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Société - Santé

Les intoxications alimentaires au Liban sont-elles en hausse ?

« L’Orient-Le Jour » a recueilli les témoignages de victimes et interrogé des experts sanitaires et des restaurateurs.

Les intoxications alimentaires au Liban sont-elles en hausse ?

Un cuisinier préparant du chawarma dans un restaurant libanais. Photo d’illustration AFP

« Mon burger contenait des légumes crus. Après avoir mangé mon déjeuner, j’ai commencé à me sentir mal. » « J’ai commandé une man’ouché avec des crudités (...). Diarrhée, vomissements et fièvre. J’ai suivi un traitement pendant 3 jours. »

Sur les réseaux sociaux, entre amis ou en famille, les témoignages de personnes souffrant d’intoxication alimentaire se multiplient ces dernières semaines au Liban, un pays où la sécurité sanitaire des aliments n’a jamais été un point fort.

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Alors que les restaurants, les bars et les stations balnéaires du pays en crise ne désemplissent pas, les cas d’intoxication alimentaire sont-ils vraiment en hausse ?

Pour démêler le vrai du faux, « L’Orient-Le Jour » a interrogé des experts et des restaurateurs et recueilli les témoignages de plusieurs victimes de ces intoxications alimentaires plus ou moins graves.

« Pour parler d’intoxication alimentaire, il est essentiel que les vomissements et la diarrhée surviennent simultanément peu de temps après la consommation des aliments, suivis rapidement par une fièvre », précise le Dr Nicolas Kouyoumji, pédiatre. « Dans le cas d’une infection alimentaire, il y a de fortes chances que le patient soit hospitalisé pendant une période minimale de 24 heures », ajoute-t-il.

« J’en suis traumatisée »
« J’ai commandé un hamburger dans une chaîne de fast-food américaine très connue. Mon plat contenait des légumes crus. J’avais à peine terminé mon déjeuner que je me sentais mal », raconte Sara*, la trentaine. « Douleurs au ventre, nausées, vomissements... Je n’en pouvais plus », témoigne-t-elle. « J'ai suivi un premier traitement à base d’antibiotiques, sans succès. J’ai dû prendre deux antibiotiques supplémentaires pour finalement guérir 30 jours plus tard, raconte la jeune femme. Aujourd’hui, je ne commande plus de plats contenant des légumes crus. J’en suis traumatisée. »

Élie, cadre dans un bureau, semble lui aussi avoir fait les frais des crudités. « J’ai commandé une man’ouché au zaatar et labné dans une boulangerie à Beyrouth, accompagnée de légumes crus », raconte-t-il. « Pour le déjeuner, j’ai commandé un plat de mouloukhiyé avec une collègue au bureau. Dans l’après-midi, j’ai commencé à me sentir mal. Ma collègue, quant à elle, n’a rien eu, ce qui confirme que le problème venait des légumes que j’avais consommés au petit déjeuner, affirme Élie. Diarrhée, vomissements et fièvre. J’ai suivi un traitement pendant trois jours, et maintenant je me sens beaucoup mieux, bien que la fièvre n’ait pas complètement disparu. »

Sur les réseaux sociaux, plusieurs témoignages accompagnés de vidéos ou de photos (qui ne sont pas toujours vérifiables) montrent des produits impropres à la consommation. En mai, une vidéo publiée par une cliente mécontente d’une grande chaîne de boulangerie-pâtisserie montrait un gâteau au chocolat plein de moisissures lors de la découpe. L’enseigne avait alors reconnu l’erreur et affirmé mener une enquête.


« La situation n’est pas alarmante »
Selon le Dr Kouyoumji, le taux d’intoxications alimentaires en 2023 n’est toutefois pas plus élevé que celui des années précédentes.

Et pour le professeur Georges Khalil, spécialiste en médecine interne et maladies infectieuses, les risques d’intoxication alimentaire sont présents partout. « Mais au Liban, la crise économique et les coupures de courant exposent la population à un risque accru », explique-t-il. « Les coupures de courant associées à la chaleur de l’été peuvent entraîner la consommation de produits en apparence normaux, mais altérés par la prolifération des bactéries (...) Mais la situation n’est pas alarmante », tempère-t-il.

