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Liban - Liban

Mariage civil au Liban : la vie de plus de 40 couples administrativement paralysée

Plusieurs dizaines de citoyens entameront dimanche une marche qui les mènera jusqu'au ministère de l'Intérieur

« La liberté de choix est cette faculté qui nous différencie des dictatures et du terrorisme. »
C'est par ces termes que Talal Husseini, chercheur et instigateur par excellence du mouvement en faveur du mariage civil, dénonce les nouvelles obstructions mises face au processus du mariage civil.


M. Husseini, qui est à l'origine du mariage de Khouloud Succariyé et Nidal Darwiche en novembre 2012, premier mariage civil contracté au Liban, doit faire face aujourd'hui à de nouveaux défis. Alors qu'il avait cru sa bataille pratiquement gagnée avec 13 mariages civils sur 54 dûment reconnus et enregistrés auprès de l'administration, M. Husseini fait face, depuis plusieurs mois, à une nouvelle guerre qui lui paraît encore plus sournoise : le refus du ministère de l'Intérieur de délivrer les actes de mariage civil contractés depuis un an, ainsi que les certificats de naissance des enfants nés d'un mariage civil.


Ce sont donc plus de 40 couples dont la vie est aujourd'hui administrativement paralysée. Une attitude qui n'est aucunement justifiée du point de vue légal, encore moins règlementaire, explique le chercheur.
« Nous avons été surpris le jour où le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a annoncé sur un plateau de télévision que Chypre n'était pas très loin », signifiant à tous ceux qui veulent contracter un mariage civil qu'ils peuvent aller le faire ailleurs, lance M. Husseini.
S'ensuivit tout un débat enclenché par le ministre concerné qui a alors opté pour soumettre la question au Conseil des ministres, lequel décida de reporter la question à une date ultérieure.

 

(Lire aussi : Salah Honein : Le refus d'enregistrer les mariages civils contractés au Liban est abusif)


À ce propos, M. Husseini tient à rappeler que bien que le Conseil des ministres n'ait absolument rien à voir avec cette question du point de vue décisionnel, il n'en reste pas moins que 19 des 24 ministres se sont prononcés en faveur du mariage civil. « Y compris le ministre de l'Intérieur lui-même », assure M. Hussein, qui affirme ne pas comprendre la réticence de M. Machnouk à joindre l'acte à la parole.
Évoquant le principe de la « continuité de l'administration », le chercheur affirme que le Conseil des ministres aurait mieux fait de consacrer ce principe, bafoué depuis que M. Machnouk a décidé de suspendre la remise des documents relatifs au mariage civil.


M. Husseini se désole par ailleurs de voir plus de quarante couples souffrir de cette situation – certains devant notamment subir le stigmate social, puisqu'ils sont mariés sans l'être tout à fait aux yeux de leur entourage –, d'autres qui ont vu l'euphorie de leur mariage se transformer en cauchemar. « Il n'empêche que c'est une bataille qu'ils ne sont pas prêts de lâcher », dit-il.


La question du mariage civil contracté au Liban fait l'objet, depuis le début, d'un débat juridique qui a finalement été tranché par deux avis émis par le comité de législation et de consultation relevant du ministère de la Justice, et avalisé par la suite par l'ancien ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud.
Talal Husseini rappelle que l'avis du ministère de la Justice a été rejoint depuis par plusieurs juristes, notamment par les anciens bâtonniers de Beyrouth et de Tripoli, respectivement Ramzi Jreige et Rachid Derbas, deux ministres au sein de l'actuel gouvernement. « M. Jreige a d'ailleurs exprimé publiquement son avis juridique » favorable, atteste M. Husseini. D'ailleurs, le barreau de Beyrouth compte organiser prochainement une conférence de presse à ce propos pour rendre publiquement son avis et trancher une fois pour toutes ce débat, confie le chercheur.


C'est pour dénoncer ces pratiques d' « obstruction » que les membres de la Commission civile pour la liberté de choix se mobiliseront ce dimanche. Le ralliement, qui aura pour point de départ l'AUB, conduira plusieurs dizaines d'activistes et de citoyens vers le ministère de l'Intérieur pour « dénoncer cette atteinte flagrante à la liberté de choix », commente M. Husseini. « Il est temps de mettre fin à la pensée terroriste » qui, par définition, « annihile précisément la liberté de choix », dit l'écrivain, avant de conclure : « La liberté de choix est le principe qui caractérise le Liban par excellence mais aussi l'ensemble de la région. C'est une vraie bataille qui reste encore à mener. »

 

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commentaires (2)

MONSIEUR HUSSEINI BUTE CONTRE L'ABRUTISSEMENT AIGU QU'ATTISENT LES BARBUS !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 53, le 27 février 2015

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Commentaires (2)

  • MONSIEUR HUSSEINI BUTE CONTRE L'ABRUTISSEMENT AIGU QU'ATTISENT LES BARBUS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 53, le 27 février 2015

  • Incompréhensible ce blocage du ministre de l'Intérieur, contre l'avis juridique du comité compétent du ministère de la Justice et l'application entamée de cet avis par le gouvernement antérieur.

    Halim Abou Chacra

    11 h 51, le 27 février 2015

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