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Nos Lecteurs ont la Parole

Quel destin, ce pays !

Georges TYAN
Rien ne va plus au pays du lait et du miel. Le fiel coule à flots, les médecins accourus de l’étranger toutes affaires cessantes se bousculent au chevet de ce grand malade, chacun y va de son diagnostic hautement prétentieux, à tel point que les remèdes prescrits, au lieu de le rétablir, risquent de l’achever.
C’est que, au lieu de venir tous ensemble, de se réunir en collège consultatif, d’échanger leurs opinions, de sortir avec une solution unique, ces doctes personnages pontifient sur ce qu’il faut faire ou éviter, prenant à la lettre le contre-pied de ce que le visiteur précédent a préconisé.
Passe encore s’ils étaient deux ou trois, mais d’où vient cette floraison de spécialistes?... Encore faut-il comprendre leur langage, allant du perse à l’arabe guttural, passant par l’anglais, le russe, le chinois, le français, sans compter l’américain, qui laisse cette faune étrange gloser jusqu’à plus soif.
De ses morsures, nous en avons goûté, comme le berger qui fait paître son cheptel et qui lance son chien à le poursuite de la brebis égarée, la ramenant dans le troupeau. Mais à combien de bergers l’oncle Sam ne nous a-t-il pas confiés au cours des décennies passées, facilitant l’intrusion dans notre bergerie, à tour de rôle, des Égyptiens, des Israéliens, des Syriens, des Iraniens?
Cette bergerie de 10452 kilomètres carrés, que tout le monde convoite, sa surface ne serait pas plus grande qu’un village dans l’immensité des USA. Pour son malheur, elle est située à un carrefour stratégique où plusieurs civilisations s’affrontent alors qu’elles pourraient vivre en parfaite harmonie, n’étant pas antagonistes, et s’enrichir mutuellement d’une expérience de plusieurs siècles.
Les pâturages aux alentours recelant dans leur sol des trésors inestimables qu’il lorgne de ses gros yeux globuleux, le bon pasteur étoilé a élevé entre ces civilisations des barrières factices, à peu de frais, utilisant un subterfuge vieux comme le monde, la religion. En plus, il y a eu l’outrecuidance consistant à implanter un corps parfaitement étranger, lui dégageant par le feu et le sang de la place pour agrandir ses contours, y veillant comme sur la prunelle de ses yeux. Tout le monde connaît les suites de cette tragédie.
Depuis, le berger et la bergère ont cessé de se conter fleurette dans un pré tapissé de belles fleurs d’amour: elles fleuraient trop le pétrole et le sang. En fait, c’est juste une image, les fleurs n’ont jamais existé dans ces contrées arides et désertiques qui, pour notre malheur, jouxtent notre pays, qui, lui, en a à revendre, des fleurs, des arbres, des plantes, des fleuves, un panorama idyllique, quatre saisons, éducation, culture, à tel point qu’il a vendu son âme avec.
De pays d’accueil, de tolérance, de havre de paix, de liberté culturelle et religieuse, de prospérité, de démocratie, d’espoir, de plaque tournante régionale, le Liban est devenu au gré de ses épousailles éphémères ou durables, suivant la dot que certains de ses dirigeants obtenaient, un pays ouvert à tous les tourments, à tous les courants, même ceux qui lui sont hostiles.
Un pays devenu amer, intolérant, lugubre, sinistre, hostile, au bord de la faillite morale et financière, loin de toute forme de démocratie, on a enfermé la vie politique dans deux décans du mois de mars, plus radicaux l’un que l’autre, qui se laminent mutuellement, soi-disant par amour pour ce pays alors qu’ils détruisent un à un ses fondements.
Quel destin, ce pays!
Navrant en effet que notre Liban en soit arrivé à ce stade de déchéance où rien en va plus, où le frère refuse d’adresser la parole à son frère, l’un appartenant à la mouvance du 8 et l’autre à celle du 14, ce dernier ayant toutes les raisons du monde d’être sur ses gardes, apeuré, suspicieux. Les morts violentes, c’est dans son camp qu’elles arrivent. L’autre présente ses condoléances émues.
Au-delà de cette attitude aux mobiles légitimes, il y a le devenir d’une nation qui est en jeu. Le refus du dialogue, les portes closes, les sit-in, les discours enflammés, la hausse du plafond de ses conditions tout en sachant pertinemment qu’elles sont irréalisables n’ont jamais résolu un problème. Le résultat atteint est juste le contraire de ce qui est escompté.
Comme beaucoup, il me démange de renvoyer dos à dos cette gent politique n’ayant pas su ou voulu s’accommoder l’une de l’autre, n’était-ce le déséquilibre flagrant du rapport de force au point de vue armement illégal qui menace le pays en entier. J’estime cependant que, même si le 8 Mars détient des armes aujourd’hui, c’est le 14 Mars qui a le doigt sur la gâchette.

Georges TYAN
Rien ne va plus au pays du lait et du miel. Le fiel coule à flots, les médecins accourus de l’étranger toutes affaires cessantes se bousculent au chevet de ce grand malade, chacun y va de son diagnostic hautement prétentieux, à tel point que les remèdes prescrits, au lieu de le rétablir, risquent de l’achever. C’est que, au lieu de venir tous ensemble, de se réunir en...
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