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Politique - Présidentielle

Le quintette mise sur « la flexibilité » : un nouveau pari risqué

Les ambassadeurs du groupe des Cinq entament un énième round de contacts auprès des protagonistes en vue d’un déblocage.

Le quintette mise sur « la flexibilité » : un nouveau pari risqué

Le président de la Chambre, Nabih Berry (au centre), entouré des ambassadeurs accrédités à Beyrouth des pays membres du quintette impliqué dans le dossier libanais. Photo fournie par Aïn el-Tiné

La flexibilité : voilà le maître-mot qui semble avoir poussé le quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar) à s’activer de nouveau en quête d’une percée dans le dossier présidentiel. Après avoir consacré le principe de l’élection d’une figure de troisième voie, le groupe des Cinq œuvre aujourd’hui pour trouver un terrain d’entente entre les protagonistes, qui « sont désormais convaincus que l’entente est très importante », pour reprendre les termes de l’ambassadeur d’Égypte à Beyrouth, Ala’ Moussa. Comment cela pourra-t-il se concrétiser ? Pour le quintette, la réponse réside dans une série d’idées axées sur les mécanismes qui pourraient être mis en place pour accélérer la tenue du scrutin. C’est d’ailleurs autour de ces idées que s’articule le nouveau round de réunions entre les ambassadeurs accrédités à Beyrouth des pays membres du groupe, entamé lundi à Aïn el-Tiné et Bkerké et qui devrait se poursuivre mardi entre Meerab, Clemenceau et Rabié où un entretien est prévu avec l’ex-président de la République, Michel Aoun, pour la première fois depuis la mise sur pied du groupe. C’est probablement une façon d’éviter une réunion entre l’ambassadrice US, Lisa Johnson, et le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, sanctionné par Washington depuis 2020.

Les ambassadeurs Lisa Johnson, Hervé Magro, Walid Boukhari, Ala’ Moussa et Saoud ben Abdel Rahman al-Thani se sont donc entretenus lundi avec le président de la Chambre, Nabih Berry, qui se veut le passage obligé de tout déblocage de l’échéance. « La réunion s’est tenue dans une atmosphère très positive », a déclaré M. Berry à la presse à l’issue de l’entretien, mettant l’accent sur la convergence avec le quintette sur l’importance de « conclure une entente en vue d’élire un président ».

De son côté, un des participants à la réunion révèle à L’Orient-Le Jour que « les discussions ont porté sur les mécanismes et la feuille de route à mettre en place afin de paver la voie à l’élection du futur chef de l’État ». Sur ce plan, un proche de M. Berry précise que le chef du législatif « est derrière le quintette dans ses efforts pour une entente quelle qu’en soit la forme ». Il s’empresse toutefois de préciser que « Nabih Berry devrait présider tout dialogue à cet effet, parce qu’il n’est pas normal qu’il prenne part à une telle démarche et laisse à un député la tâche de la diriger ». Sous l'optimisme affiché, la position de M. Berry n’a donc pas bougé d’un iota. De quoi donner du fil à retordre tant au quintette qu’au bloc de la Modération nationale (députés majoritairement sunnites ex-haririens) qui avait proposé une initiative axée sur des concertations parlementaires suivies d’une séance électorale ouverte. Sans entrer dans ces détails, Ala’ Moussa s’est félicité de l’initiative des anciens haririens, la qualifiant d’« importante » et « nécessaire ». «D’autant que la présidentielle est du ressort du Parlement exclusivement », a-t-il dit.

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Le diplomate égyptien a fait valoir que durant la réunion, le président de la Chambre « s’est engagé à déployer des efforts afin de faciliter la tenue de l’élection ». Affirmant que les Cinq œuvrent pour rapprocher les points de vue et atteindre un terrain d’entente, M. Moussa a indiqué que le groupe va tenter d’arracher aux divers protagonistes « un engagement à se lancer dans un processus qui déboucherait sur la tenue de l’élection dans les plus brefs délais ». À la question de savoir si le quintette a capté des signaux positifs qui l’auraient poussé à se lancer dans ce nouveau round de tractations, M. Moussa a mis l’accent sur « la flexibilité » des protagonistes, faisant valoir que le groupe parie sur cela pour aller de l’avant. Sauf que pour le diplomate, la « véritable percée réside dans le fait que tout le monde est convaincu de l’importance d’une entente élargie ». « Le consensus veut dire que tout le monde est prêt à dialoguer et se concerter pour arriver à un accord. Et c’est ce que nous voulons », a encore dit l’ambassadeur.

Le « non » de Raï
Après Aïn el-Tiné, les ambassadeurs du quintette se sont rendus à Bkerké. De source proche du patriarche maronite, Béchara Raï, on apprend que ce dernier a exprimé ses craintes quant à un éventuel échec auquel pourrait aboutir « ce chemin difficile », dans une allusion au dialogue voulu par le président de la Chambre. « Pourquoi opter pour des mécanismes à même de consacrer ces pratiques au lieu de se conformer à la Constitution ? » résume le proche du chef de l’Église maronite.

