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Politique - Entretien express

Pourquoi le Hezbollah a installé une tente dans une zone frontalière contestée ?

Le stratège militaire et général à la retraite Élias Hanna estime que cette manœuvre ne mènera pas à une escalade sécuritaire, mais qu'elle a une portée symbolique pour le parti pro-iranien. 

Pourquoi le Hezbollah a installé une tente dans une zone frontalière contestée ?

Un combattant du Hezbollah portant un missile lors d'une démonstration militaire devant les médias, le dimanche 21 mai 2023. Photo L’OLJ

C'est un énième incident qui est venu troubler le calme fragile le long de la ligne bleue, la « ligne de retrait » tracée par les Nations unies en juin 2000, à la frontière entre le Liban et Israël.  Mercredi, l'État hébreu a affirmé que le Hezbollah a installé sur son territoire au moins une tente militaire. L'armée israélienne a fait savoir qu'elle avait l'intention de traiter cette affaire « par la voie diplomatique ». Elle a toutefois menacé de recourir à la force si cette tente n'était pas enlevée rapidement. Selon la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), la tente en question se trouve dans une « zone frontalière contestée ». L'endroit dans lequel elle est installée est proche de celui où un agriculteur libanais avait défendu, début juin à Kfarchouba (caza de Hasbaya), son terrain face à un bulldozer de l'armée israélienne. Le 9 juin, des soldats israéliens avaient tiré des gaz lacrymogènes en direction de manifestants libanais, dans la même région, au cours d'un mouvement de solidarité avec cet agriculteur.

La multiplication des accrochages à Kfarchouba menace-t-elle la sécurité de la frontalière libanaise ? Quelle est la situation actuelle le long de la ligne bleue ? Le général à la retraite et stratège militaire Élias Hanna décrypte la situation pour L'Orient-Le Jour

Quels sont les enjeux de l'installation d'une tente près de la ligne bleue à Kfarchouba? Ce genre d'agissements revêt-il une importance militaire pour le Hezbollah? 

Le village de Kfarchouba n'est pas situé sur la ligne d'attaque utilisée habituellement par le Hezbollah. L'installation d'une tente dans une zone frontalière contestée près de ce village n'est pas importante, militairement parlant, mais elle est symboliquement marquante. Le fait que le Hezbollah ait pu installer une tente à cet endroit et que cette structure soit toujours en place peut être considéré comme une victoire pour ce parti et un échec pour Israël. Le parti chiite profite de certaines brèches pour marquer des points.  Cet endroit pourrait être utilisé par le parti pro-iranien dans le futur. Le Hezbollah crée de nouvelles infrastructures pour toute opération à venir. 

Ce type d'incident peut-il mener à une escalade entre les deux pays ?

Il n'y a pas de risques de guerre ou d'escalade militaire. Le Hezbollah et Israël continuent de respecter les règles d'engagement pour l'instant. Ces règles ont été établies en 2006 (après la guerre de juillet 2006 entre le Hezbollah et l'État hébreu), avec le vote de la résolution 1701. Le jour où la Finul cessera d'être un référent au Liban-Sud, cela voudra dire que les règles du jeu ont changé.  Les événements qui ont lieu dernièrement font partie d'une sorte d'usure continuelle accumulative. Il s'agit d'incidents simples qui frappent le système en place, mais qui ne risquent pas de mener à l'implosion de ce système de sitôt. 

Comment décririez-vous la situation actuelle le long de la ligne bleue ?

Le statu quo règne à l'heure actuelle dans cette zone frontalière, car, pour le moment, tout le monde y est favorable.  Le Hezbollah a un agenda local, au niveau de la communauté chiite, ainsi qu'un agenda régional, proche du régime iranien. Si les États-Unis arrivent à un accord avec l'Iran, on se dirigera vers une accalmie. Mais il y aura toujours quelques incidents, par-ci par-là, qui constituent un besoin pour le Hezbollah et qui s'inscrivent dans le cadre de la problématique de la survie et de l'existence de ce parti. Je pense que le rapprochement saoudo-iranien permettra également de maintenir ce statu quo. Personne n'a intérêt aujourd'hui à ce qu'il y ait un changement à ce niveau. 

C'est un énième incident qui est venu troubler le calme fragile le long de la ligne bleue, la « ligne de retrait » tracée par les Nations unies en juin 2000, à la frontière entre le Liban et Israël.  Mercredi, l'État hébreu a affirmé que le Hezbollah a installé sur son territoire au moins une tente militaire. L'armée israélienne a fait savoir qu'elle avait l'intention de...
commentaires (4)

Que l’on s’arrête la. Qu’Israël ne mêle pas tout le reste du Liban à Kfarchouba.

Mohamed Melhem

14 h 27, le 23 juin 2023

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Commentaires (4)

  • Que l’on s’arrête la. Qu’Israël ne mêle pas tout le reste du Liban à Kfarchouba.

    Mohamed Melhem

    14 h 27, le 23 juin 2023

  • Minables.

    Brunet Odile

    01 h 00, le 23 juin 2023

  • Le HB essaie par tous les moyens de continuer à exister aux yeux des occidentaux qui n’ont d’yeux que pour lui et des oreilles attentives à ce qu’il veut leur faire entendre. Que du cinoche pour effrayer les plus lâches qui croient qu’il est à la hauteur de ses menaces si ses désirs impérieux ne sont pas satisfaits. Des démonstrations fallacieuses tout comme ses discours et ses propagandes militaires. En attendant, Israël a obtenu ce qu’elle voulait quand aux exploitations gazières, la Palestine n’a toujours pas été libérée, mais qu’importe, tant qu’il y aurait des naïfs qui croient que ce parti est capable de Déclencher une guerre de n’importe quel ordre et de la gagner.

    Sissi zayyat

    18 h 45, le 22 juin 2023

  • Les habitants de Kfarchouba sont les vrais resistants. Ismail est le heros de cette affaire. L'action du Hezb releve du plus pur populisme pour laisser croire que lui aussi resiste. La valeur de son acte n'est pas plus elevee que le prix de la toile de sa tente.

    Michel Trad

    17 h 55, le 22 juin 2023

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