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Liban - Conseil des ministres

Sleiman met en garde contre une approbation impulsive de la grille des salaires

L'échelle des salaires dans le secteur public et une étude « effrayante » relative aux réfugiés syriens s'invitent aux débats ministériels à Baabda hier.

Le ministre Boutros Harb a fait état, hier, de pertes de plusieurs millions de dollars par an, à cause de l’anarchie qui prévaut, selon lui, aux douanes.

Réuni hier à Baabda, sous la présidence du président Michel Sleiman, le Conseil des ministres a désigné M. Chadi Karam pour représenter le Liban aux négociations en cours pour la mise en place d'un fonds ad hoc des pays donateurs. La création de ce fonds avait été décidée lors de la réunion du Groupe international de soutien au Liban, en septembre dernier à New York, afin de permettre au pays de faire face à l'impact du conflit en Syrie. M. Karam doit remettre ensuite son rapport au ministre des Finances qui le soumettra à son tour au Conseil des ministres pour que les décisions adéquates soient prises.


Le gouvernement a pris deux autres décisions, se rapportant l'une à l'accroissement de la contribution du Liban à l'Institut arabe de garantie de l'exploitation et l'autre à l'organisation du secrétariat du Conseil supérieur de la magistrature. Telles sont les principales résolutions adoptées hier, selon les explications du ministre de l'Information, Ramzi Jreige, à la presse.


Mais une bonne partie de la réunion a porté sur des sujets d'actualité, plus particulièrement le débat au Parlement, autour de la nouvelle grille des salaires dans le secteur public.
Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a exposé à ses collègues la teneur des discussions en cours à ce sujet, place de l'Étoile. Une occasion, pour le chef de l'État, de mettre en garde subtilement contre des décisions irréfléchies, que ce soit au niveau de l'adoption de la nouvelle échelle sans prévoir de nouvelles recettes du Trésor ou de l'approbation impulsive d'un nouveau train de taxes.

Prenant la parole à l'ouverture de la séance, il a ainsi relevé d'emblée que le dossier est « très délicat » et qu'« il est du devoir du Parlement de trouver l'équilibre nécessaire entre les dépenses et les recettes ». « Il est vrai qu'il existe un groupe de personnes qui ont des revendications déterminées, mais d'un autre côté, il ne faut pas ignorer les Libanais qui ne font pas partie du cadre de l'État, qui ne bénéficieront donc pas d'une majoration des salaires et qui paient leurs taxes et leurs impôts. Ceux-là n'ont rien à voir avec la grille des salaires du public et il serait injuste de leur faire assumer le poids de nouvelles taxes censées la financer », a-t-il dit.

Le ministre du Travail, Boutros Harb, devait rebondir plus tard sur le sujet en mettant en relief les pertes accusées par le Trésor « du fait de l'anarchie qui prévaut dans les douanes ». Il a fait état de centaines de millions de dollars de pertes par an et appelé à plancher sérieusement sur ce dossier.

 

(Lire aussi: Grève des fonctionnaires sur fond d'atermoiements officiels)


Après avoir évoqué les échéances attendues, notamment la présidentielle, et mis l'accent sur les délais prévus par la Constitution, M. Sleiman s'est par ailleurs arrêté sur le plan de sécurité appliqué à Tripoli, critiquant ceux qui accusent l'armée de parti-pris « au moment où celle-ci ne fait que mettre en application une décision politique de l'État libanais ». Il a insisté sur le fait que les forces régulières ne sont partiales en faveur d'aucune partie politique ou communautaire et que si des erreurs sont commises, ce sont les parties responsables qui devraient être sanctionnées.

 

(Lire aussi: Timide combat d'arrière-garde du salafiste Chahhal à Tripoli)


Le chef de l'État a ensuite relevé que les nominations décidées la semaine dernière en Conseil des ministres ont été accueillies favorablement par les fonctionnaires et les contribuables, « d'autant qu'elles s'étaient déroulées conformément au mécanisme prévu pour cela ». Il a invité les ministres qui n'ont toujours pas établi les listes de candidats à des postes vacants de l'administration à s'y attaquer pour les soumettre au Conseil des ministres.

Réfugiés syriens : des données « effrayantes »
Le ministre du Travail, Sejaan Azzi, devait ensuite exposer au Conseil des ministres une étude conjointe de l'Organisation internationale du travail (OIT) et du Fonds monétaire international (FMI) sur les conséquences de l'exode massif de Syriens vers le Liban sur l'économie du pays. Il a qualifié les chiffres contenus dans le texte d'« effrayants ».

 

(Pour mémoire: Le nombre de réfugiés syriens enregistrés au Liban auprès du HCR dépasse le million)

 

À titre d'exemple, suivant cette étude, 47 % des Syriens réfugiés au Liban représentent une force active alors que 43 % des Libanais sont au chômage, selon le ministre qui a ensuite relevé que l'année 2014 sera « la pire » pour ce qui est de l'exode massif de Syriens, comparée aux années précédentes. Toujours selon cette même étude, il a expliqué que le Liban a besoin de 4,4 milliards de dollars en vue d'un retour à la situation économique qui prévalait avant le début du mouvement d'exode dont l'effet sur le PNB est de 51 millions de dollars.
M. Azzi a affirmé avoir demandé au président de lancer de nouvelles campagnes internationales, à l'instar de celles de New York et de Paris pour obtenir des aides financières qui permettraient au Liban de gérer le dossier des réfugiés et pour établir des camps de réfugiés dans les zones sécurisées en Syrie.

Jeudi prochain, la commission ministérielle créée pour suivre le dossier des populations syriennes déplacées tiendra sa première réunion, après la formation du cabinet Salam.
Quant au Conseil des ministres, il pourrait tenir une nouvelle réunion vendredi, au terme de la séance parlementaire, sinon la semaine prochaine, selon les explications de M. Jreige à la presse.

 

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