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Nos Lecteurs ont la Parole

Un silence chargé de sens

Nous vivons dans un environnement où le bruit tient une place prépondérante dans notre quotidien. Notre univers sonore recèle de bruits auxquels nous ne prêtons plus attention, tant ils se sont introduits dans notre vie, sont devenus familiers et même nous ont forcés à avoir comme une sorte d’addiction. Une espèce d’accoutumance, de façon à ne plus les remarquer. Et, soit dit en passant, qui sait, peut-être qu’il existe certains bruits que notre ouïe ne décèle pas, des sonorités inaudibles pour notre oreille. Quel est le bruit, par exemple, d’une plante ou bien d’un arbre ?

Nous avons parlé du bruit en guise d’introduction pour, en fait, arriver au silence. C’est un peu comme celui qui prêche le faux pour connaître le vrai. Le but premier de cette réflexion n’est donc nullement de parler du bruit, mais plutôt de son contraire, le silence.

Peut-on, paradoxalement, écouter le silence et réunir ces deux mots, aux sens contradictoires, en un vocable logique et cohérent ? Nous sommes ici en plein oxymore (à celles et ceux qui se souviennent encore, du temps de l’école, des figures de style de la langue française. Je ne peux ici que remercier particulièrement M. Georges Mhanna, qui a été, dans les années 1980, mon professeur de littérature française en seconde et en première et à qui je dois énormément).

Écouter le silence et savourer cet état d’apaisement qu’il procure.

Nous sommes nombreux à nous plaindre des bruits que nous subissons au quotidien, surtout en ville et dans les grandes métropoles. Circulation, klaxons, conversations bruyantes, chutes d’objets, bruits de voisinage, bricolages des dimanches et des jours fériés, sifflement aigu d’une perceuse, aboiements ou tambour d’une machine à laver...

Les nuisances sonores peuvent être très variées, le résultat reste le même : ces bruits entraînent souvent stress, fatigue auditive, agacement et nervosité. Et généralement, nous sommes acculés à pâtir de cet état de fait sans mot dire, de cette dégradation de notre qualité de vie dans la résignation. Un vacarme qui, à la longue, nous mine lentement mais sûrement, sans qu’on le perçoive.

Pour compenser après saturation, nous recherchons un endroit, un coin perdu, perché quelque part, où le bruit est sensiblement diminué et réduit à sa plus simple expression. Nous nous isolons quelquefois volontairement, rien que pour apaiser notre âme et notre esprit du tumulte fracassant de la vie quotidienne.

Puisque c’est justement dans le silence, par excellence, qu’on arrive à méditer et à se ressourcer. C’est là que se dégagent la véritable réflexion, les invocations qui sortent du plus profond de notre cœur, le travail d’analyse et, au besoin, les exercices d’introspection et les examens de conscience. (Ça me rappelle un magnifique poème de Baudelaire, L’examen de minuit, qui mérite réflexion et même méditation.)

À bien y réfléchir, le silence est, fréquemment, l’origine et la finalité de toute parole, de toute action et éventuellement de toute réaction.

Certains silences ne sont pas nécessairement l’absence de bruit, mais restent quand même des « silences » recherchés pour la tranquillité qu’ils procurent. Comme le « silence » du clapotis des vagues de la mer ou bien celui du frémissement du feuillage des arbres ou du gazouillis d’oiseaux...

Qui de nous n’a pas, de temps en temps, touché du doigt la véracité de l’expression « La nuit porte conseil » ?

Que de fois nous trouvons, de nuit, une solution à un problème insoluble, un remède à un tracas particulier, une réponse à une question difficile, un plan d’action pour atteindre un objectif déterminé, un éclaircissement à un point obscur...

Il suffit de penser que de nuit, généralement, le silence et l’obscurité vont de pair. En outre, et dans la situation précise, le noir, le calme et la sérénité prennent, d’ordinaire, le dessus. Par conséquent, l’imagination et l’inspiration ont la latitude de prendre toute leur ampleur, toute leur dimension et toute leur portée.

On dit que le silence est d’or, et c’est souvent vrai. Pour la simple raison qu’il « parle » quelquefois mieux que les mots.

N’y a-t-il pas des silences qui, de temps en temps, s’adressent à nos esprits ? Et d’autres même qui percent, tel un cri strident, la torpeur de nos consciences fort léthargiquement assoupies ?

Michel Antoine AZAR

Avocat à la cour

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Nous vivons dans un environnement où le bruit tient une place prépondérante dans notre quotidien. Notre univers sonore recèle de bruits auxquels nous ne prêtons plus attention, tant ils se sont introduits dans notre vie, sont devenus familiers et même nous ont forcés à avoir comme une sorte d’addiction. Une espèce d’accoutumance, de façon à ne plus les remarquer. Et, soit dit en passant, qui sait, peut-être qu’il existe certains bruits que notre ouïe ne décèle pas, des sonorités inaudibles pour notre oreille. Quel est le bruit, par exemple, d’une plante ou bien d’un arbre ? Nous avons parlé du bruit en guise d’introduction pour, en fait, arriver au silence. C’est un peu comme celui qui prêche le faux pour connaître le vrai. Le but premier de cette réflexion n’est donc nullement de parler du bruit, mais...
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