Geagea : Nous ne voyons pas l'utilité des réunions de Bkerké

Le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea a critiqué mercredi les réunions auxquelles le chef de l'Église maronite Béchara Raï a convié les partis chrétiens pour discuter de la vision chrétienne et des crises au Liban, estimant qu'elles ne permettront pas de débloquer la présidentielle. Le leader maronite a également estimé que les ambassadeurs des pays membres du quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte et Qatar) ne pourront pas faire de percée à ce niveau, alors que le pays est en proie à une vacance à la magistrature suprême depuis près d'un an et demi.

Trois réunions interchrétiennes se sont tenues à Bkerké sous la houlette de Mgr Raï, à la suite d'un appel lancé par le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil, adversaire de Samir Geagea. Ce, alors que les députés ont échoué, lors de 12 séances parlementaires organisées entre fin 2022 et 2023, à élire un successeur à Michel Aoun. Les principaux partis chrétiens et l'opposition convergent sur la candidature de Jihad Azour, ex-ministre des Finances, face à celle du chef des Marada Sleiman Frangié, appuyé par le tandem Amal-Hezbollah.

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« Je ne suis pas convaincu de la réunion de Bkerké, mais les FL y ont participé pour différentes raisons, notamment pour le bien de l'Église », a affirmé M. Geagea lors d'un entretien sur la chaîne Télé Liban, la seule chaîne publique du pays, selon des propos relayés par l'Agence nationale d'information. « Une certaine partie, le CPL, participe au pouvoir, de manière partielle ou totale, depuis 15 ans. Nous connaissons bien ses opinions, approches et pratiques et elles n'ont abouti à rien. Dans ce cadre, je ne vois pas l'intérêt de ces réunions », a indiqué M. Geagea.

Rassembler les forces chrétiennes

« Nous avons une autre solution qui consiste à rassembler les autres forces chrétiennes, qui sont déjà proches, comme les Kataëb, le Parti national libéral et les indépendants, qui s'accordent sur une opinion unifiée, alors que le CPL en présente une autre », a-t-il poursuivi.

Interrogé au sujet de sa crainte d'un accord entre Gebran Bassil et le Hezbollah qui favoriserait le repositionnement du député de Batroun et l'élection d'un président après que le quorum soit assuré, le chef des FL a répondu : « Ne l'ont-ils pas fait par le passé ? », dans une référence à l'entente de Mar Mikhaël entre le CPL et le parti chiite, qui a favorisé l'élection de l'ex-président Michel Aoun. « Si le Hezbollah accepte de s'entendre avec Gebran Bassil sur un candidat à la présidentielle autre que Sleiman Frangié, M. Bassil s'assoira avec lui. Il est probable que les réunions de Bkerké ne soient malheureusement que beaucoup de bruit pour rien », a-t-il encore critiqué.

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Le chef des FL a également assuré ne pas « avoir d'objection à un dialogue autour d'un troisième candidat, si c'est la solution, à condition que ce dernier dispose des caractéristiques de Jihad Azour », sans toutefois préciser lesquelles.

Pas de problème inter-maronite

Le leader maronite a également estimé qu' « il est inexact de parler d'un problème interchrétien », rappelant que ces derniers s'étaient mis d'accord sur la candidature de Jihad Azour et avaient mené une bataille pour le faire réussir. Il a ainsi pointé du doigt le fait que « la Moumanaa (axe de la résistance) lie le blocage de la présidentielle (au manque) d'entente inter-maronite ».

Interrogé au sujet d'informations qui circulent dans les coulisses quant à la présentation à la présidentielle de deux noms parmi les quatre leaders chrétiens, Gebran Bassil, Sleiman Frangié, le chef des Kataëb Samy Gemayel et Samir Geagea, au vu de la sensibilité de la situation actuelle au Liban, le chef des FL a affirmé ne pas disposer d'informations à ce sujet. « Si cette proposition est avancée, chose qui arrive rarement, il faut adopter l'une des équations du CPL : 'le plus fort au sein de sa confession est celui qui la représente' ». Les FL ont 19 députés membres du parti ou apparentés au sein du Parlement, tandis que le CPL en a 17.  

Revenant sur l'implication du quintette dans le dossier libanais, Samir Geagea a estimé que les ambassadeurs que ces derniers ont une « bonne intention mais ne peuvent pas faire de percée ». « Les diplomates savent comment les élections démocratiques ont lieu, et que leur réussite nécessite la tenue de séances successives, non pas des tables de dialogue », a-t-il souligné. Il a également indiqué que le quintette « n'a pas adopté les revendications ni la vision de l'autre camp, mais tenté de jouer le rôle de médiateur », assurant que les FL ont préféré « mettre des limites à ce jeu ». Les ambassadeurs des cinq pays poursuivent depuis plusieurs semaines leurs contacts avec les protagonistes et responsables libanais en vue de débloquer la présidentielle.

Le chef des FL a enfin souligné la nécessité que le président du Parlement Nabih Berry convoque le Parlement à des séances ouvertes jusqu'à ce qu'un président soit élu.