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À La Une - Diplomatie

L'Ukraine et l'UE ratifient un accord "historique" d'association

Kiev a adopté des lois garantissant une plus grande autonomie des régions prorusses de l'Est.

Le président ukrainien Petro Porochenko, lors d'une vidéoconférence entre le Parlement Européen à Strasbourg, et le Parlement ukrainien à Kiev, le 16 septembre 2014 à l'occasion de la signature d'un accord "historique" d'association. REUTERS/Vincent Kessler

L'Ukraine et l'Union européenne ont ratifié mardi un accord "historique" d'association, concrétisant l'éloignement du giron de la Russie de cette ancienne république soviétique en proie à une rébellion séparatiste prorusse.

Parallèlement, Kiev a adopté des lois garantissant une plus grande autonomie des régions prorusses de l'Est, l'organisation dans les districts séparatistes d'élections le 7 décembre et une amnistie sous conditions pour les rebelles et les militaires qui s'affrontent depuis cinq mois dans un conflit qui a fait plus de 2 700 morts.

S'exprimant devant les députés, le président ukrainien Petro Porochenko, arrivé en mai au pouvoir, a jugé que cette ratification à l'unanimité marquait un "premier pas" vers l'adhésion à l'UE de l'Ukraine. "Le vote d'aujourd'hui est un choix de civilisation de l'Ukraine. L'Ukraine, c'est l'Europe", a proclamé le Premier ministre Arseni Iatseniouk. Cet accord reste néanmoins symbolique à ce stade: après une réunion tripartite incluant la Russie, l'Union européenne a en effet annoncé vendredi que l'accord de libre-échange avec l'Ukraine, partie intégrante de l'accord d'association, était repoussé à fin 2015 pour permettre de nouvelles discussions avec Moscou, opposé au projet.

 

(Lire aussi : Le processus de paix menacé en Ukraine)

 

Ce report a déchaîné les passions en Ukraine, certaines critiques allant jusqu'à évoquer une trahison du président Petro Porochenko. Pour de nombreuses personnalités en Ukraine, cette concession au Kremlin rappelle les événements de fin 2014, quand, aussi sous la pression de Moscou, le président de l'époque Viktor Ianoukovitch avait refusé à la dernière minute de signer ce même accord d'association, déclenchant les manifestations qui ont fini par le balayer du pouvoir.

 

Fédéralisme ?
Les parlements ukrainien et européen ont ratifié en même temps l'accord. Si à Kiev, tous les députés présents (355) ont voté pour, à Strasbourg, le texte a été approuvé par 535 voix, 127 s'exprimant contre et 35 s'abstenant. Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a qualifié le vote d'"historique".

 

Plus tôt dans la journée, les députés ukrainiens avaient adopté deux projets de loi cruciaux dans le cadre du processus de paix avec les rebelles prorusses. La loi sur un "statut spécial" des régions de Donetsk et Lougansk, rejeté par les rebelles qui réclament leur indépendance, et sur l'organisation d'élections locales figurent dans le protocole de cessez-le-feu du 5 septembre signé à Minsk. Le texte a été adopté par 277 députés.

Kiev prévoit la mise en place d'un gouvernement autonome provisoire de trois ans à partir de l'adoption du texte et des élections le 7 décembre au niveau "des districts, des conseils municipaux, des conseils de villages" dans les régions de Donetsk et Lougansk. Ces annonces interviennent à quelques jours d'une nouvelle rencontre des signataires de l'accord dans la capitale bélarusse pour faire avancer le processus de paix. Selon la présidence ukrainienne, ces propositions ouvrent la voie à une décentralisation tout en garantissant "la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance" de cette ancienne république soviétique, faisant écho aux accusations de Kiev d'une volonté russe de créer dans l'est un Etat croupion.

 

(Lire aussi : Lavrov accuse Washington de chercher à "isoler" la Russie)

 

Les députés ont par ailleurs adopté une loi d'amnistie pour les "participants aux événements de Donetsk et Lougansk". Cette désignation floue englobe a priori les rebelles comme les soldats ukrainiens. Un "vice-Premier ministre" de la république autoproclamée de Donetsk, Andreï Pourguine, a accueilli fraichement les annonces de Kiev. La région industrielle du Donbass dont les rebelles prorusses ont fait leur fief n'"a plus rien à voir avec l'Ukraine", a déclaré à l'AFP M. Pourguine. "Le Donbass est administré de manière complètement autonome, ce territoire n'a plus rien à voir avec l'Ukraine", a-t-il dit.

 

Cessez-le-feu fictif

Alors que Petro Porochenko se félicitait la semaine dernière d'une nette désescalade sur le terrain, les tirs d'artillerie se poursuivent depuis plusieurs jours à Donetsk, y compris dans la nuit de lundi à mardi, selon l'AFP. La municipalité de cette ville a annoncé mardi que cinq personnes ont été tuées en 24 heures dans la région de Donetsk. Il était impossible dans l'immédiat de déterminer l'origine des tirs ayant causé la mort des civils. Un porte-parole militaire a pour sa part déploré la mort de trois soldats au cours de la même période. Les bombardements à Donetsk, qui a connu d'intenses combats depuis le début du conflit en avril, avaient tué dimanche six personnes parmi la population, le plus lourd bilan depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.

 

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