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Politique - Repère

Qui veut quoi pour l'après-Salamé ?

« L’Orient-Le Jour » fait le tour des protagonistes politiques sur la question de la succession à la tête de la Banque du Liban.

Qui veut quoi pour l'après-Salamé ?

Le gouverneur de la banque centrale libanaise, Riad Salamé. Joseph Eid/AFP

Bienvenue en zone grise : le mandat de Riad Salamé à la tête de la Banque du Liban arrive à expiration fin juillet. Wassim Mansouri, le premier vice-gouverneur (chiite) censé lui succéder, menace, avec ses trois homologues, de démissionner si un nouveau patron de la BDL n’est pas nommé d’ici à fin juillet. Le chef du Parlement, Nabih Berry, vient de faire volte-face en accordant son feu vert à des nominations auxquelles procéderait le cabinet sortant. En face, Nagib Mikati semble hésitant. Il ne veut pas se lancer dans une démarche à même de susciter une levée de boucliers contre lui, notamment dans les rangs des partis chrétiens. Et puis, cerise sur le gâteau : le scénario d’un éventuel maintien de M. Salamé à son poste demeure sur la table. Mais il s’agit là d’une fuite en avant que Nagib Mikati veut éviter au vu des poursuites engagées contre le numéro un de la banque centrale dans plusieurs pays. Que se passera-t-il après le 31 juillet ? Comment sortir de cette impasse dans un contexte politique et financier tendu ? Les protagonistes pourront-ils s’entendre sur le futur gouverneur ? L’Orient-Le Jour a fait le tour des principaux partis politiques pour tenter de répondre à ces questions.

L'édito de Issa GORAIEB

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Riad Salamé est la véritable bête noire du CPL et de son chef, Gebran Bassil. Sauf que cela ne signifie pas que le parti accordera son feu vert au cabinet Mikati pour désigner un nouveau gouverneur de la Banque du Liban. Car aux yeux du courant aouniste, la Constitution est claire : un gouvernement sortant ne peut qu’expédier les affaires courantes dans le sens le plus strict du terme. Et l’affaire Salamé ne déroge pas à cette règle. D’autant plus que les ministres proches du CPL boycottent les séances du cabinet Mikati, l’accusant d’enfreindre la Loi fondamentale sur ce point. « Il n’est pas question que le gouvernement sortant nomme un nouveau gouverneur avant l’élection d’un président », affirme un ancien député du parti. Selon lui, le cabinet a le choix entre deux options pour éviter le vide à la tête de la banque centrale : soit nommer un tuteur légal, soit Wassim Mansouri en attendant que le futur chef de l’État soit élu. Mais quid de la dernière menace des quatre vice-gouverneurs ? « C’est une fuite en avant inacceptable », commente l’ex-député CPL, rappelant qu’« aucun d’entre eux n’a pensé à jeter l’éponge au moment des (mauvaises) ingénieries financières concoctées par Riad Salamé ».

Le tandem chiite Amal-Hezbollah 

C’est surtout le président de la Chambre, Nabih Berry, qui a rebattu toutes les cartes. Après avoir donné l’impression d’avaliser l’option Wassim Mansouri, il s’est dit, jeudi, et à la surprise générale, pour « les nominations de nécessité quelles qu’elles soient ». « Dans un cabinet d’expédition des affaires courantes, nécessité fait loi », a-t-il tonné dans des déclarations au quotidien pro-Hezbollah al-Akhbar. Des propos à même de donner l’impression qu'il a retiré l’option Mansouri. Cette démarche explique-t-elle la publication du communiqué conjoint des quatre vice-gouverneurs quelques heures plus tard ? Personne n’est en mesure de répondre à la question, du moins pour le moment. « Nous préférons qu’un gouverneur soit nommé dans les plus brefs délais pour éviter le pire au niveau économique et financier », se contente de dire un proche de Aïn el-Tiné. Des propos qui mettent en lumière les divergences de points de vue entre Amal et  le Hezbollah sur ce plan. « Notre position n’a pas bougé d’un iota : le gouvernement sortant ne peut pas nommer. C’est Wassim Mansouri qui devrait remplacer Riad Salamé », affirme Mohammad Afif Naboulsi, le porte-parole du parti de Dieu, assurant que celui-ci n’a pas de favori pour le poste.

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Le PSP est-il dans une position critique vis-à-vis de Nabih Berry, partenaire traditionnel du leader druze Walid Joumblatt ? Le camp joumblattiste est pour un consensus qui mènerait à la désignation d'un successeur à Riad Salamé, comme le révèle Marwan Hamadé, député joumblattiste, contacté par L’OLJ. Une façon de ne pas faire porter seul à Nagib Mikati la responsabilité d’une telle décision dans un contexte de tensions politiques. « Si l’entente s’avère impossible, il faudra que Wassim Mansouri prenne la relève, loin de tout caprice », déclare sans ambages le député du Chouf, dans une pique tant aux quatre vice-gouverneurs qu’à Nabih Berry lui-même. « Démissionner de l’administration publique n’est pas chose facile. On peut tout simplement refuser la démission de M. Mansouri et ses collègues. Car ils doivent tenir leurs responsabilités », affirme Marwan Hamadé, assurant que son camp n’a pas de candidat pour le poste de gouverneur. « Nous verrons la liste des noms afin de choisir les plus compétents », dit-il.

