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Liban - La situation

Entre Hollande et Hariri, un dossier délicat : les armes françaises financées par l’Arabie

Les obsèques de deux combattants du Hezbollah, hier, à Baalbeck. Parmi les miliciens tombés, un haut responsable militaire.

L'actualité politique devrait reprendre ses droits, aujourd'hui, aux côtés des développements purement militaires et de la contestation intérieure, avec l'audience que le président François Hollande doit accorder aujourd'hui à Saad Hariri.
La rencontre revêt un intérêt certain, puisque, pour le Liban, parler à la France, c'est parler à l'Europe. Son intérêt est d'autant plus grand qu'elle survient à la suite de « concertations » triangulaires, en fin de semaine, à Paris, entre M. Hariri, Amine Gemayel et Walid Joumblatt, et un entretien Hariri-Geagea au téléphone.
Une très grande discrétion a entouré ces concertations. De source informée à Paris, on assure que les développements sur le terrain en week-end vont dans le sens de ce que M. Hariri allait souligner de toute façon : l'urgence et la gravité de la situation au Liban, le risque que les affrontements ne restent pas confinés aux frontières et la nécessité d'une coordination internationale pour maintenir la stabilité du Liban et le garder à l'écart d'une implication plus directe dans la crise régionale.


Il n'est pas difficile d'anticiper, du reste, la réponse officielle de Paris à ce SOS, et l'importance que revêt, aux yeux de la France, l'élection d'un nouveau président de la République, clé de voûte de la reconstitution des institutions, à l'heure où, malheureusement, une Chambre vermoulue s'apprête à reconduire le mandat de ses membres.
De même source, on affirme que « le président Hollande ne va certes pas jouer au conseiller, mais il va quand même prendre acte de la situation catastrophique où se trouve le Liban ». Sera-t-il question, entre M. Hariri et le président français, du marché d'armes au Liban financé par l'Arabie saoudite ? Selon la source citée, il ne peut en être autrement, d'autant plus que les développements militaires plaident pour l'urgence de l'aide en matériel et en équipements à l'armée.


Le dossier est certes délicat. On sait que ni les Saoudiens n'ont encore avancé les fonds nécessaires ni les Français ne semblent avoir en stock les équipements réclamés. Les Saoudiens attendent-ils, pour débloquer les fonds, de savoir à quel Liban ils livrent leurs armes ? Ce serait logique. En tout état de cause, pour le Liban, il n'est pas question de recevoir au compte-gouttes quelques camions par-ci, quelques chars par-là. C'est à un nouvel équilibre militaire qu'aspire l'institution militaire, pour pouvoir faire face à des incidents comme celui du week-end, qui a coûté la vie à au moins huit combattants du Hezbollah, des pertes substantielles pour une seule bataille, avec des convois funèbres qui en démultiplient les effets.


L'entretien avec François Hollande comprendra aussi nécessairement un volet régional, avec les tentatives rivales et parallèles des groupes jihadistes d'élargir le territoire qu'ils contrôlent, par une action sur les fronts périphériques en Irak, en Syrie et au Liban, et de l'Iran d'étendre son influence sur le monde arabe et sur le Liban, notamment en proposant de l'armement au gouvernement. Une façon comme une autre d'aligner le pays sur l'axe syro-iranien, parallèlement à un appel répété à la coordination entre les deux armées syrienne et libanaise. Une tentative du régime Assad de se renflouer sur le plan arabe et d'entraîner le Liban dans la grande confrontation sunnito-chiite qui déchire le monde arabe.

 

(Pour mémoire : Accord franco-saoudien d'aide au Liban : Riyad aurait posé de nouvelles "conditions")

 

Le front est
Sur le plan militaire, l'actualité des derniers jours a été marquée par l'offensive repoussée des jihadistes dans le jurd de Brital. Dans certains milieux au Liban, on se demande si l'attaque contre le Hezbollah ne reflète pas un changement de tactique des groupes jihadistes. Selon ces milieux, ces derniers, ayant constaté l'impopularité de leurs attaques contre l'armée, auraient choisi de cibler le Hezbollah, une initiative certainement plus payante pour eux, sur le plan politique comme au niveau de l'opinion étroitement confessionnelle où l'hégémonie du Hezbollah sur la vie politique a malheureusement entraîné le Liban.
Toujours est-il que cette soudaine initiative militaire n'a pas manqué d'inquiéter le parti chiite et l'armée, qui se demande si cette attaque restera orpheline ou si elle se répétera, dans le but évident de tracer un nouveau chemin vers l'intérieur libanais, en prévision de l'hiver et de la période d'enneigement.
Parallèlement, on s'inquiète dans certains milieux libanais d'une possible offensive des jihadistes dans la région de Rachaya, où une attaque contre le Hezbollah ferait l'affaire... d'Israël, raison pour laquelle l'armée de l'État hébreu aurait fermé l'œil sur la poussée jihadiste sur le Golan et l'avancée vers la région charnière séparant la Syrie, le Liban et Israël.

