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Liban - Droits de l’homme

Reconnaissance du mariage civil : projet de plainte contre le ministre de l’Intérieur

Les participants à la manifestation favorable au mariage civil, organisée hier à Beyrouth, ont appelé Nouhad Machnouk à officialiser les actes de mariage civil contractés depuis un an.

Devançant la marche, Khouloud et Nidal Darwiche. Photo Hassan Assal

Plus d'un millier de personnes se sont jointes hier à la manifestation qui s'est tenue devant le siège du ministère de l'Intérieur, dans la région de Sanayeh à Beyrouth, afin de réclamer au ministre Nouhad Machnouk d'officialiser et de délivrer les papiers sur les mariages civils contractés depuis un an au Liban, ainsi que les certificats de naissance des enfants nés d'un mariage civil.

Une procédure qui avait été pendant un certain temps suivie par le ministère, après que le premier couple à s'être uni par un contrat civil au Liban, au terme d'une procédure juridique innovante, eut enregistré en 2013 son mariage. À l'époque, le ministre de l'Intérieur Marwan Charbel avait signé le contrat des deux époux, suite à de nombreux avis juridiques favorables, le soutien inconditionnel du chef de l'État Michel Sleiman et du ministre démissionnaire de la Justice, Chakib Kortbaoui. Ce succès avait alors ouvert la voie à de nombreux contrats similaires. Toutefois, seulement treize mariages civils auront été dûment reconnus et enregistrés auprès de l'administration, le ministre Nouhad Machnouk ayant refusé de suivre la même procédure. Estimant que la loi n'était pas claire à ce sujet, M. Machnouk a jugé qu'il était nécessaire de se référer au Conseil des ministres, qui, malheureusement, se refuse à l'heure actuelle de traiter tout sujet de polémique.

 

(Lire aussi : Mariage civil au Liban: hymne en faveur de la liberté de choix)


Se dirigeant vers Sanayeh, siège du ministère, le cortège des manifestants a entamé hier sa marche à partir de l'Université américaine de Beyrouth. Des adultes mais aussi des enfants participaient à cette marche, ainsi que de nombreux représentants d'organisations de la société civile. Sur certaines banderoles, on pouvait lire « Égaux et libres », ou encore « Nos femmes ne sont pas esclaves des hommes. Nos enfants ne sont pas esclaves de leurs pères. Nous ne sommes pas esclaves des religions. » La question du mariage civil avait en effet suscité de nombreuses réactions défavorables virulentes de la part des chefs des communautés musulmanes et chrétiennes, en 2012, suite à l'union de Nidal Darwiche et Khouloud Sukkariyeh, tous deux présents à la manifestation.

« Nous avons appliqué la Constitution lorsque nous nous sommes mariés, a martelé Khouloud. Nous n'allons pas nous arrêter et nous allons porter plainte contre le ministre de l'Intérieur. Les blocages ne sont qu'une manœuvre politique et confessionnelle, et ils ne réussiront pas. » « Nous avons un article constitutionnel qui permet les mariages civils au Liban, a aussi expliqué la jeune femme à L'Orient-Le Jour. L'arrêté n°60/ LR de 1936 stipule dans son article 10 que les Libanais qui n'appartiennent à aucune communauté sont régis en matière de statut personnel par la loi civile. Le ministre Machnouk ne respecte pas la loi et c'est pourquoi nous porterons plainte contre lui. » « Plus de 45 couples ont aujourd'hui la vie administrativement paralysée. Et d'autres couples continuent de se marier », a également noté Khouloud, affirmant que la manifestation sera suivie par d'autres mesures qui « se doivent de rester secrètes ».

Pendant ce temps, un autre manifestant accusait le ministère de l'Intérieur de ne pas donner de justificatifs clairs à son refus de délivrer les actes de mariage civil, appelant à l'adoption d'une nouvelle loi de l'état civil qui puisse régir une relation civile entre les citoyens et l'État. « Le mariage civil ne contredit pas les religions et n'est pas un péché », affirmait une autre participante.


