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Liban - L’éclairage

En avant vers... la prorogation de la législature

Le chef du PSP, Walid Joumblatt, souligne que la prorogation du mandat de la Chambre des députés est devenue un fait accompli absolument incontournable, surtout en l'absence d'un président de la République. Cependant, soucieux de coordonner avec le président de la Chambre, Nabih Berry, M. Joumblatt cherche ces jours-ci à persuader ce dernier de modifier sa position à cet égard, dans la mesure où il partage avec lui la crainte de voir le vide s'installer à la tête de l'État.
Pour le leader druze, il est clair, en effet, qu'on ne saurait tenir des élections législatives sans président de la République. Une fois les élections terminées, il faudrait des consultations pour nommer un Premier ministre et former un gouvernement. Qui donc peut mener ces consultations à la place du chef de l'État ? Personne.
Des sources parlementaires du 8 Mars affirment que la prorogation est en marche, ayant été mise sur les rails le jour où le 14 Mars a accepté la reprise des réunions de la Chambre sous le couvert de « l'état de nécessité législative ».
Mais cette acceptation demeure fortement contestée dans certains milieux chrétiens, et notamment par les Kataëb et les milieux du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, pour qui l'élection d'un président de la République constitue l'unique nécessité première, le Parlement n'étant censé être à ce stade qu'un collège électoral et non une instance législative.


De son côté, M. Berry continue lui-même d'afficher son opposition à la prorogation de la législature, mais on pense que cette position est essentiellement motivée par la volonté de désarmer les critiques qui lui avaient été adressées à ce sujet lors de la première prorogation, il y a un an et demi, dont la paternité lui avait été attribuée.
Les sources proches de M. Berry affirment que les députés de son bloc s'apprêtent à voter contre la prorogation. Mais cette position resterait dans le cadre parlementaire et n'irait pas au-delà. En d'autres termes, M. Berry ne présenterait pas, le cas échéant, de recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel et il se rallierait à l'avis de la majorité parlementaire.
Dans les milieux joumblattistes, on précise que le Hezbollah a pour sa part fait savoir au chef du PSP, lors de la récente visite que lui a rendue une délégation de ce parti, qu'il était d'accord pour la prorogation. Le chef du bloc parlementaire du parti chiite, Mohammad Raad, avait d'ailleurs souligné à l'issue de cette visite que sa formation comprenait parfaitement le point de vue du chef du PSP au sujet des élections législatives et de la présidentielle.


Il reste que parmi les partisans de la prorogation, un désaccord persiste sur la durée de celle-ci. Certains, comme le PSP et le courant du Futur, souhaitent une prorogation pour une durée de deux ans et de sept mois, de façon à ce que l'addition des deux durées prorogées depuis juin 2013 donne une législature complète (quatre ans), alors que d'autres, tels que le Hezbollah, sont partants pour une prorogation à caractère « technique » qui éloignerait la perspective du scrutin législatif jusqu'au printemps prochain.
Pour le moment, on en est encore au sein du courant du Futur à tenter de persuader les alliés chrétiens de la nécessité de se joindre au train de la prorogation par crainte du vide institutionnel. Mais un député des Forces libanaises brandit une opposition de principe à la prorogation en faisant valoir que c'est en fait en élisant un président de la République qu'on empêche le vide de s'installer. Pour ce député, comment justifier que l'on déploie de grands efforts en vue de la prorogation de la législature à l'heure où rien n'est fait pour sortir de la crise présidentielle ?


Pour ce qui est du général Michel Aoun, ses milieux affirment qu'il est toujours hostile à la prorogation, mais qu'il ne l'entraverait pas le cas échéant.
Le courant du Futur va poursuivre ses tentatives pour convaincre ses alliés en arguant du fait que la non-prorogation du mandat de la Chambre, en l'absence d'un président de la République, risquerait de conduire à une remise en cause de Taëf et à l'option de la Constituante voulue par le Hezbollah et tant redoutée par le 14 Mars.
En tout état de cause, l'activation du projet de prorogation de la législature va immanquablement contribuer à poser à nouveau la question du règlement de la crise présidentielle dans un sens favorisant le compromis, c'est-à-dire en vue d'élire un président qui ne soit pas membre de l'un ou l'autre camp en présence et dont la tâche serait uniquement de gérer la crise et de ne pas s'attaquer aux grands dossiers litigieux jusqu'à un règlement global dans la région.


Sur ce plan, des sources diplomatiques affirment que le Hezbollah est finalement entré dans une phase d'acceptation d'un président, à condition qu'il existe un accord sur ses qualifications.
Le parti chiite voudrait fondamentalement éviter toute expérience similaire à celle du mandat Sleiman et souhaiterait un chef de l'État qui rompe avec la politique de distanciation et la déclaration de Baabda. À cette condition, il serait disposé à jouer de son influence auprès du général Aoun pour l'amener à renoncer à sa candidature.

 

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commentaires (3)

QUELLE HONTE ! QUELLE INSULTE ET QUEL MÉPRIS AU PEUPLE LIBANAIS !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 22, le 08 octobre 2014

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Commentaires (3)

  • QUELLE HONTE ! QUELLE INSULTE ET QUEL MÉPRIS AU PEUPLE LIBANAIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 22, le 08 octobre 2014

  • La prorogation de la législature une giffle pour le Liban libre qui élira un président de la république assez faible .

    Sabbagha Antoine

    13 h 14, le 07 octobre 2014

  • ON CONTINUE À LAISSER LE CHAMPS LIBRE À JOUMBLATT QUI A ASSASSINÉ PAR SA TRAHISON LE PAYS EN NOUS AMENANT LE HEZBOLLAH AU POUVOIR.

    Gebran Eid

    10 h 32, le 07 octobre 2014

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