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À La Une - Liban

Qui a tiré les Grad sur la banlieue sud de Beyrouth ?

Le 8 et le 14 Mars dénoncent d’une même voix le tir de roquettes sur la banlieue sud

Un policier inspectant les dégâts, hier, dans la banlieue sud.  Photo Reuters

Un développement sécuritaire majeur est survenu hier dans la banlieue sud de Beyrouth, qui pour la première fois depuis la fin des hostilités avec Israël en 2006 et pour la première fois également depuis le début de la révolution en Syrie a été la cible de deux roquettes Grad de 122 mm, lancées à partir d’une région située entre deux villages, l’un chrétien, Bsaba, l’autre druze, Aïtate. Les deux localités, où ont été retrouvés les lance-roquettes, surplombent la banlieue sud. Dépêchée sur les lieux, l’armée a imposé un cordon sécuritaire autour de la zone identifiée.
L’un des missiles a atteint un parc de voitures situé près de l’église Mar Mikhaël, l’autre dans le quartier Maroun Misk, blessant quatre personnes – des ressortissants syriens – et provoquant des dégâts matériels. Les experts croient savoir qu’un troisième missile a également été lancé, sans que les enquêteurs n’aient réussi à le localiser, après une journée d’intenses recherches.

Ce soubresaut survient au lendemain du discours cinglant du secrétaire général du Hezbollah, qui a promis à ses adeptes une « victoire » dans les combats que le parti chiite mène aux côtés du régime en Syrie.
Dans un communiqué publié hier, l’armée a donné quelques précisions supplémentaires sur cet événement. « Suite à l’enquête effectuée par les services de renseignements sur le terrain en coordination avec les services compétents au sein de l’armée, deux lance-roquettes ont été retrouvés dans le périmètre de Aïtate. L’enquête se poursuit sous la supervision des autorités judiciaires compétentes pour déterminer l’identité des auteurs et les arrêter », a précisé le communiqué.


View Deux roquettes tombent sur la banlieue sud de Beyrouth : quatre blessés in a larger map


Entre-temps, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, a chargé la police judiciaire d’effectuer une enquête préliminaire pour déterminer les circonstances de l’incident. De son côté, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, s’est rendu à Chiyah pour inspecter les lieux où sont tombées les roquettes.
« Il s’agit d’un acte subversif », a-t-il affirmé, soulignant qu’il vise à « susciter la confusion ». Le ministre, qui a insisté sur la nécessité de s’abstenir de lancer des spéculations sur les auteurs présumés, a espéré que la guerre syrienne « ne sera pas transposée au Liban ».

 

(Lire aussi : « Que les partisans et les adversaires libanais d’Assad aillent se battre à Damas », affirme Nasrallah)


S’est également rendu sur place le député du Hezbollah Ali Ammar, qui a déclaré à son arrivée : « Au regard des sacrifices consentis, les gens (entendre les habitants de la banlieue sud) ne sauraient être intimidés par de tels projectiles », soulignant, qu’ils « restent déterminés à préserver la ligne de la résistance à un moment où celle-ci est visée par les discours politiques ». « Nous ne craignons pas la discorde », a-t-il lancé, assurant que le parti chiite « étouffera dans l’œuf le plan israélo-américain visant à provoquer la zizanie. »


S’alignant sur les positions de son collègue, Nawar Sahili a assuré que la résistance ne se laissera pas entraîner dans la discorde. « Les éléments armés en Syrie et leurs collaborateurs œuvrent en faveur de la discorde qui est susceptible de mener au morcellement de la région et de susciter les divisions confessionnelles et communautaires », a-t-il relevé. Et de jurer que « la résistance ne se détournera en aucun cas de son devoir jihadiste ».


Le chef de l’État, Michel Sleiman, a utilisé le terme de « terroristes » pour qualifier ceux qui ont initié l’envoi des roquettes. Quant au Premier ministre sortant, Nagib Mikati, il a estimé que cet acte vise à créer une situation de chaos dans l’espoir de susciter une réaction adverse.

 

(Lire aussi : Pour Bahreïn, Hassan Nasrallah est un « terroriste »)


Les mises en garde contre la discorde se sont multipliées au cours de la journée, plusieurs responsables politiques ayant dénoncé d’une même voix l’envoi des roquettes et appelé les Libanais à se mobiliser contre les tentatives de déstabilisation du pays. Le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, a estimé que « cette agression profite en premier lieu aux ennemis du Liban à qui il ne sied pas de voir le calme régner dans le pays ». « Quelles que soient les versions de cet incident, ce qui est certain, c’est qu’il vise à créer un schisme dans les rangs des Libanais », a-t-il dit.
Le ministre a exhorté les citoyens à ne pas s’enliser dans les spéculations et autres analyses et à laisser les services compétents accomplir leur tâche, qui sont seuls « capables de trancher ».


Le député du Courant patriotique libre Naji Gharios a estimé de son côté que cet incident a pour objectif de remettre en cause la stabilité dans le pays, assurant que « celui qui espère porter atteinte à la coexistence échouera ».
Commentant l’incident, le président du conseil exécutif du Hezbollah, Hachem Safieddine, a qualifié ceux qui sont derrière le lancement des roquettes de « lâches ». Le responsable chiite a invité l’État à « faire la lumière sur ceux qui financent et soutiennent les auteurs » de ces actes et à leur infliger les sanctions les plus sévères.
Le ministre démissionnaire de la Santé, Ali Hassan Khalil, qui a inspecté à son tour le lieu où ont atterri les roquettes, a également parlé « d’acte subversif qui vise à saper la stabilité ».

 

(Lire aussi : L’appel de l’opposition syrienne aux combattants du Hezbollah)


Le président du parti Kataëb, Amine Gemayel, a qualifié ce nouveau développement de « dangereux », appelant les Libanais à faire preuve de sagesse pour éviter d’entraîner le pays dans la zizanie. M. Gemayel a tenu à rappeler que les Kataëb avaient déjà prévenu des « dangers encourus des suites d’une ingérence dans le bourbier syrien », avant d’assurer que l’envoi de projectiles sur la banlieue sud « est une conséquence naturelle de l’implication dans le conflit syrien ». « Ce qui s’est passé, a-t-il ajouté, constitue une tentative visant à importer à nouveau les guerres des autres en territoire libanais. »


À son tour, l’ancien chef de gouvernement Fouad Siniora, qui se trouve en Jordanie, a dénoncé « l’acte criminel qui a pris pour cible certains quartiers sud de Beyrouth ». « Il s’agit d’un développement dangereux », a-t-il dit, souhaitant que se mette en place une enquête pour démasquer les coupables.
M. Siniora, qui participait à un forum économique international, a rencontré en marge de l’événement le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et le chef de la Ligue arabe Nabil el-Arabi avec lesquels il a évoqué « les dangers liés à la participation du Hezbollah aux combats en Syrie et ses répercussions dangereuses », rappelant l’avantage qu’a le Liban à maintenir une politique de distanciation par rapport à la crise syrienne.
« L’immixtion flagrante du parti de Dieu dans les combats internes en Syrie a provoqué cet incident, le premier du genre », a commenté pour sa part le chef des Forces libanaises, Samir Geagea.
Enfin pour le député Michel Pharaon, « toute attaque visant une région libanaise, quelles que soient ses affinités politiques ou communautaires, est une atteinte à la sécurité et au prestige de l’État ».

 

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