
Une Iranienne prie pour le président Ebrahim Raïssi et le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian sur la place Valiasr, dans le centre de Téhéran, le 19 mai 2024. Photo AFP/ATTA KENARE
Le président du Conseil européen Charles Michel et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell ont exprimé les « condoléances » de l'UE après la mort du président iranien Ebrahim Raïssi, ce qui a suscité des réactions indignées sur les réseaux sociaux.
« L'UE exprime ses sincères condoléances pour la mort du président Raïssi et du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, ainsi que d'autres membres de leur délégation et de l'équipage dans un accident d'hélicoptère. Nos pensées vont aux familles », a indiqué lundi matin Charles Michel sur le réseau social X.
Un peu plus tard, Josep Borrell a publié un communiqué, dans lequel « l'Union européenne présente ses condoléances » après cet « accident d'hélicoptère tragique ». Ces messages ont suscité des réactions scandalisées sur les réseaux sociaux, de la part d'élus, de responsables politiques ou d'anonymes.
« Pouvez-vous regarder dans les yeux les courageuses femmes et combattants de la liberté d'Iran ? (...) Honte à vous », a notamment réagi sur X l'eurodéputé suédois David Lega (PPE, droite). « Pas en mon nom », a aussi indiqué le responsable néerlandais d'extrême droite Geert Wilders. L'ancien secrétaire d'Etat belge Theo Francken (N-VA, nationalistes flamands) a dénoncé « des condoléances européennes pour la mort d'un boucher et d'un cruel meurtrier de masse ».
« Diplomatie veut dire dialogue, y compris avec les régimes avec lesquels nous avons de profondes divergences », a justifié la porte-parole de Charles Michel, Ecaterina Casinge, soulignant que « maintenir le dialogue avec l'Iran est essentiel pour éviter une escalade régionale ». Elle a ajouté qu'un message de condoléances dans ces circonstances était une « pratique courante » et que « de nombreux Etats, de l'UE notamment, ainsi que le secrétaire général des Nations unies et l'Otan » avaient fait de même.
Dimanche, l'UE avait activé son système de cartographie pour aider l'Iran à retrouver l'hélicoptère, en réponse à une demande de ce pays. Cette annonce par le commissaire européen à l'Aide humanitaire, Janez Lenarcic, qui a utilisé le mot-clé « Solidarité de l'UE », avait déjà provoqué de vives critiques.
« Quel hashtag misérable, quelle moquerie à l'égard des courageux défenseurs des droits humains en Iran », a notamment réagi Marie-Agnes Strack-Zimmermann, députée allemande du parti libéral FDP, et candidate aux élections européennes.
Janez Lenarcic a fait valoir que l'activation « sur demande » du système satellitaire Copernicus « pour faciliter une opération de recherche et de sauvetage n'est pas un acte de soutien politique à un régime ». « Il s'agit simplement d'une expression de l'humanité la plus élémentaire, a-t-il affirmé.
L'Iran est visé par des sanctions de l'UE en raison de ses activités nucléaires, de son soutien militaire à la guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine, et des violations des droits humains dans ce pays. Elles ont été renforcées après la répression des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la République islamique.
Un diplomate suédois travaillant pour l'UE, Johan Floderus, est actuellement détenu en Iran où il risque la peine de mort sous l'accusation d'espionnage.
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