Le Liban sera aujourd'hui au cœur de l'événement à Paris, où doit se dérouler la réunion du Groupe d'appui international. Cette réunion, rappelons-le, doit amorcer la livraison par la France des équipements à l'armée libanaise, financés en grande partie par l'Arabie saoudite.
Deux bémols sont toutefois mis sur cette réunion par le 8 Mars.
D'une part, la place du président de la République est attaquée de plein front – à travers la campagne médiatique du 8 Mars – dont la virulence contraste avec un quasi-mutisme politique observé par cette coalition depuis la position exprimée par Michel Sleiman contre le triptyque de la résistance. Toutefois, les observateurs tendent à amoindrir la portée de cette campagne sur la présence du président à Paris et parient sur des efforts d'apaisement intérieur. Un apaisement auquel pourraient et devraient – pour reprendre l'appel du ministre Ramzi Jreige hier – contribuer les évêques maronites réunis aujourd'hui en perçant le mutisme notoire de Bkerké concernant la campagne menée contre Baabda.
Notons que cette campagne contre Michel Sleiman se poursuit avec acharnement sur Twitter, où des hashtags d'insultes émergent depuis hier (# m**** à votre excellence).
D'autre part, sont mis en doute la nature et le dessein des équipements que s'apprête à recevoir l'armée. Alors que des informations circulent sur une soi-disant condition, exigée par Israël, de ne pas donner à l'armée les moyens d'ébranler le statu quo aux frontières sud, des sources diplomatiques françaises précisent qu'aucune réserve exprimée par une tierce partie sur la nature des équipements ne sera prise en compte et soulignent que les équipements ont pour but d'optimiser les moyens de surveillance de l'armée aux frontières, sans plus.
À ces deux nuances relatives à la conférence, s'ajoute un élément d'une autre nature : la crise ukrainienne fera très probablement l'objet de concertations diplomatiques entre les chefs des diplomaties américaine et russe, qui seront présents aujourd'hui à la réunion. Ces échanges risquent de faire de l'ombre à la réunion pour le Liban, même si de nombreux observateurs s'entendent à relever le lien entre le bras de fer russo-américain à Kiev et les tensions ayant émergé subitement au sein de la commission ad hoc chargée d'élaborer la déclaration ministérielle.
Après une réunion qui a failli être annulée lundi, la commission doit se réunir à nouveau vendredi pour trouver une formule qui allie « la résistance », entendue par le Hezbollah comme sienne, et la condition, à laquelle le 14 Mars tient fermement, de placer cette résistance « sous l'autorité de l'État ». Mais la question imminente serait moins celle des tournures verbales que celle de savoir si les crispations, nées ou du moins aggravées par la confrontation entre Baabda et le Hezbollah, sont près de s'atténuer.
Les sources ministérielles interrogées sur ce point par L'Orient-Le Jour se montrent optimistes, faisant état de médiations en cours. Le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk juge « impossible » d'aboutir en politique à un point de non-retour.
De son côté, le ministre de l'Information Ramzi Jreige écarte le scénario d'un vide présidentiel, qu'augurerait un échec de la rédaction de la déclaration ministérielle. Il explique que le délai constitutionnel de trente jours imparti au gouvernement, à partir de la date de sa formation, pour rédiger ce document, « n'est qu'un délai d'incitation », dont l'expiration n'aurait pas pour conséquence une démission du gouvernement. « Les cas de démission sont énumérés limitativement dans la Constitution et n'incluent pas ce cas de figure. De plus, le gouvernement ne fait qu'expédier les affaires courantes à l'heure actuelle », explique l'ancien bâtonnier.
Mais une source proche de Baabda déclare à L'OLJ que la campagne contre le chef de l'État « a pour but de conduire au vide que souhaite le Hezbollah, en torpillant la déclaration ministérielle ». Catégorique, cette source affirme qu'aucune entente ne sera obtenue pour mettre en marche le gouvernement.
Si le chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun, a mis en garde hier contre « le retard qui risque de se porter sur la présidentielle », il a encore une fois valorisé, non sans lancer une pointe au chef de l'État, la résistance que légitimeraient exclusivement « l'occupation et la Charte des droits de l'homme ». L'on croit savoir, de source informée, que sa visite en Arabie saoudite a seulement été reportée.
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L'IMPARDONNABLE PÉCHÉ DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE AUX YEUX DE CERTAINS : COLLECTER DES FONDS POUR RENFORCER L'ARMÉE NATIONALE !
LA LIBRE EXPRESSION
08 h 50, le 05 mars 2014