Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé ne comparaîtra pas mardi à la séance qui lui avait été fixée par la juge d’instruction de Paris Aude Buresi, dans la capitale française, indique une haute source informée du dossier à L'Orient-Le Jour. Motif invoqué : il n’en a pas été notifié.
M. Salamé fait l'objet d'une enquête menée par une délégation de magistrats européens sur des soupçons de malversations financières. Lui, son frère Raja et Marianne Hoyek, ancienne assistante du gouverneur, sont poursuivis pour corruption, faux et usage de faux, blanchiment d’argent, enrichissement illicite et évasion fiscale. Tous trois nient ces accusations.
Des policiers libanais se sont rendus pendant quatre jours consécutifs la semaine dernière au siège de la BDL pour délivrer la convocation, sans succès, a précisé à l'AFP lundi une source judiciaire libanaise. "À chaque fois qu'ils se sont présentés, le responsable de la sécurité de la BDL leur a répondu qu'il était absent", a ajouté cette source.
En mars dernier, lors de son passage à Beyrouth où elle avait entendu M. Salamé dans le cadre d’une audience menée par le Premier juge d’instruction de Beyrouth, Charbel Abou Samra, sur base d’une commission rogatoire de la justice européenne, Mme Buresi avait informé le gouverneur qu’elle comptait l’interroger à Paris le 16 mai. Mais le juge Abou Samra avait refusé ce moyen de notification, considérant que la salle d’audience n’était pas un lieu pour un magistrat étranger de notifier un justiciable libanais.
Trois tentatives de notifier le gouverneur... sans succès
La juge d’instruction de Paris était alors passée par les canaux réguliers, en l’occurrence le parquet de cassation libanais, qui a alors transmis le document à M. Abou Samra. Selon la haute source judiciaire jointe par L’OLJ, le magistrat Abou Samra a depuis tenté à trois reprises de notifier Riad Salamé, mais le document lui était retourné à chaque fois sans signature, c’est-à-dire sans accusé de réception. Selon cette source, ce sont les forces de sécurité qui étaient chargées d’exécuter la procédure, plus particulièrement le poste de police de Minet el-Hosn, à Beyrouth.
Les agents de sécurité, qui se sont rendus à la BDL, voyaient leur mission échouer parce que le gouverneur restait "introuvable". Aucun fonctionnaire ou employé, notamment sa secrétaire et son chef de bureau n’acceptaient de signer, invoquant le motif d’incompétence. Or, la même source judiciaire affirme que le chef du bureau est en fait compétent pour réceptionner le document adressé au gouverneur. Quant à savoir pourquoi le juge Abou Samra n’a pas choisi de notifier celui-ci à une autre adresse, elle indique que la notification doit être effectuée sur base de la seule adresse mentionnée dans la commission rogatoire, à savoir le siège de la BDL.
Quelles seraient les conséquences d’un défaut de comparution ? Un avocat libanais indique, sous couvert d’anonymat, que la juge Buresi ne pourrait pas engager directement des poursuites contre M. Salamé. Elle devrait choisir entre deux options : soit lui fixer une nouvelle audience pour l’interroger, soit émettre un mandat d’arrêt à son encontre afin de pouvoir l’entendre. Si elle ne parvient pas à le faire comparaître de l’une ou l’autre manière, elle pourrait décider de poursuivre la procédure et de juger le gouverneur par contumace.
Arrivée le 24 avril dernier à Beyrouth, la délégation européenne, formée de magistrats français, allemands et luxembourgeois, avait interrogé Raja Salamé début mai. Elle tente de faire la lumière sur des commissions perçues par une société appartenant au frère du gouverneur, Forry Associates Ltd, lors de ventes de titres financiers de la banque centrale. Quant à Marianne Hoyek, elle s'était présentée devant les juges les 27 et 28 avril.
Salamé , le contumax , jouira de ses milliards jusqu'à la fin de ses jours sans être inquiété .IL NOUS A BIEN EUS !
16 h 51, le 16 mai 2023