Du côté du Sérail, c’est le silence radio. Depuis le début, samedi, de l’offensive du Hamas contre Israël à Gaza, le gouvernement sortant qui gère le pays en période de vacance présidentielle est aux abonnés absents. Alors que les autorités officielles adoptent cette politique de l’autruche, une des principales composantes du cabinet, à savoir le Hezbollah, se trouve être directement concernée par « la nouvelle guerre d’octobre », à tel point que toute décision de sa part pourrait avoir des implications sur un Liban en plein effondrement politique et économique. Surtout que le parti de Dieu a déjà manifesté sa disponibilité à s’inviter dans la partie à travers les roquettes lancées dimanche dans le secteur de Chebaa.
Quand est-ce que le cabinet démissionnaire sortira de sa léthargie ? Lundi, personne n’était en mesure de donner une réponse claire. L’Orient-Le Jour avait pourtant appris de source proche du chef du gouvernement sortant que le cabinet pourrait se réunir jeudi tel que prévu. Une information démentie dans des cercles proches du Sérail, où l’on affirme qu’« aucune décision n’a encore été prise sur ce plan ».
Dans la forme, rien de surprenant dans l’attitude du Sérail. Car le Premier ministre sortant Nagib Mikati est connu pour privilégier l’arrondissement des angles et éviter la confrontation, notamment celle qui pourrait le mettre en porte-à-faux avec le Hezbollah. Surtout dans un contexte politique tendu. Entre un Hezbollah qui pourrait entrer de plain-pied dans le conflit à la faveur de la logique de « l’unité des fronts » et les voix des ténors de l’opposition qui appellent à épargner au Liban une guerre dont il ne pourra pas supporter les conséquences fâcheuses, le Premier ministre semble avoir choisi la fuite en avant. Il n’a donc toujours pas convoqué son équipe pour une réunion consacrée à une guerre qui fait rage à quelques kilomètres du pays. Il reste que ce temps mort, Nagib Mikati le met à profit. « L’heure est aujourd’hui aux contacts avec tous les protagonistes concernés », affirme son conseiller Nicolas Nahas à L’Orient-Le Jour.
« La priorité du gouvernement »
Lundi, le bureau de presse du Sérail a d’ailleurs indiqué que le Premier ministre a mené une série de contacts avec plusieurs chefs d’État et de gouvernement. Les discussions ont principalement porté sur la situation au Liban-Sud. Selon le Sérail, M. Mikati a insisté sur le fait que la priorité du gouvernement réside dans la préservation de la sécurité et de la stabilité au Sud, ainsi que le maintien du calme le long de la ligne bleue et la conformité à la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité. « Les contacts que j’ai menés ont prouvé que les pays amis veillent à ce que le Liban reste à l’abri de la situation en Palestine », a ajouté le chef du gouvernement, toujours selon le Sérail.
Nagib Mikati s’est également entretenu avec le ministre sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, qui a indiqué, dans une interview publiée lundi par le quotidien saoudien Asharq al-Awsat, que « le Hezbollah avait donné des garanties au gouvernement libanais qu’il garderait ses distances par rapport au conflit en cours tant que l’État hébreu ne provoquait pas le Liban ». « Si Israël ne nous harcèle pas, il ne sera pas harcelé en retour, et (le Hezbollah) n’interviendra pas pour le moment », a dit le chef de la diplomatie depuis Washington. À l’issue de sa réunion avec M. Mikati, Abdallah Bou Habib a déclaré : « Nous ne voulons pas voir le Liban intervenir dans la guerre. Et tous les protagonistes internationaux nous lancent des appels dans ce sens. »
Pour le moment donc, rien ne prête à croire que le cabinet démissionnaire se réunira dans un avenir proche. Sauf qu’une telle démarche ne dépend pas uniquement de la volonté de Nagib Mikati. Elle est surtout tributaire de la décision des ministres sortants proches du Courant patriotique libre qui boudent les séances gouvernementales depuis décembre dernier. Vont-ils prendre part à une éventuelle séance consacrée à la question brûlante de Gaza ? « Que le Premier ministre nous convoque à la réunion, et nous aviserons », se contente de répondre le ministre des Affaires sociales, Hector Hajjar.
commentaires (13)
Le gouvernement Libanais ? Ca existe encore ?
JPF
00 h 29, le 11 octobre 2023