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Politique - Liban-Israël

Drone israélien abattu, frappes près de Baalbeck : le conflit s'élargit

Quatre membres du Hezbollah et deux du Jihad islamique ont été tués lundi.

Drone israélien abattu, frappes près de Baalbeck : le conflit s'élargit

De la fumée s’échappe du site d’un raid aérien israélien qui a visé la région de Baalbeck dans la vallée orientale de la Békaa, au Liban, le 26 février 2024. Les frappes israéliennes près de la ville dominée par le Hezbollah ont tué deux membres du groupe chiite, selon des sources de sécurité libanaises. Il s’agit des premières frappes dans l’est du Liban depuis le début des affrontements qui ont suivi le déclenchement de la guerre de Gaza. Photo AFP

« Il s’enflamme ! » Cette exclamation, lancée en arabe par un homme filmant un drone en feu qui tombe en virevoltant dans le ciel du Liban-Sud, plus précisément de l’Iqlim el-Touffah (région de Nabatiyé), après avoir été abattu par le Hezbollah, pourrait s’appliquer à la situation sécuritaire sur le front libanais, théâtre d’affrontements entre le Hezbollah et l’armée israélienne, tout au long de la journée. Ce lundi a en effet été marqué par une importante escalade, avec notamment une frappe dans les environs de Baalbeck, dans la Békaa, une première depuis le 8 octobre 2023, et une nouvelle élimination d’un cadre du Hezbollah, identifié dans les médias israéliens comme étant un responsable régional du parti, dans une frappe de drone sur sa voiture, à Mjadel (caza de Tyr). 

Dans la matinée, le Hezbollah a revendiqué avoir abattu un « grand drone israélien » de type Hermes 450 via un missile sol-air, dans l’Iqlim el-Touffah, ajoutant que la chute du drone « a été visible à l’œil nu ». Le parti chiite a affirmé que « les yeux des combattants resteront vigilants et continueront de faire face aux avions ennemis, les empêchant de réaliser leurs objectifs ». Des vidéos montrent en effet un objet enflammé tombant dans le ciel, laissant une traînée blanche dans son sillage.

Le parti chiite avait déjà revendiqué avoir « pris le contrôle » de drones Skylark à deux reprises depuis le 8 octobre, mais pas avoir abattu un tel appareil. Le Hermes 450 est un drone de taille moyenne de type « tactique », d’une envergure de 10,5 mètres et pesant 450 kg, capable de voler à haute altitude.

En riposte à cette opération d’un nouveau type, l’armée israélienne a opté pour une frappe inédite, dans la plaine de la Békaa, dans les environs de Baalbeck : son aviation a ciblé des entrepôts près du lieu-dit de Adous avec deux missiles, selon des sources sécuritaires citées par notre correspondante dans la région Sarah Abdallah. C’est la première fois qu’Israël cible cette région depuis le début des affrontements avec le Hezbollah, le 8 octobre. 

Des entrepôts du Hezbollah à Baalbeck
Au moins deux membres du Hezbollah ont été tués dans ces frappes : Hassan Ali Younès, né en 1969 et originaire de Brital dans la Békaa, et Ahmad Mohammad Sindiane, né en 1966 et originaire du village de Ali el-Nahri, également dans la Békaa. Les deux combattants ont été tués « sur la route de Jérusalem », comme l’annonce systématiquement le parti chiite, sans préciser le lieu ni la date du décès. Mais selon notre correspondante, informée par des sources sécuritaires, ces deux combattants ont été tués dans la frappe israélienne près de Adous.
Si l’une des frappes a visé un entrepôt du parti chiite et l’autre un bâtiment abritant une institution civile relevant de la formation pro-iranienne, selon la même source, l’armée israélienne a affirmé avoir pris pour cible des sites utilisés par le « réseau de défense aérienne » du Hezbollah, affirmant que ce bombardement était une riposte à l’attaque contre le drone Hermes 450.

