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À La Une - Syrie-Révolte

Le régime syrien met le cap sur Homs et Alep

Les Nations unies lancent un appel de fonds d’un montant record de 5,2 milliards de dollars pour aider les réfugiés.

Des Israéliens et des touristes, debout derrière les barbelés de la ligne de démarcation sur le Golan, assistent aux combats du côté syrien du plateau entre l’armée et les rebelles. Ammar Awad/Reuters

Le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé hier au gouvernement syrien un « accès immédiat » pour les organisations humanitaires à la population civile de Qousseir, ancien bastion rebelle reconquis mercredi et bouclé depuis par l’armée. Dans une déclaration unanime, y compris de la Russie – alliée de Damas –, le Conseil de sécurité a réclamé au gouvernement syrien un « accès immédiat, sûr et sans entrave » aux civils ayant besoin d’aide humanitaire d’urgence à Qousseir, rappelant qu’il revenait en premier lieu au gouvernement de les protéger. Se déclarant « très inquiets » de la situation humanitaire à Qousseir, les 15 pays membres du Conseil « demandent à toutes les parties en Syrie de faire le maximum pour protéger les civils et éviter des pertes civiles (...) ». Il s’agit de la première déclaration unanime du Conseil sur la Syrie « depuis plusieurs mois », a souligné l’ambassadeur britannique Mark Lyall Grant, dont le pays préside le Conseil en juin.

 

(Analyse : La diplomatie russe cultive l’ambiguïté en Syrie)

 
Parallèlement, l’ONU a lancé un appel de fonds d’un montant record de 5,2 milliards de dollars pour aider jusqu’en décembre plus de 10 millions de Syriens affectés par le conflit, soit près de la moitié de la population du pays. Sur les 5,2 mds USD (3,9 mds d’euros) réclamés par les agences de l’ONU, environ 3,81 mds serviront à aider quelque 3,45 millions de réfugiés syriens et 1,4 md permettront à l’ONU de venir en aide à 6,8 millions de Syriens restés dans leur pays (dont 4,25 millions de déplacés). Il s’agit de l’appel de fonds le plus important jamais lancé par l’ONU (sans prendre en compte la phase reconstruction). Près de 4 millions d’enfants syriens, en Syrie ou dans la région, ont besoin d’aide actuellement, a alerté l’Unicef. L’ONU, qui en décembre avait demandé 1,5 milliard de dollars pour le premier semestre 2013 pour la Syrie, ne dispose pour l’instant que de 1,2 milliard dans ses tiroirs pour ce pays.

 

(Lire aussi: Réfugiés syriens au Liban : les cinq propositions du chef de l’État)

 


Homs et Alep
Après avoir reconquis, avec l’aide cruciale du Hezbollah, la ville de Qousseir, dévastée (voir diaporama ici) par deux semaines de combats féroces, puis le village voisin de Dabaa, l’armée syrienne avançait hier vers Boueida al-Charqiya, soumis à un violent pilonnage, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Des centaines de blessés et de civils de Qousseir s’étaient réfugiés dans cette localité, selon l’OSDH. « L’armée cherche à contrôler totalement Qousseir et sa région », a prévenu le chef de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. « Elle ne laisse aucune porte de sortie aux rebelles, aux civils ou aux blessés. Elle veut soit anéantir les rebelles, soit les faire prisonniers ». Selon des experts, l’armée cherche maintenant à déloger les rebelles de la ville de Homs, non loin de Qousseir. Plus au nord-est, l’armée a massé des « milliers de soldats » dans la région d’Alep. « Ils veulent couper les approvisionnements en armes des rebelles » à partir de la Turquie, selon l’OSDH. Le Hezbollah a « envoyé des dizaines de ses cadres pour former des centaines de Syriens chiites au combat », a encore dit l’ONG.

 

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Colère...
Des militants ont exprimé hier leur colère à l’égard du Hezbollah qui, avant la révolte en Syrie, jouissait d’une popularité en Syrie et dans le monde arabe en raison de sa lutte contre Israël. « Les enfants de Qousseir ont offert des douceurs au Hezbollah en 2006 (lors de la guerre contre Israël). En 2013, le Hezbollah a distribué des douceurs après la mort des enfants de Qousseir », a déploré un militant sur Twitter. En 2006, la région de Qousseir avait accueilli de nombreux réfugiés de villages libanais pro-Hezbollah ayant fui les bombardements israéliens. Mercredi, des témoins ont affirmé que des habitants dans des villages libanais pro-Hezbollah avaient tiré en l’air et distribué des douceurs en signe de joie après la prise de Qousseir.
Hier également, jour traditionnel de mobilisation antirégime, des Syriens ont défilé sous le slogan « Qousseir, une volonté qui ne peut être brisée », selon des vidéos diffusées par des militants. À Kafar Nebol, des militants ont brandi une pancarte dénonçant « la résistance fallacieuse (contre Israël) » et « la haine aveugle » du Hezbollah. Une autre pancarte montre un aigle aux couleurs de la révolution syrienne dévoilant une face diabolique derrière le visage avenant du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. « Qousseir, nous sommes avec toi jusqu’à la mort », a scandé la foule à Deraa et à Kafar Zita. « Les Arabes ont vendu Qousseir, le monde a vendu la Syrie », fustige une pancarte à Latamné.

 

(Lire aussi: Le 14 Mars dénonce les « festivités provocatrices » après la chute de Qousseir)


Exécution islamique...
Dans le même temps, l’OSDH a diffusé hier une vidéo montrant l’exécution pour vol et meurtre d’un chef d’une brigade rebelle sur décision d’un « tribunal islamique » à Alep. De nombreux groupes rebelles islamistes ont créé des « tribunaux islamiques » dans des zones qu’ils contrôlent en Syrie, qui infligent des peines inspirées de la charia (loi islamique). En outre, des hommes s’exprimant en néerlandais et en français, qui selon leur accent seraient de nationalité belge, apparaissent sur une vidéo montrant la décapitation d’un homme qui aurait été tournée en Syrie et qu’une télévision belge a diffusée hier. D’autre part, un humanitaire à la double nationalité autrichienne et syrienne a été libéré après avoir été arrêté en décembre par les services de renseignements syriens et serait en route vers l’Autriche, a annoncé hier sa famille. Le ministère autrichien des Affaires étrangères n’a pas pour l’instant confirmé sa libération.
En outre, le commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur), le général américain Philip Breedlove, a affirmé hier que l’OTAN ne planifiait pas pour l’instant une intervention en Syrie tout en réitérant sa préoccupation quant au conflit qui ravage ce pays. Enfin, l’Union européenne doit se préparer à contrer la menace constituée par les jeunes Européens partis combattre en Syrie dans les rangs de groupes radicaux, a affirmé le ministre français de l’Intérieur Manuel Valls.


(Sources : agences et rédaction)

 

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