session ordinaire du printemps, pourra-t-elle le faire durant une session extraordinaire avec tous les problèmes qui l'entourent ? Ce à quoi Nabih Berry répond en affirmant qu'il s'était montré complaisant avec les députés qui contestaient l'opportunité d'un vote suivant le principe de la nécessité législative et que si une session extraordinaire est ouverte aujourd'hui, il s'empressera de convoquer une réunion, advienne que pourra...

 

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commentaires (3)

"Tammam Salam conciliant, mais intransigeant." ! Ou, l'oxymore yâ Salâm chî tamâme !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

18 h 35, le 09 juillet 2015

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Commentaires (3)

  • "Tammam Salam conciliant, mais intransigeant." ! Ou, l'oxymore yâ Salâm chî tamâme !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    18 h 35, le 09 juillet 2015

  • SI 16 MINISTRES SIGNENT LE SERRURIER ACCEPTE D'OUVRIR LA PORTE POUR DU MENU... MAIS SI SEIZE SIGNENT POUR L'OUVERTURE POUR L'ÉLECTION D'UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUEMENT... ALORS IL FAUDRAIT AU SERRURIER L'UNANIMITÉ... OU : L'ABERRATION DANS TOUTE SON OPULENCE !!!!!!!!!!!!!!!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 32, le 09 juillet 2015

  • Son initiative est juste et aboutira.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 18, le 09 juillet 2015

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