Jour II de la guerre entre le Hamas et Israël. Le Hezbollah a fait comprendre dimanche matin qu'il pourrait bien s'impliquer militairement dans ce conflit, après un tir de roquettes sur les fermes occupées de Chebaa, entraînant une riposte de l’artillerie israélienne. En soirée, Israël a ordonné l’évacuation des localités le long de la frontière avec le Liban.
« Tout ce que nous avons est avec vous », a déclaré le cheikh Hachem Safieddine, président du conseil exécutif du Hezbollah dimanche après-midi à l'adresse des combattants palestiniens, laissant ainsi entendre que le parti pro-iranien était prêt à soutenir le Hamas.
Firas Maksad, chercheur au Middle East Institute à Washington, estime que le Hezbollah n'a d'autre choix que de faire la guerre à Israël si Tel-Aviv venait à lancer une campagne d'envergure pour démanteler le Hamas... au risque d'entraîner le Liban dans une situation « qui pourrait être pire que celle de la guerre de 2006 ». Entretien express.
Y a-t-il des risques de voir le Hezbollah participer à la guerre que le Hamas mène contre l'armée israélienne ?
Il est difficile de prédire ce qui pourrait se passer, mais si l’État hébreu lance une invasion terrestre de Gaza pour tenter de détruire le Hamas, comme il l'a promis, je pense qu'il sera alors difficile pour le Hezbollah et l'Iran de rester les bras croisés. L'axe iranien a l'avantage d'avoir surpris Israël. L’État hébreu, lui, essaie encore de comprendre ce qui s'est passé et de reprendre son équilibre afin de passer à l'action.
Les roquettes lancées ce matin par le Hezbollah sont un avertissement qui vise à dissuader l’État hébreu de mener une invasion terrestre à Gaza. L'Iran, le Hamas et le Hezbollah estiment qu'Israël a déjà essuyé un coup dur et que le Hamas a déjà assez d'otages pour faire craindre plus de morts à Tel-Aviv. En revanche, Benjamin Netanyahu fait face à beaucoup de pression pour riposter et prendre sa revanche face au Hamas.
Si le Hezbollah se joint au combat, quelles seraient les conséquences pour le Liban ?
Les conséquences pourraient être dévastatrices. La situation pourrait être pire que celle de la guerre de 2006, entre le Hezbollah et Israël. Aujourd'hui, Tel-Aviv bénéficie d'un degré de sympathie et de soutien très fort sur la scène européenne ainsi qu'à Washington. Si Israël lance une opération majeure à Gaza et que ce conflit se transforme en guerre menée sur plusieurs fronts avec l'implication du Hezbollah, l’État hébreu trouvera certainement tout le soutien dont il aura besoin.
Si le Liban est à nouveau détruit, cette fois-ci, personne ne nous aidera à le reconstruire. Les pays du Golfe ne donneront pas d'argent au Liban, comme ils l'avaient fait en 2006. Je crains vraiment les conséquences qu'une telle guerre pourrait avoir, mais je pense que le Hezbollah va devoir faire un choix difficile.
Le Hezbollah serait-il prêt à mettre le pays en danger ? Les acteurs politiques libanais essaieront-ils de l'en dissuader ?
Je pense que le parti chiite préfère ne pas s'impliquer dans la guerre entre le Hamas et Israël. Il essaie de dissuader l’État hébreu d'en arriver à un conflit mené sur plusieurs fronts. Sauf qu'il s'agit d'une guerre sans précédent, à l'heure où Israël est menée par un gouvernement très à droite. L'Iran et le Hezbollah ne pourront pas assister à la destruction du Hamas sans rien faire. Ce sera certainement une décision difficile pour Israël, qui va devoir envahir Gaza pour démanteler le Hamas. Voilà pourquoi l’État hébreu a demandé à vider les colonies proches du Liban. Il craint que le Hezbollah ne participe à la guerre.
Malheureusement, au Liban, tous les acteurs politiques sont des spectateurs et c'est le parti chiite qui mène la barque. C'est lui qui prend les décisions stratégiques. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken essaie de mettre la pression sur le Hezbollah pour le dissuader, parce que tout le monde voit quelles pourraient être les conséquences d'une telle escalade.
commentaires (6)
Incroyables terroristes et complotistes, il va falloir apprendre à assumer ses choix et ses décisions avant de se lancer dans des guerres perdues d’avance. Les iraniens croient que tout leur est acquis parce que jusqu’à présent les pays arabes ne se sont pas montrés unis face à lui pour lui montrer de quoi ils seraient capables en un rien de temps. On revient toujours au même problème, la division des camps face à un seul ennemi qui prend sa force de leur rivalité et leur naïveté face à eux qui ne demandent pas plus pour les anéantir. Unissez-vous et vous verrez le miracle se réaliser en un claquement de doigts.
Sissi zayyat
11 h 23, le 10 octobre 2023