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Liban - La bonne nouvelle du lundi

Lancement d’une campagne au Liban contre le mariage précoce

Coupures d'électricité, crise économique, malaise social, clivages politiques accrus, attentats... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

Une manifestation, au Yémen, contre le mariage des petites filles. Au Liban, une campagne contre le mariage précoce va être lancée le 4 mars 2014. Mohammad Huwais/AFP

Hala, 53 ans, originaire de Damas, fait le ménage dans des maisons d'une banlieue de Beyrouth pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses quatre enfants. Ses employeurs ont tenté d'obtenir la main de sa fille de 16 ans en mariage, a-t-elle confié, en novembre dernier, à Human Rights Watch. « Ils disaient : "Nous allons te donner plus d'argent en échange d'un acte sexuel ou si tu nous donnes ta fille". »


En 2010, l'Unicef indiquait que près d'un tiers des femmes âgées de 20 à 24 ans dans les pays en développement ont été mariées alors qu'elles étaient enfants. Si c'est le Niger qui se place en tête des pays où ont lieu les mariages précoces (75 % des femmes âgées de 20 à 24 ans y ont été mariées avant 18 ans), les pays du Moyen-Orient sont aussi concernés par ce problème.


Au Liban, l'on noterait en outre une recrudescence de cette pratique avec la crise syrienne. « Dernièrement, les cas de mariage précoce augmentent au Liban en raison de la crise syrienne et de la crise économique qui a frappé le pays, relève ainsi la Commission nationale de la femme libanaise (CNFL). Depuis la crise syrienne, les médias ont rapporté des cas de mariage précoce chez les réfugiées avec des Libanais, des Syriens ou des Arabes. »
Ces dernières années, plusieurs cas d'enlèvements de Libanaises âgées de moins de 18 ans et mariées de force ont en outre défrayé la chronique au Liban.

 

(Lire aussi : Ces ados syriennes mariées de force pour échapper à la vie de réfugié)


Un problème auquel la CNFL a décidé de s'attaquer en lançant, le 4 mars, une campagne nationale pour la protection des mineurs du mariage précoce, en collaboration avec la Lebanese American University (LAU) et Kafa. Le lancement de la campagne se fait dans le cadre de la journée mondiale de la femme, le 8 mars.
« Lors du lancement de la campagne, une étude juridique préparée par plusieurs juges libanais sera présentée. À partir de cette étude, un plan sur plusieurs années sera mis en place », explique Chantal Bou Akl, coordinatrice de projet à la CNFL, une organisation formée en 1998 et aujourd'hui présidée par la Première dame, Wafa' Sleiman. Plusieurs ONG travailleront avec la CNFL sur ce projet, qui sera financé par la présidence du Conseil des ministres.


La CNFL a pour objectifs, entre autres, l'égalité entre les hommes et les femmes dans la législation civile, la garantie des droits de la femme au Liban, le renforcement des capacités des femmes et l'augmentation de la participation des femmes au pouvoir dans différents domaines.


Au Liban, l'âge requis pour la conclusion du mariage est de dix-huit ans pour le jeune homme et de dix-sept ans pour la jeune fille, des autorisations pouvant toutefois être données à partir de douze et neuf ans, respectivement, selon les communautés.
« Il n'y a pas d'âge minimum pour le mariage s'appliquant à tous les jeunes Libanais, car les lois sur le statut personnel définissent l'âge minimum, peut-on lire dans un rapport de l'Unicef sur le Liban. Dans le 3e rapport périodique libanais de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (en anglais Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination Against Women, CEDAW), sont listés les âges pour le mariage des garçons et des filles appartenant à 10 groupes religieux différents. Tous ces groupes permettent le mariage des filles de moins de 18 ans. Au sein des communautés chiite et sunnite, le mariage de filles de 9 ans peut être autorisé, même s'il n'est plus habituel que des filles si jeunes soient mariées. Au sein de la communauté juive, les filles peuvent se marier à partir de 12,5 ans, chez les syriens-orthodoxes et les arméniens-orthodoxes, à partir de 14 ans. Pour les garçons, la plupart des religions s'accordent sur un âge minimum de 18 ans, mais un mariage plus jeune peut être autorisé au sein de la plupart des groupes », peut-on lire dans un rapport de l'Unicef sur le Liban.

 

(Pour mémoire : Nada, 11 ans : « Plutôt mourir que d'être mariée de force »)


La tradition mais aussi des raisons économiques (crise, pauvreté, manque d'accès à l'éducation ou à l'emploi) sont les moteurs des mariages précoces. Pour certaines familles, une fille est un fardeau économique, pour d'autres, le mariage est une protection pour leur enfant contre la violence sexuelle.


Le mariage précoce a de multiples conséquences graves et préjudiciables pour les enfants comme le décrochage scolaire, le risque d'agression sexuelle, la violence domestique et les grossesses précoces. De plus, les adolescentes sont plus vulnérables aux infections sexuellement transmissibles. Autre risque : quand des jeunes filles refusent de se marier, elles peuvent devenir victimes de « crimes d'honneur ».


Le Liban a ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant et la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes qui stipule que « les fiançailles et les mariages d'enfants n'auront pas d'effets juridiques et toutes les mesures nécessaires, y compris des dispositions législatives, seront prises afin de fixer un âge minimal pour le mariage et de rendre obligatoire l'inscription du mariage sur un registre officiel ».

 

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Hala, 53 ans, originaire de Damas, fait le ménage dans des maisons d'une banlieue de Beyrouth pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses quatre enfants. Ses employeurs ont tenté d'obtenir la main de sa fille de 16 ans en mariage, a-t-elle confié, en novembre dernier, à Human Rights Watch. « Ils disaient : "Nous allons te donner plus d'argent en échange d'un acte sexuel ou si tu nous...

commentaires (1)

Pédophilie en réalité, camouflée par le Masque de "traditions, d'honneurs et de coutumes".... hypocrites et dégueulasses !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

02 h 15, le 03 mars 2014

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Commentaires (1)

  • Pédophilie en réalité, camouflée par le Masque de "traditions, d'honneurs et de coutumes".... hypocrites et dégueulasses !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 15, le 03 mars 2014

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