Rechercher
Rechercher

Politique - Commentaire

Tout sauf Joseph Aoun


Tout sauf Joseph Aoun

Le commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun, signant un drapeau libanais lors d'une cérémonie tenue à l'occasion de la fête de l'Indépendance à Rachaya, le 22 novembre 2023. Photo Nabil Ismaïl

Les « droits des chrétiens », le « prestige et les prérogatives du président de la République » : voilà les slogans qui résument les batailles politiques du Courant patriotique libre ces dernières années. Mais, aujourd’hui, le courant aouniste est plus que jamais mis à nu, noyé dans ses propres contradictions. Pourquoi ? La réponse pourrait se trouver à Yarzé.

Peu après les législatives de mai 2022, le chef du CPL, Gebran Bassil, s’est vu asséner un coup de la part de… son allié traditionnel, le Hezbollah : Nagib Mikati est reconduit à son poste de Premier ministre. Après la fin du sexennat de Michel Aoun, le parti orange a décidé de riposter : depuis décembre dernier, il boycotte tout Conseil des ministres tenu en période de vacance présidentielle. Car un gouvernement sortant n’a pas le droit de se réunir et prendre des décisions qui dépassent l’expédition des affaires courantes stricto sensu. Quelques mois plus tard, M. Bassil a  contribué à mettre en échec les tentatives de nommer un successeur à l’ex-gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, une des bêtes noires des aounistes. Là aussi, le motif était clair : pas de nomination avant de pourvoir à la vacance à la tête de l’État.

Tout cela, c’était avant que toute l’actualité politique locale ne tourne autour de Joseph Aoun. Nommé en 2017 par la même formation qui veut aujourd'hui s'en débarrasser, le numéro un de l'armée est un des plus sérieux candidats à la présidence de la République. Et c’est là que le bât blesse pour Gebran Bassil. Depuis le début du feuilleton de la présidentielle, M. Bassil a réussi à s’affirmer comme l’élément incontournable dans le choix du successeur de son beau-père. Le chef du CPL est conscient de sa position de force sur l’échiquier présidentiel. Il sait que c’est de lui que le Hezbollah a besoin pour faire élire son candidat, Sleiman Frangié. Il sait aussi que c’est de lui que dépend la bataille de l’opposition face au Hezbollah. De quoi lui permettre de tracer autant de lignes rouges qu’il veut. L’une de celles-ci est claire : non à Joseph Aoun. Dans cette bataille, le chef du CPL ne s’interdit rien,  au prix de renvoyer aux oubliettes tous les principes qu’il a longtemps brandis, cherchant à faire croire aux chrétiens qu'il est le seul porte-étendard de leurs « droits » et du prestige du plus haut poste qui leur est réservé dans la hiérarchie officielle. 


Lire aussi

Affaire Joseph Aoun : le CPL franchit un nouveau cap

Exit le respect de la Constitution à la lettre, et place à la confiscation du rôle de la présidence.  Désormais, les aounistes acceptent l’idée de voir un ministre sortant de la Défense proposer la nomination d’un commandant de la troupe à la faveur d’un décret signé par tous les membres de l’équipe ministérielle. Pire : le CPL ne trouve aucun problème à secouer l’armée, non seulement en appelant à un changement inopportun à sa tête en période de guerre, mais aussi en voulant imposer au futur président un chef de l’armée, une fonction pourtant traditionnellement liée au bon vouloir du premier. Dernière hérésie en date, celle avancée mercredi soir par le vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab (ancien ministre de la Défense aux rapports perturbés avec Joseph Aoun), qui a appelé à nommer un commandant en chef « provisoire » de l’armée. On n’en est pas encore là, serait-on tenté de rétorquer dans les rangs du CPL.

