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Moyen Orient et Monde - Tensions

L’entrée à grands pas dans la guerre froide

Vladimir Poutine sort de son silence pour évoquer des groupes « d'autodéfense » en Crimée et dénoncer un « coup d'État » à Kiev.

En visite à Kiev, John Kerry a pris son ton le plus ferme pour critiquer Vladimir Poutine. Sergei Supinsky/AFP

Alors que les forces russes semblent avoir pris de fait le contrôle de la plus grande partie de la Crimée, république autonome russophone du sud de l'Ukraine, les États-Unis ont accusé hier Moscou de chercher un « prétexte » pour « envahir » l'Ukraine, nouvelle étape dans la confrontation entre les deux puissances.


S'exprimant pour la première fois à Kiev depuis l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle équipe marquée par son attachement à l'Europe, le secrétaire d'État américain John Kerry a pris son ton le plus ferme pour critiquer le président Vladimir Poutine. « Si la Russie ne choisit pas de mettre fin à l'escalade, nos alliés n'auront pas d'autre choix que de se joindre à nous pour continuer à aller au-delà des mesures que nous avons prises ces derniers jours pour isoler la Russie sur le plan politique, diplomatique et économique », a averti le chef de la diplomatie américaine lors d'une conférence de presse. Dénonçant un « acte d'agression » de la Russie contre l'Ukraine, le responsable américain a toutefois assuré ne pas chercher la « confrontation » avec Moscou. M. Kerry a manqué de s'étrangler lorsqu'un journaliste lui a demandé de réagir au démenti du président russe Vladimir Poutine, qui a évoqué des groupes « d'autodéfense ». « Il a vraiment nié la présence de troupes en Crimée ? » a-t-il demandé.

 

(Commentaire : La terre de Crimée de la Russie ?)

 

Une possibilité...
Un peu plus tôt, le président russe était en effet sorti de son silence pour nier toute implication russe en Ukraine et dénoncer un « coup d'État » contre le « seul président légitime », Viktor Ianoukovitch.
Alors que les Ukrainiens et les Occidentaux craignaient une opération militaire de grande envergure en Ukraine, Vladimir Poutine a estimé que l'envoi de troupes russes n'était « pas nécessaire pour le moment ». En fait, le maître du Kremlin n'a pas entièrement écarté l'envoi de troupes en Ukraine. « Cette possibilité existe », a-t-il dit, en précisant que la Russie se réservait le droit de recourir à « tous les moyens » pour protéger ses citoyens dans cette ancienne République soviétique, notamment en Crimée qui compte 60 % d'habitants d'origine russe.

 

(Reportage : « Je voudrais participer à la lutte ; c'est mon devoir, il faut défendre l'Ukraine »)

 

Vladimir Poutine, avare de déclarations depuis la destitution le 22 février du président Ianoukovitch, s'est aussi expliqué sur les événements des derniers jours. « Il ne peut y avoir qu'une seule appréciation sur ce qui s'est passé à Kiev et en Ukraine : il s'agit d'un coup d'État anticonstitutionnel, d'une prise de pouvoir par les armes », a martelé M. Poutine. Il a enfin accusé les Occidentaux d'avoir eu recours à des « entraîneurs » pour former les « unités de combat », en référence aux contestataires ukrainiens.


Depuis Washington, le président Barack Obama a carrément mis en doute la bonne foi du président russe affirmant que ses déclarations « ne trompent personne » et a prévenu que Moscou, en intervenant en Ukraine, s'exposait à un affaiblissement de son influence dans la région.

 

Les contre-menaces de Lavrov
Les États-Unis avaient déjà accentué leur pression lundi sur la Russie en rompant toute coopération militaire avec Moscou et en menaçant de nouvelles sanctions. Un responsable américain voyageant avec le secrétaire d'État a prévenu que des sanctions américaines contre la Russie interviendront « probablement dans la semaine ».


Londres a affirmé hier pour sa part que toutes les options restaient ouvertes pour répondre à l'intervention russe en Ukraine après la publication d'un extrait d'un document officiel laissant entendre que la diplomatie britannique ne soutiendrait pas « des sanctions commerciales ». Le Royaume-Uni ne fera cependant pas d'annonce avant la réunion demain (jeudi) des responsables européens.