(Lire aussi : Salah Honein : Le refus d'enregistrer les mariages civils contractés au Liban est abusif)


L'absence d'état civil
De son côté, Insaf Azzam, elle aussi mariée civilement, a lu devant la foule un message ferme à l'encontre des responsables qui s'opposent au mariage civil : « Nous sommes présents aujourd'hui en tant que citoyens égaux, libres. Mais vous, qui êtes vous ? s'est-elle interrogée. Croyez-vous vraiment servir la loi en vous opposant à notre libre projet de vie ? C'est quoi ce mélange d'ignorance et d'arrogance ? Vous vous prélassez dans vos sièges au pouvoir. Croyez-vous donc un instant que les citoyens pensent que vous êtes des croyants ? Non. Nous, Libanais libres et égaux, témoignons de votre trahison. » Mettant en garde les responsables libanais, Mme Azzam a poursuivi : « Vous commettez une grave erreur. Nous, les époux civils, bâtissons l'État légitime et juste. Et nous allons bientôt obtenir nos certificats. »

 

(Lire aussi : Le projet de loi sur le mariage civil facultatif au Liban : une réforme de l'intérieur, sans rupture avec le système)


L'Union des handicapés du Liban était également présente au sit-in, parmi les manifestants arborant slogans et banderoles appelant M. Machnouk à ne pas boycotter leurs demandes. La présidente de l'union, Sylvana Lakkis, a assuré à L'Orient-Le Jour : « Nous croyons vraiment que les problèmes du Liban ont au départ pour cause l'absence d'un état civil. » « Nous sommes des citoyens et sommes toujours prêts à défendre toutes les causes relatives aux droits de l'homme, a-t-elle poursuivi. Personne n'a le droit de décider comment l'autre doit vivre et selon quelle formule ou quel contrat. Il est temps d'avoir une société juste et équitable, et que les personnes au pouvoir qui s'estiment responsables arrêtent de traiter avec légèreté les affaires citoyennes. Il est incroyable de constater comment les politiciens de tous bords s'unissent quand il s'agit de diminuer l'emprise communautaire sur les citoyens. »

Alors que le dossier du mariage civil refait surface, de nombreux politiciens devraient de nouveau s'exprimer sur le sujet. Hier, le député des Forces libanaises Georges Adwan a de ce fait rappelé, via Twitter, que « le mariage civil optionnel est un droit du citoyen et l'état civil est un modèle exemplaire pour combattre l'extrémisme ».

 

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commentaires (4)

Qu'en pensent, Râëéhhh et le boSSfééér ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 21, le 03 mars 2015

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Commentaires (4)

  • Qu'en pensent, Râëéhhh et le boSSfééér ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 21, le 03 mars 2015

  • UN MINISTRE, UN MARCHAND DE RELIGION VA IMPOSER UN MARIAGE RELIGIEUX FORCÉ. COMMENT ON DEVIENT UN MINISTRE DANS CE PAYS ? C'EST QU'IL FAUT ÊTRE UN MERCENAIRE IRANIEN VIA HASSAN NASRALLAH OU UN MERCENAIRE SAOUDIEN VIA LA FAMILLE HARIRI. À PART CETTE POSSIBILITÉ TU CRÈVES ET TU FERMES TA GUEULE. PAS DE MARIAGE CIVIL.

    Gebran Eid

    11 h 48, le 02 mars 2015

  • IMPOSEZ-LE... IMPOSEZ-VOUS... À L'ABRUTISSEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 59, le 02 mars 2015

  • Avec plus de dix huit confessions qui gouvernent le pays ,difficile de voir le mariage civil forger sa place surtout en ces moments critiques qur traverse le pays .

    Sabbagha Antoine

    09 h 16, le 02 mars 2015

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