Un commandant « provisoire »
Sauf que l’essentiel est ailleurs. L’idée de la démarche est en soi condamnable. Car là aussi il s’agit d’une nomination qui empiéterait sur les prérogatives d’un chef de l’État qu’on ne parvient toujours pas à élire. Le mot d’ordre est on ne peut plus clair : tout sauf Joseph Aoun. De quoi confirmer que la bataille entre le général et le camp de l’ex-président Michel Aoun est d’abord d’ordre personnel. Même si le CPL s’efforce de convaincre l’opinion publique du contraire. Les aounistes n'arrivent toujours pas à « pardonner » (selon les termes de certains parmi eux) au chef de la troupe le fait d’avoir laissé le champ libre aux manifestants d’octobre 2019 de se déchaîner sur les places publiques contre le mandat de Michel Aoun. D’où leur volonté d’en finir avec Joseph Aoun qui pourrait leur disputer leur base populaire, traditionnellement attachée à l’institution militaire dont est issu le fondateur du CPL. Pour s’en assurer, il suffit de se rappeler qu’une cinquantaine de partisans du CPL originaires de Aïchiyé, village natal de Joseph Aoun dans le caza de Jezzine, ont claqué la porte du parti pour protester contre des accusations de « corruption » lancées par leur chef contre le patron de la troupe, sans preuves à l’appui. Gebran Bassil a réédité le même scénario dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux il y a deux semaines. Parallèlement, le ministre sortant de la Défense hausse le ton et lance des menaces à l'encontre de Joseph Aoun sans le nommer. Tant pis si cela met à mal une armée qui a les yeux rivés sur le sud du pays, tributaire de la moindre étincelle. Tant pis si cela porte un sérieux coup à Bkerké, la plus haute autorité religieuse maronite, qui veut maintenir Joseph Aoun à son poste pour préserver le même prestige de la présidence que le CPL prétend défendre. 


Lire aussi

Maintien de Joseph Aoun à son poste : pourquoi Raï semble aussi catégorique

Mais alors que les aounistes se noient dans leur isolement politique, tous les autres protagonistes, y compris le Hezbollah, ont défini leur priorité : la stabilité de l’armée en temps de guerre. Même Sleiman Frangié qui, théoriquement, devrait converger avec les aounistes sur l’importance de tourner la page du présidentiable Joseph Aoun, les a lâchés pour les beaux yeux d’un Hezbollah qui entretient une excellente relation de coordination avec le chef de l’armée. Gebran Bassil ferait donc mieux de commencer à avaler la pilule Joseph Aoun. Il a encore quelques semaines pour la digérer. 

Les « droits des chrétiens », le « prestige et les prérogatives du président de la République » : voilà les slogans qui résument les batailles politiques du Courant patriotique libre ces dernières années. Mais, aujourd’hui, le courant aouniste est plus que jamais mis à nu, noyé dans ses propres contradictions. Pourquoi ? La réponse pourrait se trouver à Yarzé.Peu...

commentaires (14)

Mme abi Akl Joseph Aoun le commandant en chef de l’armée fait le titre de votre article mais c’est G. Bassil qui en accapare le contenu .

Hitti arlette

15 h 21, le 28 novembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (14)

  • Mme abi Akl Joseph Aoun le commandant en chef de l’armée fait le titre de votre article mais c’est G. Bassil qui en accapare le contenu .

    Hitti arlette

    15 h 21, le 28 novembre 2023

  • Une Grenouille vit un Bœuf Qui lui sembla de belle taille. Elle qui n'était pas grosse en tout comme un œuf, Envieuse s'étend, et s'enfle, et se travaille Pour égaler l'animal en grosseur, Disant : « Regardez bien, ma sœur, Est-ce assez ? dites-moi : n'y suis-je point encore ? — Nenni. — M'y voici donc ? — Point du tout. — M'y voilà ? — Vous n'en approchez point. » La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages : Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs, Tout petit Prince a des Ambassadeurs, Tout Marquis veut avoir des Pages

    Christian Robin

    09 h 12, le 28 novembre 2023

  • La retraite, de toute évidence, ne sied pas bien aux anciens diplomates

    Zampano

    17 h 20, le 27 novembre 2023

  • Chroniques des annees noires de l'apres-Taef...