Pour mémoire

La carte al-Sajjad, nouvelle arme du Hezbollah

Selon notre correspondante, les entrepôts détruits appartiendraient à al-Sajjad Co-op, une chaîne de supermarchés du Hezbollah. Récemment construits, ces entrepôts sont destinés à l’emballage de marchandises avant leur distribution aux coopératives du parti, précise une source sécuritaire à notre correspondante. Elle ajoute, sur base de sources sécuritaires, que la plaine concernée, qui regroupe les villages et lieux-dits de Iaal, Adous, Hoch Tell Safiyé et Bouday, abrite des hangars où sont entreposés des produits alimentaires. « Les entrepôts et une voiture transportant les produits alimentaires ont été atteints par la frappe israélienne, non loin des fermes Lakkis », précise notre correspondante. Une maison appartenant à Mahmoud Mouawiya a été touchée dans la même frappe, ajoute-t-elle. La coopérative al-Sajjad est aussi connue sous le nom de « Makhazen al-Nour ». Elle est implantée au Liban-Sud, dans la banlieue sud de Beyrouth et à Baalbeck.

Sur l’un des lieux de la frappe israélienne, les équipes de secours à la recherche de personnes disparues. Photo fournie par une source sécuritaire à notre correspondante

 À l’issue des frappes, « le Hezbollah a érigé un rempart sécuritaire dans la région », indique à L’Orient-Le Jour Ali, un agriculteur de Hezzine, un village situé à quelques kilomètres du site de la double frappe israélienne, informé par des habitants des localités touchées. « Dans notre région agricole où nous sommes touchés de plein fouet par la crise économique au point de brûler de l’huile pour nous chauffer, la frappe israélienne aura forcément un impact sur la santé mentale d’une population déjà désespérée », ajoute Ali. « J’ai entendu deux, voire trois frappes », affirme-t-il. « Les localités de Adous, Majdaloun et Iaat regroupent, sur un périmètre de 5 km, des infrastructures éducatives, commerciales et industrielles appartenant au Hezbollah, institutions scolaires, stations d’essence, entreprises agricoles », précise l’agriculteur. Et lorsqu’on lui demande s’il a peur, il répond : « À la grâce de Dieu ! »

L’attaque « ne restera pas sans réponse »
En réaction, un député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, a averti, selon Reuters, que « l’attaque israélienne contre Baalbeck ne restera pas sans réponse ». Le mohafez de la région de Baalbeck-Hermel s’est, lui, contenté d’écrire sur X que « la citadelle de Baalbeck a tenu bon pendant des milliers d’années, personne n’a pu et ne pourra jamais éteindre son soleil ». 

La dernière frappe israélienne dans la Békaa remonte au 26 août 2019, lorsque des drones ont visé une base de la formation palestinienne du FPLP-CG liée au régime syrien, à proximité de la frontière libano-syrienne, au cours de trois frappes quasi simultanées. Le président libanais Michel Aoun avait alors qualifié l’attaque de « déclaration de guerre ». En mai 2023, cinq combattants de la même formation palestinienne avaient été tués dans l’explosion accidentelle d’une roquette sur l’une de leurs bases, dans l’est du Liban, une explosion que le groupuscule avait alors imputée à Israël. Ce que l’État hébreu s’était empressé de démentir. 

En écho aux menaces de Hassan Fadlallah, le Hezbollah a annoncé peu après avoir lancé une « soixantaine de roquettes » sur le « quartier général de la brigade du Golan à Nafah ». C’est la première fois que cette base, qui abrite plusieurs bataillons, est visée par le Hezbollah. Cette frappe a été lancée « en riposte aux frappes dans les environs de Baalbeck et aux attaques contre les villages et les maisons de civils », selon le texte. D’autres frappes ont également été revendiquées par le parti, tout au long de la journée, notamment sur Chtoula et sur des infrastructures militaires à Biranit. 

