Le conflit a renforcé la coopération avec le Hezbollah, affirme le chef de la Jamaa islamiya

Le secrétaire général de la Jamaa islamiya, un parti politique libanais lié aux Frères musulmans et proche du mouvement palestinien Hamas, cheikh Mohammed Takkouch, a déclaré à l'Associated Press (AP) que le conflit entre Israël et le Hezbollah avait « contribué à renforcer la coopération » entre le parti chiite pro-iranien et son groupe.

Israël et le Hezbollah se livrent à des affrontements quotidiens depuis le 8 octobre 2023, au lendemain du début de la guerre entre Israël et le Hamas. La Jamaa islamiya est un groupe sunnite qui a décidé de combattre aux côtés du Hezbollah contre Israël depuis début octobre. Mercredi, sept jeunes secouristes ont été tués lors de frappes aériennes israéliennes sur la localité de Hebbariyé (caza de Hasbaya), qui ont visé un centre d'urgence et de secours appartenant à une organisation de secours qui serait affiliée à la Jamaa islamiya.

Dans une interview accordée mardi à l'AP au siège de la Jamaa islamiya à Beyrouth, le cheikh Takkouch a déclaré que son groupe avait décidé de se joindre aux combats le long de la frontière libano-israélienne en raison de « l'offensive écrasante d'Israël sur la bande de Gaza et de ses frappes contre des villages libanais, tuant des civils, y compris des journalistes, depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre dernier ».

« Nous avons décidé de nous joindre (à la bataille) par devoir national, religieux et moral. Nous l'avons fait pour défendre notre terre et nos villages », a soutenu M. Takkouch. « Nous l'avons également fait pour soutenir nos frères de Gaza » où, selon lui, Israël commet un « massacre à ciel ouvert ».

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D'ordinaire plutôt discret, le groupe Jamaa islamiya semble être devenu plus actif depuis le début des hostilités au Liban-Sud.  Ce parti sunnite libanais lié aux Frères musulmans a revendiqué jusqu'à présent cinq frappes contre Israël.

Le cheikh Takkouch a expliqué à AP qu'il pensait qu'Israël avait l'ambition de s'emparer d'un plus grand nombre de territoires « non seulement en Palestine mais aussi au Liban ». Selon AP, « les élections au sein de la Jamaa islamiya en 2022 ont rapproché ses dirigeants du Hamas ». 

 « Nous ne remplaçons personne »

Au cours de l'entretien, le secrétaire général de la Jamaa islamiya a ajouté que son groupe « prend ses propres décisions sur le terrain mais coordonne étroitement avec le Hezbollah et avec la branche libanaise du groupe militant palestinien Hamas ». « Une partie (des attaques contre les forces israéliennes) était coordonnée avec le Hamas, qui lui-même coordonne avec le Hezbollah », a-t-il déclaré, soulignant que la coopération directe avec le Hezbollah « est en progression et que cela se reflète sur le terrain ».

La Jamaa islamiya a perdu cinq de ses membres depuis le 8 octobre, selon le cheikh Takkouch. Trois d'entre eux ont été tués au début du mois. Les deux autres ont trouvé la mort lors de la frappe israélienne qui a coûté la vie à un haut responsable du Hamas, Saleh el-Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth le 2 janvier dernier. Dans le conflit actuel, « coordonner et coopérer avec un mouvement comme le Hamas, le plus honorable des mouvements de libération, est un honneur », d'après le cheikh Takkouch.

Commentant les relations du groupe avec le Hezbollah, le cheikh a indiqué qu'elles avaient connu des hauts et des bas. Ils avaient des divergences concernant les conflits en Syrie et au Yémen, mais les ont mises de côté « pour résister à l'occupation israélienne de certaines parties de nos territoires libanais », a-t-il dit. « Nos relations avec le Hezbollah sont bonnes et se renforcent au fur et à mesure que nous progressons dans la guerre », a-t-il poursuivi. Le cheikh Takkouch a ajouté que toutes les armes qu'ils utilisent « proviennent de leur propre arsenal ». « Nous n'avons pas reçu la moindre balle de quelque camp que ce soit », a-t-il souligné.

Interrogé sur le fait de savoir si la Jamaa islamiya tente de « combler le vide laissé dans le leadership politique sunnite libanais par l'ancien Premier ministre Saad Hariri, qui a quitté la vie politique il y a deux ans », le cheikh Takkouch a déclaré que M. Hariri « dispose toujours d'une base de soutien et de popularité, mais que (son) groupe n'avait pas l'habitude de combler l'absence de qui que ce soit ». « Nous nous présentons comme des partenaires dans la construction des générations et des institutions (de l'État), mais nous ne remplaçons personne », a-t-il affirmé.