    Khoueiry Marc

    17 h 17, le 27 novembre 2023

  • Des clowns

    Abdallah Barakat

    15 h 20, le 27 novembre 2023

  • Ces gens-là n’aiment simplement pas le Liban… Leur soif de pouvoir, d’argent, de notoriété, surpassent, et de loin, l’intérêt du pays qu’ils prétendent représenter, voire défendre… Le problème est que les crapules de cet article sont loin d’être les seules crapules qui se disputent la carcasse du pays gisant, éventré et sans défense au pied d’un Cèdre qui commence à plier l’échine sous le poids de tant d’années de corruption, de jalousie, et de viols.

    Charles Ghorayeb

    14 h 14, le 27 novembre 2023

  • Il ne veut pas Joseph Aoun parce que Bassil ne veut pas de Chretien fort dans une position de pouvoir, sauf si cedit chretien lui est infeodé.

    Tina Zaidan

    11 h 58, le 27 novembre 2023

  • Prétendent

    Sissi zayyat

    11 h 26, le 27 novembre 2023

  • En résumé on peut dire que le slogan du gendron c’est tout sauf un sauver de notre pays. Il sait que ses jours sont comptés et profite de la naïveté et la lâcheté des cadres et des adhérents de son parti pour attirer toute la lumière sur lui encore un peu quitte à tout détruire avant qu’il ne soit évincé et de force par un pouvoir réellement démocratique pour mettre fin à ses déboires et sa force simulée tirée de l’aveuglement de tous ceux qui croient encore qu’il œuvre pour leur bien. Reveillez-vous il y a urgence à sauver votre seul refuge, votre pays ruiné par ceux qui prétendre le sauver

    Sissi zayyat

    11 h 02, le 27 novembre 2023

  • On attend toujours un sursaut patriotique des cadres et des adhérents de ce parti pour clouer le bec au seul incompétent qui a déjà fait preuve de son inaptitude à être ministre ou même diplomate en confondant les intérêts personnels avec celui de son pays et qui persiste à voir le mal dans toute personne qui essaie de nous tirer de cet enfer que lui et son bo père nous avait jeté sans vergogne ni regret. Il persiste à vouloir semer la chaos pour exister encore un peu. Qui peut encore croire à ses argumentations qui ne souffrent d’aucun doute quant à son but de détruire notre nation?

    Sissi zayyat

    10 h 49, le 27 novembre 2023

  • N.B. : Vacance présidentielle jusqu'à l élection de J.A. tant qu il n y a pas d'accords de paix dans la région . J.A = stabilité . _ C.A.

    Charles Aouad

    10 h 30, le 27 novembre 2023

  • Des petits, sans vision, motives rien que par des interets personels etroits, populisme, corruption: personnes n'a plus nuit aux chretiens et au Libanais en general (a part la crasse polichinelle corrompue) que ce parti dechu et son maitre-allie, alliance contre nature/destructrice- avec groupe de barbus mercenaires......Il est temps que les partisans hypnotises par la limonade-orangeade se reveillent et se joignent aux opposants (bien que peux en nombre et sans pouvoir, vu la situation actuelle) qui utilisent leur jugeotte, au moins pour minimiser le pouvoir de nuire d'un parti incompetent!

    Sabri

    05 h 49, le 27 novembre 2023

  • Ce que Gebran veut, Diu veut !

    Chucri Abboud

    03 h 13, le 27 novembre 2023

  • As days and months go by, the Lebanese public are seeing through the dishonesty, mendacity, lack of authenticity, lack of principles, lack of interest for the wellness & well-being of the Lebanese population and the Christian community, by Tayyar leadership. Bassil will do anything and everything to suit his narrow, personal interests at the expense of the Lebanese public and the Christian community in particular. The educated elites are abandoning Tayyar in droves as demonstrated in elections of professional orders and universities. The popularity of Tayyar is sinking precipitously.

    Mireille Kang

    01 h 11, le 27 novembre 2023

Retour en haut