Élimination à Mjadel
L’enchaînement d’événements de la journée n’en est pas resté là. De nombreuses frappes ont ainsi été lancées par l’aviation et l’artillerie israéliennes sur des villages du Sud, dont certaines ont atteint des localités jusque-là épargnées comme Srayré dans le caza de Jezzine et Berghoz, dans celui de Hasbaya, ou encore la région entre la localité de Jarmaq et l’Iqlim el-Touffah, touchée après la chute du drone abattu, rapporte notre correspondant Mountasser Abdallah.

Le village de Aïta el-Chaab (Bint Jbeil) a, lui, été visé par trois bombardements consécutifs. Dans la soirée, le Jihad islamique et le Hezbollah ont annoncé que trois de leurs combattants avaient été tués dans ces frappes, qui ont aussi blessé deux secouristes affiliés au parti chiite. Dans un communiqué, les Brigades al-Qods, branche armée du Jihad islamique, ont annoncé qu'Ahmad Mohammad Hallaoué, 33 ans, et Hussein Walid Aoud, 28 ans, avaient été tués. Le Hezbollah a de son côté annoncé la mort de Mohammad Ali Moussalmani, né en 1988. Une source sécuritaire a confirmé qu'ils avaient tous les trois été tués à Aïta el-Chaab.

Une frappe de drone a par ailleurs visé une voiture à Mjadel. À bord du véhicule se trouvait un combattant du Hezbollah, Hassan Salamé, qui a été tué. Sa mort a été annoncée par le parti chiite. Les médias israéliens ont avancé que Hassan Salamé était un responsable régional du parti. 

Sur le front politique, les déclarations sonnaient en revanche comme des promesses de désescalade. Le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a assuré que le Liban « poursuit ses efforts en vue de contenir l’escalade et d’empêcher le pire ». M. Bou Habib, qui a reçu l’ambassadrice des États-Unis et l’ambassadeur d’Espagne à son bureau, a estimé que « les développements très inquiétants de ces quelques jours menacent non seulement la sécurité du Liban, mais celle de toute la région », selon un communiqué de son bureau de presse. « Notre approche vise à rechercher les solutions globales et durables en vue de sortir de cette crise et de ce conflit », a-t-il ajouté.

« Il est important de poursuivre les efforts diplomatiques pour parvenir à une solution et mettre un terme à la guerre », a déclaré de son côté le vice-président du Parlement libanais, Élias Bou Saab, dans des propos rapportés par plusieurs médias locaux. M. Bou Saab s’exprimait lors d’une rencontre avec Amanda MacGregor, chargée d’affaires de l’ambassade australienne au Liban. Il a aussi souligné qu’il fallait, après la cessation des hostilités, « résoudre les différends relatifs à la frontière terrestre » entre le Liban et Israël. M. Bou Saab a été l’un des principaux négociateurs du Liban dans le dossier de la délimitation de la frontière maritime et est en contact permanent avec l’émissaire américain Amos Hochstein qui espère aboutir à un cessez-le-feu, à l’application de la résolution 1701 et à la délimitation, dans une étape ultérieure, de la frontière terrestre.

« Il s’enflamme ! » Cette exclamation, lancée en arabe par un homme filmant un drone en feu qui tombe en virevoltant dans le ciel du Liban-Sud, plus précisément de l’Iqlim el-Touffah (région de Nabatiyé), après avoir été abattu par le Hezbollah, pourrait s’appliquer à la situation sécuritaire sur le front libanais, théâtre d’affrontements entre le Hezbollah et...

commentaires (1)

Les barbus decident du sort des Libanais et l’état pourri et inexistant s’empresse de parler de sa volonté d’apaisement alors qu’il n’a pas son mot à dire qu’il est tout simplement soumis à la volonté des mafieux iraniens.

Zeidan

22 h 18, le 26 février 2024

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Commentaires (1)

  • Les barbus decident du sort des Libanais et l’état pourri et inexistant s’empresse de parler de sa volonté d’apaisement alors qu’il n’a pas son mot à dire qu’il est tout simplement soumis à la volonté des mafieux iraniens.

    Zeidan

    22 h 18, le 26 février 2024

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