 

(Lire ausi : Nouvelle tentative de percée des jihadistes dans l'est du Liban)

 

La guérilla des axes routiers
Continuera aussi à être prédominant, en ce début de semaine, le dossier des militaires et agents de sécurité otages des groupes jihadistes. Le moins qu'on puisse dire, c'est que, manipulés par les ravisseurs, qui ont autorisé certains otages à contacter leurs familles, et couverts en abondance par les médias audiovisuels – dont les effets, à ce niveau, sont destructeurs –, les familles ne rendent pas facile la tâche aux négociateurs libanais – Tammam Salam, Abbas Ibrahim, Nouhad Machnouk (Intérieur) et Samir Moqbel (Défense) – en charge du dossier. Or une absolue discrétion est indispensable pour que ces négociations réussissent. C'est l'une des raisons pour lesquelles aucun délégué des familles d'otages n'est autorisé à en prendre connaissance, comme ces familles le souhaitent et le demandent.


Dans la guérilla des axes routiers livrée à l'État, les familles ont bon jeu, puisque leur douleur est d'une absolue sincérité et qu'ils savent que personne ne les forcera à dégager la chaussée. Mais l'impact économique de ce blocus routier commence à peser sur certaines régions, à commencer par la zone agricole de Saïda, qui s'en est plainte hier. Pour sa part, le chef de l'Église maronite a condamné la fermeture prolongée d'axes routiers principaux, et réclamé que ces perturbations du trafic restent symboliques, pour ne pas nuire à la cause même qu'elles servent, qui, après tout, dépasse par son ampleur celle des otages, pour devenir celle du Liban tout entier, de sa résistance et de sa capacité de survivre au cataclysme régional.

 

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L'actualité politique devrait reprendre ses droits, aujourd'hui, aux côtés des développements purement militaires et de la contestation intérieure, avec l'audience que le président François Hollande doit accorder aujourd'hui à Saad Hariri.La rencontre revêt un intérêt certain, puisque, pour le Liban, parler à la France, c'est parler à l'Europe. Son intérêt est d'autant plus grand...
commentaires (4)

RÊVENT QUI PENSENT QUE DES ARMES SOPHISTIQUÉES SERAIENT LIVRÉES À L'ARMÉE... ON CHERCHE DANS LES STOCKS DE 1940 POUR VOIR LE DISPONIBLE ENCORE !!!

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 48, le 08 octobre 2014

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Commentaires (4)

  • RÊVENT QUI PENSENT QUE DES ARMES SOPHISTIQUÉES SERAIENT LIVRÉES À L'ARMÉE... ON CHERCHE DANS LES STOCKS DE 1940 POUR VOIR LE DISPONIBLE ENCORE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 48, le 08 octobre 2014

  • Ils doivent bien se marrer tous les 2 pour le coup qu'ils ont fait a l'armee , autour d'un bon rouge Bordeaux.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 36, le 07 octobre 2014

  • Toute rencontre qui revêt un intérêt partisan et pour une seule confession ne pourra jamais porter ses fruis pour le pays .

    Sabbagha Antoine

    13 h 02, le 07 octobre 2014

  • LA RENCONTRE REVÊT UN INTÉRÊT CERTAIN, MAIS POUR QUI ? POUR LE LIBAN ? CERTAINEMENT PAS. PARLER À LA FRANCE AUJOURD'HUI C'EST PARLER À ISRAEL. J'AI BEAUCOUP AIMÉ CETTE PHRASE " CONCERTATION TRIANGULAIRE EN UNE TRÈS GRANDE DISCRÉTION D'APRÈS UNE SOURCE INFORMÉE À PARIS ENTRE NOS TROIS CRACKS, HARIRI GEMAYEL ET JOUMBLATT", VU L'URGENCE ET LA GRAVITÉ DE LA SITUATION AU LIBAN QUI NÉCESSITE D'UNE COORDINATION INTERNATIONALE ENTRE NOS TROIS RIGOLOS POUR MAINTENIR LA STABILITÉ DU LIBAN. ET BLA BLI ET BLA BLA...C'EST CELÀ OUI.

    Gebran Eid

    10 h 23, le 07 octobre 2014

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