Ioulia Timochenko, l'ex-Premier ministre ukrainien, a de son côté réclamé hier que soient imposées des « sanctions économiques à Moscou, surtout si l'escalade de la violence se poursuit ». Mme Timochenko, encore très affaiblie par ses trois années passées en prison, a par ailleurs réitéré ses demandes d'aide dans le conflit qui oppose, autour de la Crimée, l'Ukraine et la Russie. « Je demande à l'Occident d'intervenir fermement d'un point de vue diplomatique afin d'aider l'Ukraine, car mon pays face à la Russie est trop faible. »

 

(Repère : L'armée ukrainienne, combien de divisions ?)


En visite à Tunis, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé que les menaces de sanctions ne changeront pas la position russe sur l'Ukraine. Bien au contraire, Moscou semble brandir à son tour des menaces de sanctions tout aussi importantes : elle va utiliser l'arme économique contre Kiev, ayant décidé de mettre fin au rabais sur le gaz vendu à l'Ukraine accordé en décembre dernier. Mais sur ce plan-là, John Kerry n'est pas venu les mains vides : il a apporté dans ses bagages une importante assistance économique à Kiev, les États-Unis offrant d'accorder notamment un milliard de dollars dans le cadre d'un prêt international négocié actuellement avec le Fonds monétaire international. L'Union européenne pour sa part s'engage à aider Kiev, au bord de la faillite, à régler sa dette de deux milliards de dollars pour ses achats de gaz russe.

 

Tirs de semonce
Pendant ce temps, environ 16 000 soldats, dont au moins 5 000 arrivés ces derniers jours, occupaient hier la péninsule de Crimée. Les forces russes cernaient la plupart des sites stratégiques et le face-à-face avec l'armée ukrainienne se poursuivait. Exemple de la guerre des nerfs engagés en Crimée, pour la première fois, les forces russes qui encerclent la base aérienne ukrainienne de Belbek, en Crimée, ont tiré des coups de semonce sur les 300 militaires ukrainiens qui tentaient de s'approcher. Ils ont également menacé de tirer dans les jambes des soldats si ces derniers continuaient d'avancer, selon des témoignages recueillis.
Par ailleurs, selon des médias turcs, deux bâtiments de guerre russes, le navire de débarquement Saratov et le navire d'assaut Yamal qui se trouvaient en Méditerranée, au large de la Syrie, ont franchi hier le détroit du Bosphore en direction de la mer Noire et de l'Ukraine.

 

(Commentaire : Qui aura le dernier mot en Ukraine ?)


De son côté, l'armée ukrainienne a affirmé hier avoir repoussé à mains nues une attaque de fusiliers marins russes armés qui avaient tenté de prendre d'assaut le navire Slavoutitch mouillant dans le port de Sébastopol.
Et c'est dans ce contexte hypertendu que la Russie a procédé avec succès à un tir d'essai de missile stratégique depuis la région d'Astrakhan. Ce tir, qui aurait pu être perçu comme une ultime provocation, avait en fait été prévu depuis longtemps, et les États-Unis en avaient été prévenus par avance.
Un émissaire de l'ONU, Robert Serry, est en route pour la Crimée pour « évaluer la situation », a indiqué hier le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky, sans préciser le programme de cette visite.
En attendant, les chefs de la diplomatie américaine et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov, se retrouvent aujourd'hui à Paris à l'occasion d'une réunion pour le Liban. Une rencontre entre les deux responsables qui se sont beaucoup invectivés au cours des derniers jours pourrait avoir lieu dans l'après-midi.

Eclairage
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Alors que les forces russes semblent avoir pris de fait le contrôle de la plus grande partie de la Crimée, république autonome russophone du sud de l'Ukraine, les États-Unis ont accusé hier Moscou de chercher un « prétexte » pour « envahir » l'Ukraine, nouvelle étape dans la confrontation entre les deux puissances.
S'exprimant pour la première fois à Kiev depuis...

commentaires (1)

J'ai entendu de mes oreilles ce matin sur France 24 un cosaque parler de guerre au cas ou la patrie le demandait , et il disait textuellement : . Si ca c'est pas un glissement vers quelque chose de pas tres bon , on se demande si les pretexts utilises ailleurs ne pourraient pas etre utilises ici .

FRIK-A-FRAK

11 h 07, le 05 mars 2014

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Commentaires (1)

  • J'ai entendu de mes oreilles ce matin sur France 24 un cosaque parler de guerre au cas ou la patrie le demandait , et il disait textuellement : . Si ca c'est pas un glissement vers quelque chose de pas tres bon , on se demande si les pretexts utilises ailleurs ne pourraient pas etre utilises ici .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 07, le 05 mars 2014

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