Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a déclaré au journal koweïtien al-Raï que la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies n'avait « rien à voir avec les fermes de Chebaa », mais qu’elle proposait plutôt une formule pour une « cessation des hostilités » entre le Liban et Israël et le « retrait de toutes les organisations militaires illégales du Liban-Sud », selon un rapport publié dimanche.
Le Hezbollah et Israël se livrent à des combats quotidiens le long de la frontière libano-israélienne depuis le 8 octobre 2023, un jour après le début de la guerre entre le Hamas et Israël à Gaza.
Le chef du parti politique chrétien fortement opposé au Hezbollah a, lui, progressivement intensifié ses critiques à l'égard des opérations du mouvement chiite contre Israël et a récemment demandé que l'armée libanaise prenne totalement en charge les frontières sud du pays. Les commentaires de M. Geagea ont été publiés dimanche, à la veille de l'arrivée de l'envoyé américain Amos Hochstein à Beyrouth. Au cours des derniers mois, M. Hochstein s'est engagé dans des pourparlers avec le Liban et Israël afin de calmer la situation entre les deux pays.
La résolution 1701 et les fermes de Chebaa
La résolution 1701, conclue entre Israël et le Liban en 2006 au cours de la guerre de juillet, donne explicitement le pouvoir à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) et à l'armée libanaise d'opérer et de maintenir la paix le long de ce que l'on appelle la Ligne bleue, qui délimite la frontière séparant le Liban d'Israël. Elle prévoit également que le Hezbollah soit tenu à l'écart de la frontière en échange du respect par Israël de la souveraineté libanaise.
Les fermes de Chebaa sont situées à l'intersection de la frontière libano-syrienne et du plateau du Golan occupé par Israël. La communauté internationale considère les fermes de Chebaa comme syriennes et occupées par Israël depuis 1967. Cependant, le gouvernement libanais et le Hezbollah considèrent la zone comme un territoire libanais occupé. Beyrouth et le Hezbollah ont demandé le retrait israélien des fermes de Chebaa et de 13 points contestés de la frontière sud.
« La résolution 1701 n'a rien à voir avec les fermes de Chebaa ou quoi que ce soit d'autre, la question des fermes pourrait être facilement résolue en convainquant le régime syrien de signer un document conjoint avec le gouvernement libanais [qui affirme que les fermes de Chebaa sont libanaises] », a déclaré M. Geagea à al-Raï depuis le quartier général des Forces libanaises à Meerab, dans le Kesrouan.
« Plus important encore, la résolution 1701 ne concerne pas les fermes de Chebaa, mais plutôt la cessation des hostilités, le retrait de toutes les organisations militaires illégales du sud-Liban et le remplacement de celles-ci par l'armée libanaise avec le soutien de la Finul », a-t-il poursuivi.
Risque de guerre au Liban
Le quotidien koweïtien a également demandé à M. Geagea s'il pensait qu'Israël allait lancer une guerre contre le Liban.
« Je pense que la situation dans la région, de la mer Rouge au sud du Liban, est devenue plus grave et plus dangereuse », a-t-il répondu avant de poursuivre : « c'est pourquoi, à mon avis, les Israéliens pensent ce qu'ils disent en ce qui concerne le front au sud du Liban. Le Hezbollah doit donc prendre en compte les nouvelles réalités qui sont apparues après le 7 octobre et agir en fonction de ces nouvelles réalités, faute de quoi le Hezbollah pourrait s'envoyer en enfer, ainsi que le Sud et les Libanais, s'il continue à croire que le jeu est toujours le même ».
Les responsables israéliens ont déclaré que les habitants du nord d'Israël, qui ont fui leurs maisons à la suite des attaques du Hezbollah, retourneront chez eux par des moyens diplomatiques ou militaires. « Nous n'acceptons pas que le Liban entre dans une guerre majeure au nom de la politique de l'Iran dans la région », a déclaré M. Geagea.
« Si l'armée libanaise est déployée dans le sud avec le soutien de tous les pays du monde, ne serait-ce pas une meilleure protection pour le Liban et un moyen d'éviter tout scénario qui nous mènerait en enfer ? » a-t-il encore demandé. Le leader FL a également déclaré que le Hezbollah compte sur le fait que les Américains ne veulent pas voir la guerre s'étendre et que, par conséquent, le parti « poursuit son aventure actuelle ».
Présidence libanaise
M. Geagea a également fait des commentaires sur la présidence libanaise, alors que le pays demeure sans chef de l'Etat depuis la fin du mandat de l'ancien président Michel Aoun, fin octobre 2022.
Le groupe des cinq (France, Arabie saoudite, Qatar, États-Unis et Égypte) a vainement tenté, jusqu'à présent, de trouver une solution à cette crise. Le Hezbollah et le mouvement Amal soutiennent le chef des Marada, Sleiman Frangié, tandis que le Courant patriotique libre, les Forces libanaises, les Kataëb, les Forces du changement et les indépendants soutiennent Jihad Azour, fonctionnaire du Fonds monétaire international.
Récemment, le groupe parlementaire de la Modération nationale - composé principalement d'anciens membres du Courant du futur - a lancé une initiative qui a reçu le soutien du quintette. Le groupe propose d'organiser des consultations parlementaires, qui devraient déboucher sur un appel à des sessions électorales présidentielles ouvertes.
"Pour la première fois, j'ai l'impression que le quintette parle de tenir pour responsables ceux qui font obstruction [à l'élection présidentielle] et que l'initiative de la modération nationale s'inscrit peut-être dans ce contexte", a déclaré M. Geagea.
« C'est pourquoi, à mon avis, [le Hezbollah et ses alliés] sont coincés dans [leur] position concernant l'initiative, qui au minimum révélera [leurs] véritables intentions », a-t-il ajouté. Le chef des Forces libanaises a accusé le Hezbollah de bloquer l'élection présidentielle avec son insistance à élire Sleiman Frangié.
« Ce que le groupe [des cinq] est en train de faire, c'est d'exhorter à mettre fin à la vacance présidentielle, considérant que ce dont la région est témoin devrait constituer une incitation supplémentaire à accélérer la tenue d'une élection présidentielle » a conclu Samir Geagea.
commentaires (6)
Comme L'Iran et la Syrie se servent des fermes de Chebaa pour nous garder dans un état de guerre constant avec Israël, négocions avec Israël son retour sous le giron Libanais et nous nous chargerons de la Syrie plus tard. Quand a la résolution 1701 elle se réfère aussi a la 1559 qui elle inclue le désarmement de toutes les milices et non seulement un retrait de 10, 15 ou même 20 km. C'est le cœur du problème et sans cela il n'y aura jamais de paix ou de solution durable et a long terme.
Pierre Christo Hadjigeorgiou
12 h 24, le 05 mars 2024