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À La Une - Analyse

Les tentatives de Kerry au Proche-Orient pénalisées par les précédents échecs américains

La presse israélienne qualifie le secrétaire d'Etat américain d'"amateur".

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry n'a réussi qu'à imposer une seule trêve de douze heures depuis le début de l'offensive israélienne sur Gaza. Win McNamee/Getty Images/AFP

Malgré une influence en déclin et la vaine tentative du secrétaire d'Etat américain John Kerry à engager un processus de paix à Gaza, les Etats-Unis restent la seule puissance en mesure de décrocher un cessez-le-feu.

A peine rentré aux Etats-Unis d'un déplacement d'une semaine au Proche-Orient, John Kerry a été vivement critiqué lundi par une presse israélienne lui reprochant d'avoir utilisé Le Caire comme camp de base et raillant ses efforts diplomatiques intenses qui n'ont abouti qu'à une seule trêve de douze heures.

Le secrétaire d'Etat américain s'est défendu en arguant que sa tentative avait échoué du fait de "malentendus" qui ont barré la route à un cessez-de-feu d'une semaine pour laisser le temps à des discussions approfondies. En contrepartie, il est parvenu à obtenir une trêve humanitaire de 24 heures destinée à acheminer médicaments et ravitaillements à Gaza.

 

(Lire aussi: Rapt et meurtre de trois étudiants israéliens : le directoire du Hamas ne serait pas impliqué)


Mardi, John Kerry a assuré avoir parlé une nouvelle fois avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lequel lui aurait demandé d'aider Israël à tenter de sceller un cessez-le-feu.
Mais pour l'heure, ni Israël ni le Hamas ne sont prêts à lâcher du lest, selon des analystes.

En 21 jours de conflits le bilan des pertes humaines côté palestinien s'établit à plus de 1.100 personnes, dont trois quarts de civils et à 56 victimes côté israélien, dont 53 soldats.

"Je pense que ça va continuer comme ça encore quelque temps. A moins d'un changement fondamental, aucun des deux camps n'a le souhait ni la capacité d'abandonner", a fait valoir Aaron David Miller, ex-diplomate américain impliqué par le passé dans des efforts de paix au Proche-Orient.

Les Etats-Unis ont fait fi des commentaires de la presse israélienne qualifiant John Kerry d'"amateur qui pense qu'il peut résoudre les problèmes du monde par sa seule présence".

Le conseiller adjoint d'Obama à la sécurité nationale Tony Blinken est même monté au créneau pour le soutenir: "Laissez-moi vous dire ceci au sujet de M. Kerry: Israël n'a pas de meilleur ami, pas de plus grand défenseur. Personne n'a fait davantage que lui pour aider Israël à parvenir à une paix sûre et durable".


Sabotage ?
Washington a également laissé entendre qu'une campagne de dénigrement avait été lancée sciemment contre son secrétaire d'Etat à coup de fuites dans la presse israélienne.

Mais la politique américaine au Proche-Orient a perdu de sa prestance ces dernières années, affectée par le sentiment que Washington s'éloignait des processus de paix d'envergure. Et elle a aussi pâti de l'impression d'hésitation de l'administration sur la Syrie.

"La dernière fois que nous avons eu une politique efficace dans cette région, où nous étions admirés, craints et respectés c'était du temps de Bush père et (de son secrétaire d'Etat) James Baker, et c'était il y a très longtemps", a souligné M. Miller, désormais vice-président du groupe de réflexion Wilson Center.
Pour autant il estime que rien de significatif ne pourra se faire sans Washington et de donner l'exemple de la destruction des stocks d'armes chimiques syriennes.

Hussein Ibish, spécialiste du centre de réflexion American Task Force on Palestine, considère également que les Etats-Unis occupent une "position unique" pour réunir toutes les parties autour d'une même table même s'il faut pour cela oeuvrer avec le Qatar et la Turquie comme intermédiaires pour rallier le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis.

 

(Reportage : A Gaza, la prière musulmane sous le regard de Jésus)


"Peut-être que l'influence des Etats-Unis dans la région s'est quelque peu réduite récemment par rapport aux trente dernières années ou depuis la fin de la Guerre froide parce que leurs alliés ont l'impression d'un changement de politique... mais je pense que c'est un jugement plutôt prématuré", a poursuivi M. Ibish.


Pas de coopération
Certains observateurs ont fait remarquer que ni Israël, ni les Palestiniens n'avaient accueilli favorablement les efforts de paix de John Kerry, après l'échec retentissant de sa tentative à décrocher un accord global fin avril.
Les gens "ont été polis et l'ont rencontré, mais ils n'attendaient pas son aide", a commenté Michele Dunne, du Carnegie Endowment for International Peace. Ses "précédents efforts de paix n'étaient pas particulièrement bienvenus, et il n'a pas obtenu de coopération".

Selon Hussein Ibish, l'échec de John Kerry a pu lui porter préjudice car "les gens se sont habitués au fait qu'il peut essayer quelque chose et ne pas réussir et également que vous pouvez dire +non+ à M. Kerry et à travers lui au président (Barack) Obama".



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