Élie Saab, Reem Acra et Rani Zakhem... Autant de stylistes libanais dont les créations ont été portées, cette année encore, par les plus grandes stars de Hollywood lors de la 86e cérémonie des oscars le 2 mars.
Mais sur le tapis rouge, la création d'une autre Libanaise, une Franco-Libanaise en fait, a fait sensation lors de cette cérémonie, une robe rouge portée par Olga Kurylenko, la Bond Girl de Quantum of Solace. La créatrice de cette robe, Alice Elia, n'a que 20 ans. Et sa robe, en plus d'être ravissante, est écolo.
Fille de deux médecins et titulaire d'un bac scientifique avec mention très bien, Alice Elia « a toujours été fascinée par la mode ». Celle qui, depuis toute petite, dessinait des croquis de mode s'inscrit donc à Esmod Bordeaux, avant de passer à Esmod Paris. « Je voulais vraiment tenter cette aventure », explique la jeune femme à L'Orient-Le Jour.
C'est à Esmod Paris qu'Alice décide de participer au concours « Red Carpet Green Dress ».
Ce concours, lancé il y a cinq ans par Suzy Amis Cameron, l'épouse de James Cameron (metteur en scène et producteur d'Avatar), met au défi les stylistes de créer une robe à partir de matières organiques, durables ou recyclées, dans un esprit de respect de l'environnement et de ses ressources.
Le concours permet en outre de récolter des fonds pour la MUSE School à Los Angeles, une école qui sensibilise les jeunes à la protection de l'environnement, et de mettre en valeur l'importance d'une mode « durable ». La robe gagnante est portée aux oscars par une star.
Lorsqu Alice décide de participer au concours par le biais de son école, elle ne s'est jamais réellement penchée sur l'aspect écologique d'un vêtement. « L'idée de faire du luxe avec des moyens qui sont bons pour la planète était un défi intéressant, confie la jeune créatrice. En plus, il s'agissait d'une chance unique de pouvoir créer une robe pour les oscars. Un rêve de petite fille ! »
« Quand on parle de vêtements écolo, les gens pensent à un vêtement un peu hippie, démodé, de qualité moyenne », poursuit-elle. Le principal défi dans la réalisation de cette robe, explique l'étudiante, était dès lors de « montrer que l'on peut faire du luxe avec des tissus bio, que cela n'enlève rien à la qualité d'un vêtement. »
Pour sa robe, Alice Elia opte pour une soie bio blanche. Le tissu est teint en rouge à la main avec des produits naturels : de la garance, une plante dont les racines sont prisées des teinturiers pour leur capacité à teindre les textiles en rouge vif, et du bois de sappan, un bois rouge.
Le choix des matières, des techniques de travail des tissus et le design de la création d'Alice ont remporté les suffrages du jury du « Red Carpet Green Dress ».
Cette robe allait donc être portée lors des oscars par Olga Kurylenko, qui se rend à deux reprises à Paris pour essayer la robe d'Alice.
« Quand j'ai su que c'était Olga Kurylenko qui allait porter ma robe, j'étais tellement contente ! Le fait que j'aime cette actrice a rendu la chose encore plus magique ! » dit la jeune styliste avant d'ajouter : « Je voulais vraiment qu'elle aime la robe. J'ai envie que les femmes se sentent belles lorsqu'elles portent mes créations. J'ai envie de les emmener dans mon univers tout en respectant le leur. »
La robe est finalisée à Los Angeles, « une expérience incroyable ! ». Et quand Alice découvre, à la télévision, Olga Kurylenko portant sa robe sur le tapis rouge, elle a les larmes aux yeux. « Jusqu'à ce moment, je n'avais pas vraiment réalisé ce qui se passait, c'est lors de la cérémonie des oscars que j'ai vu que c'était bien réel. »
Si Alice vit et étudie en France, c'est à Beyrouth, dans l'atelier haute couture d'Élie Saab, qu'elle a effectué, en 2012, son premier stage. « C'était vraiment magique, c'était mon tout premier stage, confie-t-elle. Voir le processus de créations des robes d'Élie Saab, les tissus magnifiques, le travail de broderies était une expérience vraiment fabuleuse. Je pense que ça m'a donné envie d'y arriver, de créer de belles choses et de sublimer les femmes. » Depuis, Alice n'est plus venue au Liban, et le pays « lui manque », reconnaît-elle, ajoutant espérer que la situation « va finir par s'arranger ».
Aujourd'hui, la jeune étudiante rêve de faire un stage puis de devenir styliste dans une grande maison de luxe et, un jour, de créer sa propre marque. « Si j'ai un jour ma propre maison de couture, je pense que j'introduirai certaines matières écologiques dans mes collections et j'essaierai d'utiliser les procédés les moins polluants possibles. Tout le monde, dans son domaine, peut faire quelque chose pour la planète. »
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