Les Forces libanaises 

Les Forces libanaises étaient le seul parti chrétien à se montrer favorable à la nomination d’un patron de la BDL de la part d’un cabinet qui expédie les affaires courantes, arguant que les circonstances exceptionnelles justifient des décisions exceptionnelles. Aujourd’hui, le parti maintient cette position, en y apportant quelques nuances. « Nous sommes pour la désignation d’un gouverneur par principe », affirme Razi Hajj, député FL. « Mais nous craignons des nominations obéissant à la logique d'un partage du gâteau de la part de ce gouvernement et ses parrains », dit-il dans une pique au tandem chiite, Amal-Hezbollah. M. Hajj s’empresse toutefois de préciser que pour son parti, la priorité absolue demeure l’élection d’un président pour assurer le bon fonctionnement des institutions, dont la BDL. « Nous ne sommes pas responsables de la menace de vide qui plane sur la banque centrale. Cela incombe à ceux qui bloquent la tenue de l’échéance », souligne le député dans une nouvelle critique au Hezbollah et ses alliés qui provoquent un défaut de quorum de manière systématique avant le second tour de vote lors des séances électorales.

Mais en attendant l’élection d’un président, les FL ont-elles commencé à penser au futur patron de la BDL ? « Non », répond Razi Hajj. « Nous n’avons aucun candidat à ce poste », affirme-t-il. « Même quand le nom de Camille Abou Sleiman a été évoqué dans les coulisses, nous n’avions pas exprimé notre soutien », assure le parlementaire dans une référence à l’ancien ministre du Travail ( proche des FL) aujourd’hui considéré comme un des plus sérieux prétendants au poste de gouverneur de la BDL.

Les Kataëb

Ce parti de l’opposition, également un des plus hostiles à Riad Salamé, se montre intraitable : la priorité absolue est à l’élection d’un président de la République. Dans les milieux de Saïfi, on ne veut même pas penser aux choix à faire pour préparer l’après-Salamé. « Ce n’est pas uniquement la BDL qui est menacée de paralysie. La banque centrale n’est qu’une des facettes de la crise. L’essentiel, c’est que le pays dans son ensemble est bloqué », souligne un responsable Kataëb haut placé qui a requis l’anonymat. « Pourquoi faut-il s’employer à trouver des jurisprudences pour justifier les entorses à la Constitution ? » s’interroge-t-il, soulignant que « le camp qui empêche la tenue de la présidentielle est responsable du vide qui menace tant la BDL que l’armée (avec le départ à la retraite du chef de la troupe Joseph Aoun, en janvier 2024) ». « La solution est très simple. Il suffit que Nabih Berry accomplisse son devoir et convoque la Chambre à une séance électorale », conclut le responsable Kataëb. 

Bienvenue en zone grise : le mandat de Riad Salamé à la tête de la Banque du Liban arrive à expiration fin juillet. Wassim Mansouri, le premier vice-gouverneur (chiite) censé lui succéder, menace, avec ses trois homologues, de démissionner si un nouveau patron de la BDL n’est pas nommé d’ici à fin juillet. Le chef du Parlement, Nabih Berry, vient de faire volte-face en accordant son...

commentaires (3)

Bien dit, Michel Trad. Le mal a atteint un point de non retour, maintenir les mêmes est une gangrène pour le Liban. Qu’ils s’en aillent tous en premier lieu le premier ministre suivi de son ami Riad Salamé et qu’on nomme un nouveau président, un premier ministre, un gouverneur et qu’on interdise un défaut de quorum.

Mohamed Melhem

13 h 19, le 08 juillet 2023

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Commentaires (3)

  • Bien dit, Michel Trad. Le mal a atteint un point de non retour, maintenir les mêmes est une gangrène pour le Liban. Qu’ils s’en aillent tous en premier lieu le premier ministre suivi de son ami Riad Salamé et qu’on nomme un nouveau président, un premier ministre, un gouverneur et qu’on interdise un défaut de quorum.

    Mohamed Melhem

    13 h 19, le 08 juillet 2023

  • Un passe temps. Tout est prévu, le reste, c'est pour des caprices.

    Esber

    20 h 42, le 07 juillet 2023

  • Qu'ils s'en aillent. Tous. Le gouverneur et ses vices. Le premier ministre, son vice et son ministre des finances. Le vide sera certainement moins nuisible au pays que le maintien de cette bande mafieuse. Bon debaras.

    Michel Trad

    19 h 20, le 07 juillet 2023

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