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Liban - Liban

Salam et Bassil tentent de mettre le Liban sur la carte des préoccupations internationales

Le PM Salam en compagnie du chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov. Photo Dalati et Nohra

Cette année, plus que jamais, l'Assemblée générale des Nations unies est l'occasion de dessiner les contours des nouveaux rapports de force mondiaux. Dans les couloirs du bâtiment de l'Onu, il est clair que les Américains veulent se présenter en leaders du monde. Ils sont partout et leur chef, Barack Obama, se comporte en président du monde, en lançant les trois thèmes importants de l'année : la lutte contre le réchauffement climatique, la guerre contre l'EI et le combat contre le virus Ebola. Face à eux, cette année, les Russes font un profil bas. Le président russe a boudé la session de l'Assemblée générale des Nations unies et son ministre des AE Serguei Lavrov malgré sa prestance s'occupe plus de l'Ukraine que des autres dossiers. La Chine, l'Inde, le Brésil, la France, la Grande-Bretagne, tous sont largement présents, mais aucun de ces pays ne se pose comme les États-Unis en leader du monde... Reste l'Iran dont le président Hassan Rohani est très sollicité surtout après sa spectaculaire rencontre avec le Premier ministre britannique David Cameron. L'Iran qui continue à vouloir obtenir un traitement à part, celui de partenaire à part entière dans les dossiers régionaux.

 

Dans tous ces tiraillements, le Liban tente de se frayer un chemin pour assurer un minimum de stabilité interne. La délégation présidée par le Premier ministre Tammam Salam et ayant pour membre le ministre des AE Gebran Bassil veut profiter de cette occasion pour multiplier les appuis internationaux au Liban, sur les plans militaire, économique et politique. Bien que très différents, Tammam Salam et Gebran Bassil se complètent, chacun ayant sa méthode et son style pour défendre la cause du Liban. Ils se partagent donc le travail. Certaines rencontres sont communes comme le rendez-vous avec le ministre russe des AE, d'autres sont effectuées par l'un ou l'autre, mais il est certain que le Premier ministre compte énormément sur le dynamisme de son ministre des AE. Ce dynamisme a d'ailleurs attiré l'attention de Serguei Lavrov, qui au cours de la rencontre a tenté de faire la promotion de compagnies russes pour la prospection du pétrole au Liban. Le Premier ministre Tammam Salam a alors précisé que Bassil connaît bien ce dossier ayant été ministre de l'Énergie et Lavrov réplique : « Énergique, il l'est toujours. » Cela pour la petite histoire, mais pour la grande, les Russes ont réitéré leur appui au Liban, comprenant la situation particulière dans laquelle il se trouve, au moment où l'EI est devenu une menace concrète à l'intérieur du pays alors que le poids des réfugiés syriens se fait sentir à tous les niveaux. Lavrov a même promis aux Libanais de réactiver la proposition d'équipements militaires faite par le passé au Liban et il a assuré les responsables libanais du soutien infaillible de son pays, notamment dans la préservation du tissu social interne.


Auparavant, dans la matinée, le ministre Bassil avait eu des entretiens avec l'émissaire de l'Onu chargé du dossier syrien Staffan de Mistura et avec le représentant du secrétaire général de l'Onu chargé de l'application de la résolution 1559, Terjé Roed-Larsen. Avec de Mistura, l'entretien a forcément porté sur la situation en Syrie et sur les possibilités de solution. Avec son immense courtoisie, de Mistura a déclaré à L'Orient-Le Jour avoir écouté les idées libanaises, sachant que ce pays est particulièrement concerné par ce qui se passe en Syrie, d'abord à cause de la frontière, mais aussi du fait de la présence d'un grand nombre de Syriens au Liban. Or, l'idée défendue par le ministre Bassil est la suivante : le Liban ne peut pas attendre la fin de la guerre contre l'EI que le président américain déclare devoir durer des années. Sa situation est devenue très précaire et fragile, et il faut agir au plus vite pour empêcher le Liban d'être entraîné dans la tourmente syrienne. La seule voie possible est l'appui clair et concret à l'armée libanaise, ainsi que le renforcement de l'unité interne qui passe par l'affaiblissement des influences externes contradictoires. Le Liban s'est désormais engagé dans la lutte contre l'EI en contribuant activement à l'élaboration de la résolution adoptée la veille par le Conseil de sécurité sur l'interdiction de l'afflux de combattants étrangers en Syrie. Certains commencent déjà à dire qu'il y a un piège dans cette résolution et que bientôt les combattants du Hezbollah pourraient être considérés comme des combattants étrangers en Syrie, mais les milieux diplomatiques à New York estiment que ce n'est absolument pas dans cet esprit que cette résolution a été prise. Elle concerne essentiellement les combattants étrangers européens, américains et autres qui viennent rallier l'EI, lequel compte chaque jour 85 nouveaux membres, selon Obama lui-même.


L'émissaire de l'Onu chargé du dossier syrien a aussi évoqué avec le ministre Bassil les possibilités de solution en Syrie, sondant les opinions sur un éventuel partage du pouvoir en Syrie, sur une base confessionnelle, selon le modèle libanais ou irakien... Quant à Roed-Larsen, il a aussi évoqué la situation régionale et la menace takfiriste, mais, selon les deux parties, l'application de la résolution 1559 n'a pas été évoquée. Est-ce parce qu'elle est devenue obsolète? Roed-Larsen a réfuté énergiquement cette question de L'Orient-Le Jour, assurant que le rapport semestriel sur la résolution 1559 sera publié le 7 octobre. « À ce moment-là, on parlera », a-t-il affirmé.


Les Libanais multiplient donc les rencontres et creusent toutes les pistes pour tenter d'obtenir un maximum d'appui au Liban. Croisé entre deux rendez-vous dans l'un des salons de l'Onu, le ministre bahreïni des Affaires étrangères insiste devant le ministre Bassil sur son attachement au Liban et sur la nécessité de préserver ce pays « si cher aux Arabes »... Même son de cloche chez le secrétaire général de la Ligue arabe et la liste des rendez-vous est encore longue.
Aujourd'hui, il y aura ainsi la rencontre du Groupe de soutien au Liban, mais aussi le discours du Premier ministre Tammam Salam devant l'Assemblée générale, et des entretiens bilatéraux avec le président iranien entre autres.

 

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