Pour pallier les coupures de courant interminables, Raymond Yaghi, responsable du restaurant Red Deer dans la région de Baabda, explique avoir recours à des générateurs privés pour préserver la fraîcheur des produits servis. « En fin de journée, les restes sont distribués aux employés et rien n’est conservé pour le lendemain », affirme-t-il.

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Mais du côté des petits restaurants, les normes sanitaires semblent parfois plus difficiles à respecter.

« Depuis que mon mari et moi avons élargi l’offre sur notre menu et attiré plus de clients, je me retrouve submergée », raconte Zeinab Seblani, propriétaire d’un snack dans le quartier de Gemmayzé, à Beyrouth. Pour ne pas avoir à faire de compromis sur le plan de la propreté, elle a dû embaucher une employée supplémentaire.

L’Orient-Le Jour a tenté de contacter Tarek Younès, patron du service de protection du consommateur, relevant du ministère de l’Économie, ainsi que le ministre sortant de la Santé, Firas Abiad. Tout deux n’étaient pas disponibles dans l’immédiat.

*Le prénom de la personne interviewée a été changé à sa demande.

« Mon burger contenait des légumes crus. Après avoir mangé mon déjeuner, j’ai commencé à me sentir mal. » « J’ai commandé une man’ouché avec des crudités (...). Diarrhée, vomissements et fièvre. J’ai suivi un traitement pendant 3 jours. »Sur les réseaux sociaux, entre amis ou en famille, les témoignages de personnes souffrant d’intoxication alimentaire se multiplient...

commentaires (2)

Il faudrait élargir le texte en parlant de comment on peut se protéger. Les causes les plus communes sont soit une intoxication aux toxines d’un staphylocoque doré, ou E.Coli (O157 la hantise), ou la salmonellose, et sans oublier l’éventualité d’une brucellose. Médecin de profession, on toujours du mal à identifier le germe responsable. La grande utilisation aléatoire d’antibiotiques a aussi créé des résistances bactériennes hors-pair! Parfois nécessitant un traitement antibiotique en IV. Il faut surtout se méfier quand un restaurant à un menu de beaucoup de page! Une-deux pages n’est pas un gage de qualité mais il y a moins de chance que les aliments sont congelés. La grande bête noire c’est l’eau qui n’est pas sûre! Les légumes crûs lavés à l’eau de robinet est un énorme drapeau rouge! Il faut utiliser des pastilles de chlore ou l’eau de bouteille. Finalement on attend le résurrection du Choléra au Liban vers la fin de l’été (ou pas)

Vlad Chaddad

08 h 11, le 05 juillet 2023

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Commentaires (2)

  • Il faudrait élargir le texte en parlant de comment on peut se protéger. Les causes les plus communes sont soit une intoxication aux toxines d’un staphylocoque doré, ou E.Coli (O157 la hantise), ou la salmonellose, et sans oublier l’éventualité d’une brucellose. Médecin de profession, on toujours du mal à identifier le germe responsable. La grande utilisation aléatoire d’antibiotiques a aussi créé des résistances bactériennes hors-pair! Parfois nécessitant un traitement antibiotique en IV. Il faut surtout se méfier quand un restaurant à un menu de beaucoup de page! Une-deux pages n’est pas un gage de qualité mais il y a moins de chance que les aliments sont congelés. La grande bête noire c’est l’eau qui n’est pas sûre! Les légumes crûs lavés à l’eau de robinet est un énorme drapeau rouge! Il faut utiliser des pastilles de chlore ou l’eau de bouteille. Finalement on attend le résurrection du Choléra au Liban vers la fin de l’été (ou pas)

    Vlad Chaddad

    08 h 11, le 05 juillet 2023

  • J'ai moi-même souffert d'une intoxication alimentaire. Pas d'antibiotiques car c'est viral. 3 jours et après ça passe. Alimentation médicale pendant 3 jours et après ça va. C'est pas chouette, ça se passe partout au monde. Je vivais en Europe et je l'ai eu. La nourriture c'est très délicat. Bref.

    Eddy

    21 h 19, le 03 juillet 2023

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