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Santé - Santé

Epidémie de choléra : quels risques à consommer des aliments crus ?

Laver fruits et légumes à l’eau chlorée, éviter les fruits de mer et la viande crus, faire attention à ce que l’on commande au restaurant... « L’OLJ » fait le tour des recommandations à appliquer avec plusieurs experts. 

Epidémie de choléra : quels risques à consommer des aliments crus ?

Il est recommandé de laver les fruits et légumes dans une eau sûre, et les laisser tremper pendant 5 minutes dans une solution d'eau chlorée. Photo Bigstock

Les débats s’enflamment autour de la question des risques de transmission, et les informations contradictoires affluent sur les moyens de se protéger contre l’épidémie de choléra qui fait sa réapparition au Liban pour la première fois depuis 1993. Depuis le 5 octobre, 305 cas et 11 morts ont en effet été recensés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé, datant du 26 octobre au soir. Beaucoup se posent des questions, notamment sur la désinfection des aliments et les risques de les consommer crus. Quels conseils pour une consommation saine en temps de choléra ?

Laver soigneusement les fruits et légumes
Le plus grand danger pour la spécialiste en santé publique May Jurdi réside au niveau des fruits de mer (poissons, mollusques, crustacés) mangés crus. « Ce sont les plus exposés, surtout s’ils ont vécu dans des eaux polluées comme c’est le cas au Liban », souligne-t-elle. Même mise en garde vis-à-vis de la viande crue, associée à différents types d’infections. En temps d’épidémie, il convient donc de bien cuire la viande, le poisson et tous les fruits de mer pour se protéger.

Concernant la question de savoir si les fruits et légumes peuvent être contaminés par une eau polluée – dans un contexte où l’eau des égouts est utilisée de manière extensive pour l’irrigation ou qu’il y a eu infiltration des eaux usées dans les canalisations –, May Jurdi affirme qu’« aucun fruit ou légume n’est plus dangereux qu’un autre, mais ils doivent être nettoyés correctement, surtout s’ils sont consommés crus ».

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À cette fin, elle recommande de les laver avec une eau sûre en se servant d’une éponge et de savon non parfumé (par exemple, le savon naturel libanais), puis de les rincer à l’eau et de les laisser ensuite tremper pendant 5 minutes dans une solution d’eau chlorée. « S’il est vrai que le vinaigre préserve des bactéries, il doit être ajouté en trop grande quantité pour être efficace contre celle du choléra, ce qui peut détériorer la qualité des fruits et des légumes », précise la spécialiste. Elle conseille ainsi d’éviter de manger des fruits et légumes crus au restaurant, puisqu’on ne sait pas comment ils ont été lavés.

Pas de danger sur les produits agricoles de la Békaa, selon Tarchichi
Mais quelle est la proportion de risque que ces produits agricoles soient effectivement contaminés ? Interrogé par L’OLJ sur la crise du choléra au Liban et les craintes qui entourent la consommation de fruits et légumes, dont beaucoup proviennent de la Békaa, Ibrahim Tarchichi, président de la fédération des agriculteurs de cette région, estime qu'elle est minime et explique pourquoi. « Nos légumes sont parfaitement sains car ils sont arrosés avec une eau propre provenant des puits », affirme-t-il. Dans cette région agricole, lorsque la sécheresse commence aux mois de mai et juin, du fait de l’assèchement des sources, le seul moyen d’irriguer est l’eau des nappes phréatiques collectée dans les puits, explique le syndicaliste. Il poursuit : « Un décret du mohafez de la région interdit d’installer des stations d’irrigation depuis Zahlé jusqu’au lac de Qaraoun, en passant par Baalbeck et Hermel. Il est donc formellement interdit d’utiliser des générateurs sur le fleuve ni près des bouches d’égout dans toute cette zone, ce qui représente une garantie que tous les fruits et légumes de la Békaa sont propres et comestibles. »Kamal Slim, expert en qualité de l'eau ayant effectué de nombreuses recherches sur le bassin du Litani, émet cependant des doutes. « Tant qu'on n'effectue pas des tests hebdomadaires sur les sources d'eau, voire quotidiens dans le cas d'une crise pareille, on ne peut être sûr de rien, dit-il. La pollution de l'eau n'a rien de nouveau, et celle-ci est le vecteur de plusieurs maladies. » Selon l'expert, il faut que l'attention que l'on porte actuellement à ce sujet épineux en raison de l'épidémie du choléra se transforme en une campagne soutenue afin de venir à bout du problème.