Pour mémoire

Le quintette vers un durcissement du ton ?

S’exprimant à l’issue de la réunion, Ala’ Moussa s’est de son côté contenté d’indiquer que les diplomates ont consulté le patriarche au sujet de leurs démarches futures. Selon les informations de L’OLJ, celles-ci prévoient principalement la tenue de concertations au Parlement, afin de créer un climat de confiance avant l’élection. Une feuille de route qui ressemble donc dans ses grandes lignes à l’initiative de la Modération nationale.

Ne semblant pas trop y croire, le patriarche Raï ne compte pas rester les bras croisés. Il s’active avec l’évêque maronite d’Antélias, Antoine Bou Najm, pour réunir les protagonistes chrétiens autour de principes à même de préserver la communauté, mais aussi le pays, selon une source informée. Un comité composé de plusieurs personnalités mais aussi de représentants des partis chrétiens (à l’exception des Marada de Sleiman Frangié, qui n’ont pas encore délégué un représentant) s’est déjà réuni à Bkerké pour discuter d’un projet de feuille de route résumant ces principes – à commencer par le respect du jeu démocratique et l’importance de doter le pays d’un président –, qui devrait encore être révisée avant d’être distribuée à tous les protagonistes. 


Les FL rejettent l’appel de Bassil à une réunion chrétienne
Les Forces libanaises ont rejeté lundi l’appel lancé la veille par leur principal adversaire sur la scène chrétienne, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, à la tenue d’une réunion des leaders de la communauté sous la houlette du patriarche maronite Béchara Raï. « C’est parce que les FL veillent (aux bons résultats du) dialogue qu’elles se montrent rigides au sujet de sa tenue. Surtout que les expériences antérieures sont fâcheuses », peut-on lire dans un communiqué publié par le parti, qui précise que « l’opinion publique ne veut plus de dialogues stériles ». Le communiqué a souligné que les canaux de communication (avec le CPL) « sont ouverts et ils ont contribué à une convergence autour d’un candidat à la présidence de la République ». Une référence à Jihad Azour, ex-ministre des Finances dont la candidature bénéficie de l’appui des FL et du reste des opposants, mais aussi du CPL, face à celle du chef des Marada Sleiman Frangié, appuyé par le tandem Amal-Hezbollah. « La situation tragique du pays ne tolère plus des manœuvres politiques ou des tentatives d’user de ce genre de réunions pour améliorer ses conditions face à un allié avec qui la mésentente demeure axée sur (le partage) du pouvoir », ajoute le texte, dans une allusion aux désaccords entre le courant aouniste et le Hezbollah, avec en toile de fond le dossier de la présidentielle et la guerre à Gaza. Les FL appellent par ailleurs le CPL à accorder à la question de la souveraineté du Liban la même importance que la bataille qu’il mène pour ce qu’il appelle « le partenariat égalitaire ». « Pour améliorer toute convergence, il faut unifier les visions concernant la souveraineté. Et tel n’est pas le cas (aujourd’hui) », conclut le communiqué.

La flexibilité : voilà le maître-mot qui semble avoir poussé le quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar) à s’activer de nouveau en quête d’une percée dans le dossier présidentiel. Après avoir consacré le principe de l’élection d’une figure de troisième voie, le groupe des Cinq œuvre aujourd’hui pour trouver un ...

commentaires (3)

- PERDANTE MISE. - DANS LA REMISE, - PLUS DE MAINMISE, - NI DE SURPRISE. -

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 13, le 19 mars 2024

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Commentaires (3)

  • - PERDANTE MISE. - DANS LA REMISE, - PLUS DE MAINMISE, - NI DE SURPRISE. -

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 13, le 19 mars 2024

  • Que le quintette se rassure, rien de bon ne sortira de ces réunions. Ils acceptent de continuer à faire semblent de négocier alors que face à eux, un Berry, on ne peut plus renforcé par leur attitude lâche et douteuse ne cesse de leur répéter que leur seul candidat est, et restera la marionette qu’ils ont choisi d’imposer aux libanais. A quoi bon continuer de déplacer du vent? Le temps joue contre le Liban et les armes continuent d’être acheminées pour faire pression et faire monter les enchères. Laissez donc ces mercenaires allez jusqu’au bout de leur délire et regardez-les se faire ratatiner

    Sissi zayyat

    10 h 52, le 19 mars 2024

  • "Les protagonistes sont désormais convaincus que l’entente est très importante". Quelle "entente" peut-il exister entre le Hezbollah et consorts, d’une part, et ceux qui veulent un Liban souverain et indépendant? Tout ce à quoi on pourra aboutir, c’est un "compromis", mot qui ressemble dangereusement à "compromission". C-à-d un président qui sera, sinon un agent patenté du Hezbollah, au moins, un pantin qu’il pourra manipuler à son gré. « Pourquoi opter pour des mécanismes à même de consacrer ces pratiques au lieu de se conformer à la Constitution ? ». C’est la question à un million de dollars

    Yves Prevost

    07 h 15, le 19 mars 2024

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