Raja Salamé entendu par les juges européens à Beyrouth

Après avoir manqué trois fois les audiences prévues devant les enquêteurs européens présents depuis la semaine dernière à Beyrouth, Raja Salamé, le frère du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, a finalement été interrogé jeudi par les juges. La délégation européenne mène une enquête sur les frères Salamé ainsi que sur plusieurs de leurs associés, soupçonnés de malversations financières. 

L'audition s'est tenue au Palais de justice de Beyrouth et a duré plusieurs heures. Une source judiciaire a confié à notre publication que M. Salamé a répondu à environ 140 questions. Son avocat s'est aussi engagé à fournir un document aux juges, a-t-elle ajouté.

Raja Salamé ne s'était pas présenté mercredi, pour la troisième fois en une semaine, à sa convocation. Son avocat, qui avait fait le déplacement jusqu'au palais de justice, a argué ne pas avoir reçu la convocation à cet interrogatoire et demandé son report. La semaine dernière, les deux absences de M. Salamé avaient été justifiées pour "raisons de santé". 

Arrivée le 24 avril à Beyrouth, la délégation européenne, formée de magistrats français, allemands et luxembourgeois, en est à son troisième déplacement au Liban, en vue de faire la lumière sur des commissions perçues par une société appartenant à Raja Salamé, Forry Associates Ltd, lors de ventes de titres financiers de la banque centrale. Les enquêteurs devraient rester au Liban jusqu'au 6 mai.

Riad et Raja Salamé, ainsi que Marianne Hoyek, l’ancienne assistante du gouverneur, sont poursuivis pour corruption, faux et usage de faux, blanchiment d’argent, enrichissement illicite et évasion fiscale. Mme Hoyek s'était présentée devant les juges les 27 et 28 avril. Cette semaine, les juges ont entendu dans le cadre de ces affaires deux auditeurs financiers ayant examiné les comptes de la BDL : Walid Nakfour, du cabinet Ernst and Young, et Antoine Gholam, du cabinet Semaan-Gholam. Mercredi, les enquêteurs européens avaient également entendu Raja Abou Asly, un responsable à la BDL.

Raja Salamé avait été libéré en mai 2022 contre une caution historique de 100 milliards de LL après avoir été arrêté et inculpé de "complicité d’enrichissement illicite", à l’issue d’une audience dans un tribunal à Beyrouth.