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« Si les fruits et légumes de la Békaa transmettaient le choléra, il y aurait des centaines de cas », insiste pour sa part Ibrahim Tarchichi, affirmant qu’un « suivi rigoureux » des produits est effectué, des agriculteurs aux grossistes. « Nous connaissons bien tous les commerçants, et si un quelconque problème est détecté, les marchandises sont saisies et les responsables jetés en prison, poursuit-il. Fort heureusement, jusqu’à présent aucun incident de la sorte ne s’est produit. Il n’y a pas eu d’entorse à la loi car irriguer avec une eau sale représenterait non seulement un danger pour la santé publique, mais aussi, et en premier lieu, pour la famille de l’agriculteur dont la réputation serait ainsi ternie. »

« On voit bien que les cas de choléra se concentrent à Ersal, une zone frontalière avec la Syrie qui abrite un camp de réfugiés rassemblant une forte concentration d’habitants, contraints d’utiliser une eau insalubre », ajoute-t-il.

Assainir l’eau utilisée à la maison
En tout état de cause, et outre la désinfection des aliments consommés crus, l’eau utilisée à la maison doit être assainie, afin de supprimer les microbes susceptibles de transmettre l’épidémie. « Que l’on utilise l’eau courante du réseau, l’eau des camions-citernes ou l’eau de source vendue en gallons, on doit impérativement ajouter du chlore (eau de javel) que l’on trouve sur le marché sous les noms d’Odex ou encore Clorox. Mais attention aux produits parfumés : de l’eau de javel classique est recommandée car les arômes tels que le citron ou le jasmin contiennent des impuretés », précise May Jurdi. La scientifique préconise deux gouttes de chlore pour un litre d’eau, soit l’équivalent d’une « petite cuillère à café » pour un gallon.

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« Dans le contexte actuel de propagation de l’épidémie, il est très important de concentrer les efforts au niveau national sur le réseau de distribution, afin de contrôler l’eau tant chez les fournisseurs (publics ou privés), que chez les vendeurs », poursuit-elle. Pour l’experte en santé environnementale, la question majeure tient dans le système déficient de l’eau, de même que la mauvaise gestion des eaux usées qui pose problème depuis plus de 25 ans. « L’eau des réseaux de distribution doit en permanence contenir du chlore, rappelle-t-elle. Pour cela, une surveillance élargie doit être mise en œuvre à ce moment critique. »

Même l’eau vendue dans les gallons n’est pas contrôlée au niveau de la source. « Quelques échantillons ont été prélevés, cependant un suivi régulier est plus que nécessaire », regrette May Jurdi. 


Les débats s’enflamment autour de la question des risques de transmission, et les informations contradictoires affluent sur les moyens de se protéger contre l’épidémie de choléra qui fait sa réapparition au Liban pour la première fois depuis 1993. Depuis le 5 octobre, 305 cas et 11 morts ont en effet été recensés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé, datant du 26...
commentaires (1)

Prière de noter qu'il ne peut pas s'agir d'une petite tasse de café d'eau chlorée qui est équivalente à 40 ou 50 millilitres, ce qui est toxique. Très probablement, il s'agit d'une petite cuillère à café, qui est en fait le double de la dose requise.

Esber

20 h 11, le 26 octobre 2022

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Commentaires (1)

  • Prière de noter qu'il ne peut pas s'agir d'une petite tasse de café d'eau chlorée qui est équivalente à 40 ou 50 millilitres, ce qui est toxique. Très probablement, il s'agit d'une petite cuillère à café, qui est en fait le double de la dose requise.

    Esber

    20 h 11, le 26 octobre 2022

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