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À La Une - coopération

Moscou et Téhéran, alliés économiques face aux sanctions occidentales

Malgré une "méfiance" mutuelle et des relations "historiquement compliquées", les deux pays ont des intérêts convergents.

Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh. Reuters

L'Iran et la Russie sont engagés dans un grand projet de coopération économique qui doit permettre aux deux pays visés par des sanctions occidentales d'établir un nouveau partenariat stratégique face à l'Ouest.

Moscou et Téhéran ont paraphé mardi une série de protocoles d'accord afin de multiplier par dix d'ici deux ans le volume de leurs échanges, actuellement de 1,5 milliard de dollars.
"Il n'y a aucune restriction pour développer les relations commerciales" entre les deux pays, a affirmé le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, en recevant mardi une importante délégation russe.

La valeur des différents projets en chantier atteint 70 milliards d'euros, a affirmé le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak, assurant que la Russie souhaitait "ouvrir un nouveau chapitre dans la coopération économique" avec l'Iran.

Mais les deux pays tentent surtout de trouver de nouveaux marchés pour contourner les sanctions occidentales qui visent Téhéran pour son programme nucléaire controversé, et Moscou pour son soutien à la rébellion en Ukraine.

Selon un diplomate occidental en poste à Téhéran, malgré une "méfiance" mutuelle et des relations "historiquement compliquées", Moscou et Téhéran ont des intérêts convergents.
Pour les Russes, il faut "diversifier les partenaires" à mesure que les relations avec l'UE et les Etats-Unis se tendent, dit le diplomate. La Russie a en effet suspendu ses importations de produits alimentaires européens et américains en réaction à l'embargo de l'UE et de Washington.
"Avant les sanctions, nous importions certains produits de l'Union européenne et nous pouvons maintenant les importer d'Iran", a confirmé à Téhéran Alexandre Novak.

Pour l'Iran, les débouchés vers la Russie constituent "une police d'assurance dans un scénario pessimiste sur le résultat des négociations nucléaires", ajoute le diplomate, en référence aux pourparlers avec le groupe "5+1" (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie).
Téhéran, écarté des marchés occidentaux par un embargo bancaire et pétrolier, a également multiplié les projets avec ses voisins (Turquie, Irak, Oman), la Chine ou l'Inde.

Plan B
L'accord nucléaire global, en discussion avec le groupe 5+1, doit garantir la nature exclusivement pacifique du programme iranien en échange de la levée des sanctions internationales.
"C'est le Plan B de l'Iran si les négociations échouent", renchérit Ramin Rabii, directeur de Turquoise Partners, un fonds d'investissements actif à la Bourse de Téhéran.

 

(Lire aussi : Pour l'Iran, les nouvelles sanctions américaines renforcent la méfiance)


Les projets les plus importants concernent le secteur de l'énergie, avec la construction par la Russie de dix centrales électriques et sa participation dans un futur réseau électrique reliant les deux pays. La presse russe estime à 5 milliards de dollars la valeur de ces projets, considérés par l'Iran comme un symbole de sa "diplomatie énergétique".

Moscou doit également construire quatre nouvelles centrales nucléaires, alors que l'Iran souhaite avoir à terme 20 installations de 1 000 mégawatts.
L'Iran, assis sur d'immenses réserves de gaz et de pétrole, veut diversifier ses sources d'énergie pour sortir de sa dépendance à l'or noir. Mais le pays manque d'investissements en raison des sanctions occidentales.

Moscou et Téhéran veulent également devenir des "partenaires stratégiques" dans le secteur pétrochimique qui n'est pas concerné par les sanctions, selon un dirigeant de l'Association des industriels du secteur, Ahmad Mahdavi. Les accords portent aussi sur des investissements russes dans le réseau ferré iranien ainsi que la vente d'avions Tupolev TU-204 et de pièces détachées.

L'Iran s'est par ailleurs dit prêt à acheter 10 millions de tonnes de blé, dont il est l'un des plus gros consommateurs. En échange, Téhéran va fournir des produits alimentaires comme les produits laitiers ou les fruits et légumes. Téhéran, qui exporte surtout du poulet, de la viande et des œufs, souhaite tripler le volume de ses produits alimentaires, actuellement de 600 millions de dollars, et inclure les produits issus de l'aquaculture comme les crevettes.

Les deux parties ont en revanche démenti toute idée de troc "pétrole contre nourriture". Selon la presse russe, les négociations portaient sur l'achat par la Russie d'environ 70 000 barils de pétrole par jour à un tarif préférentiel en échange de produits agricoles.

 

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