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Politique - Focus

Maintien de Joseph Aoun à son poste : pourquoi Raï semble aussi catégorique

Ce qui est sûr, c’est que le patriarche veut garder le patron de la troupe dans la course pour Baabda, estime le politologue Karim Bitar.

Maintien de Joseph Aoun à son poste : pourquoi Raï semble aussi catégorique

Le patriarche maronite Béchara Raï (au centre) entouré d'une délégation parlementaire des Forces libanaises, à Bkerké, le 20 novembre 2023. Photo site web des FL

Béchara Raï n’en démord pas. Pour la troisième fois en l’espace de deux semaines, le patriarche maronite s'est prononcé pour une prorogation du mandat du chef de l’armée, Joseph Aoun, censé prendre sa retraite le 10 janvier prochain.

« En cette période extrêmement sensible et alors que la guerre gronde à notre frontière sud, il est de notre devoir de ne pas fragiliser le commandement de l’armée, jusqu’à l’élection d’un chef de l’État », a tonné le prélat dans son homélie dimanche. Il a même rejeté toute réédition du scénario appliqué avec la fin du mandat de l'ancien gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, en juillet dernier, à savoir la passation des pouvoirs au premier vice-gouverneur, Wassim Manssouri (chiite), faute d’entente autour d’une personnalité maronite. Il a également réitéré l’appel à l’élection d’un président de la République dans les plus brefs délais. Comprendre : pas de nomination d’un chef de la troupe avant la présidentielle car cette démarche relève des prérogatives du chef de l’État. Aux yeux du patriarche Raï, donc, le maintien de Joseph Aoun à son poste est une ligne rouge, n’en déplaise au chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Mais pourquoi Mgr Raï exprime-t-il ce soutien indéfectible au général Aoun ?

« Il est intolérable qu’on impose au président de la République, avant même son élection, le nouveau commandant de l’armée avant son élection », affirme Mgr Boulos Sayah, proche de Béchara Raï. Et de préciser : « Le patriarche prend fait et cause pour l’institution et son commandement. »

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Il n’en demeure pas moins que la position du patriarcat maronite complique la tâche au leader du CPL, prêt à tout pour en finir avec Joseph Aoun, un des plus sérieux candidats de troisième voie à la magistrature suprême. En témoignent les accusations de « corruption » lancées par M. Bassil contre le numéro un de la troupe dans une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux la semaine dernière. « La position claire du patriarche Raï dans ce dossier s’inscrit dans la continuité de la radicalisation de son discours contre le CPL et le Hezbollah », estime Karim Bitar, analyste politique contacté par L’Orient-Le Jour. Le patriarche a décoché ses flèches dimanche en direction de ceux qui bloquent la tenue de la présidentielle, à savoir le tandem chiite Amal-Hezbollah et leurs satellites qui torpillaient systématiquement le quorum avant le deuxième tour de vote lors des séances parlementaires dont la dernière remonte au 14 juin dernier. Et M. Bitar de poursuivre : « Le patriarche veut surtout affirmer que la couverture chrétienne au maintien de Joseph Aoun à son poste est assurée, en dépit du veto catégorique du courant aouniste. » Bkerké se range en effet aux côtés des Forces libanaises et des Kataëb pour la prorogation du mandat du patron de la troupe, ce qui isole le chef du CPL de plus en plus sur la scène chrétienne.

Le soutien de Bkerké à Joseph Aoun devrait-il ainsi être traduit comme un signe d’appui du patriarche à la candidature du général à la présidence de la République ? « Ce qui est sûr à ce stade, c’est que Mgr Raï veut garder Joseph Aoun dans la course pour Baabda », affirme Karim Bitar. « Sauf que cela ne suffit pas. La guerre en cours à Gaza pourrait rebattre toutes les cartes », ajoute l’analyste.

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Il reste que le forcing de la plus haute autorité religieuse maronite du pays favorise les chances d’une prorogation du mandat de Joseph Aoun. Mais qui prendra cette décision ? La réponse demeure entourée de flou, en attendant l’issue des contacts menés par le Hezbollah entre ses alliés, en l’occurrence Gebran Bassil et le duo Nagib Mikati-Nabih Berry.

Entre-temps, les FL poursuivent leur tournée en quête de la plus large couverture à leur proposition de loi prorogeant d’un an le mandat du chef de l’armée. Lundi, une délégation parlementaire du parti s’est entretenue avec Mgr Raï à Bkerké. « Nous sommes sur la même longueur d’onde avec le patriarche. Nous voulons éviter la vacance à la tête de la troupe », explique Ghayath Yazbeck, député présent à la réunion. Indiquant que le chef de l’Église maronite est soutenu par le Vatican et d’autres puissances occidentales dans ce dossier, il précise que Mgr Raï « se soucie peu de la façon dont le vide sera évité ». Il n’a donc aucun problème à ce que le gouvernement adopte la décision de retarder le départ à la retraite de Joseph Aoun, ou que le Parlement vote une loi allant dans ce sens. Le tandem Berry-Mikati bénéficie donc du feu vert de Bkerké. Un point de vue que Pierre Bou Assi, député FL, a exprimé depuis la tribune de Bkerké : « Tout commandant qui sera nommé maintenant n’a pas la même expérience que Joseph Aoun. »

Béchara Raï n’en démord pas. Pour la troisième fois en l’espace de deux semaines, le patriarche maronite s'est prononcé pour une prorogation du mandat du chef de l’armée, Joseph Aoun, censé prendre sa retraite le 10 janvier prochain. « En cette période extrêmement sensible et alors que la guerre gronde à notre frontière sud, il est de notre devoir de ne pas...

commentaires (2)

Enfin monseigneur enfin !!

Bery tus

05 h 51, le 21 novembre 2023

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Commentaires (2)

  • Enfin monseigneur enfin !!

    Bery tus

    05 h 51, le 21 novembre 2023

  • Quelle photo enrichissante

    Abdallah Barakat

    04 h 44, le 21 novembre 2023

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