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Liban - La situation

La paix civile prendrait-elle le pas sur la vie des institutions ?

Avec l’attaque à la roquette contre Chyah, hier matin, et la roquette sur la Galilée, le soir, c’est un bond qualitatif dans le processus de dégradation interne qui touche le Liban. Une mutation que des pays comme le Koweït ont immédiatement perçue. L’Émirat a ainsi demandé hier à ses ressortissants d’éviter de se rendre au Liban et à ceux qui s’y trouvent de quitter au plus vite ce pays. Encore une saison estivale ruinée en perspective...


Sur le plan politique, les prises de position du secrétaire général du Hezbollah, samedi, n’ont pas, c’est le moins qu’on puisse dire, contribué à l’apaisement. « Vous nous voyez remettre nos armes à un État aussi faible que le nôtre ? » a affirmé un Hassan Nasrallah amnésique, qui oublie que son parti est l’un des principaux instruments de cet affaiblissement ; un Hassan Nasrallah qui ne cache plus désormais qu’en se battant en Syrie, il défend ce qu’il appelle « la protection arrière de la résistance », c’est-à-dire la « profondeur stratégique » des armes de son parti et, bien entendu, ses sources d’approvisionnement.


La déclaration du secrétaire général du Hezbollah a eu hier son répondant en Israël, où le chef d’état-major a redit que l’armée de l’État hébreu s’opposerait, en dépit de toutes les mises en garde, contre un transfert au Hezbollah d’armes pouvant provoquer un déséquilibre de l’actuel rapport de forces, notamment une remise en question de la suprématie aérienne israélienne.


Avec les mises en demeure syrienne et israélienne et les proclamations du Hezbollah, la région se rapproche donc dangereusement d’une conflagration régionale que personne ne souhaite sans doute, mais vers laquelle les puissances régionales seraient entraînées, à la moindre erreur de calcul.


On se demande, en présence de telles données, ce que vaut le conseil de Hassan Nasrallah, qui demande aux Libanais de se battre en Syrie, mais de rester neutres au Liban. Le coup de semonce contre la banlieue sud, hier, illustre à sa manière l’absurdité d’une telle proposition. Les combats à Tripoli (31 morts en six jours !), la tension à Saïda aussi. Le Hezbollah, c’est sûr, ne sortira pas indemne de l’épreuve dans laquelle il s’est engagé. Sur le terrain, 22 combattants du Hezbollah ont été tués durant la seule journée de samedi dans les combats à Qousseir, a affirmé dimanche une source proche du parti chiite. Ces pertes énormes auront certainement des conséquences sur le plan local, d’autant plus qu’on a envoyé au front, semble-t-il, des jeunes sans expérience militaire suffisante, et que parmi les victimes figurent des adolescents qui n’ont pas encore atteint leur majorité.

 


Expiration du délai de dépôt des candidatures
Comment la vie politique va-t-elle être affectée par ces développements ? C’est aujourd’hui à minuit qu’expire le délai de dépôt des candidatures pour les élections législatives du 16 juin prochain sur la base de la loi de 1960. On s’attend à ce qu’il y ait foule aujourd’hui au ministère de l’Intérieur ! D’autant plus que le gouvernement se réunit pour approuver l’ouverture des crédits nécessaires à l’organisation du scrutin et nommer la commission de supervision des élections.

 

(Lire aussi : Le 14 Mars veut des séances parlementaires ouvertes jusqu’au vote de la loi électorale)


Il se trouve cependant des observateurs pour assurer que ces mesures ne déboucheront sur rien de concret. Selon le scénario-catastrophe développé par ses sources politiques hier soir, le pays est déstabilisé par ce qui se passe autour de lui et l’organisation d’élections dans le climat actuel est impensable, car la paix civile a la priorité sur tout autre impératif. Il est préférable, dans ce cas, et pour éviter tout vide institutionnel, que la Chambre proroge son mandat d’un an et quatre mois, le temps de voir venir. Les prochaines élections législatives se tiendraient, selon ce scénario, à l’automne 2014.

 

(Lire aussi : Aoun se rallie à la loi de 1960, que Geagea tient pour « la trahison suprême »)

 

 

Des entretiens sur ce fond noir sont attendus dans les prochaines heures, entre le chef de l’État et le patriarche Raï, ainsi qu’entre Nabih Berry et Saad Hariri. La prorogation affectera certainement la forme du prochain gouvernement présidé par Tammam Salam, qui ne pourra plus prétendre à la formation d’un gouvernement restreint, mais devra se résoudre à une équipe politique élargie.

 

 

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