La procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban Ghada Aoun a été démise de ses fonctions jeudi par le conseil de discipline des magistrats, selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). Contactée par L’Orient-Le Jour, une haute source judiciaire n’a pas nié la véracité de cette information.
Les motifs de cette décision n’ont pas été divulgués à la presse, mais la juge Aoun faisait l’objet de plaintes auprès de l’Inspection judiciaire.
Ghada Aoun a fait appel de cette décision jeudi par le biais de son avocate, selon l'ANI. La présentation de ce recours en appel par la juge Aoun aura pour effet de suspendre sa mise à pied jusqu'à la décision finale du Haut conseil de discipline des magistrats, ce qui signifie que la procureure pourra reprendre son travail en attendant, explique l'ANI.
Peu après l'annonce de sa mise à pied, Ghada Aoun s'est exprimée devant une foule de sympathisants rassemblés devant le palais de justice de Beyrouth. Visiblement très émue, la magistrate a assuré n'avoir commis aucune erreur. "Je le dis tout haut, ces poursuites sont vindicatives", a-t-elle lancé. "Les dossiers que j’ai instruits ont été relancés sur le plan international. La question du fioul frelaté (impliquant les frères Rahmé) a été confirmée par les Etats-Unis. Riad Salamé est actuellement poursuivi (dans plusieurs pays européens)", a déclaré la juge. "Regardez l’état du pays, les gens sont dans une situation de misère absolue, ils n’arrivent même pas à se faire soigner et voilà qu’ils sont là à essayer de poursuivre un juge qui a fait son devoir en toute conscience", a-t-elle poursuivi. "Je n’ai peur de personne. Même s’ils veulent me tuer, je n’ai aucun problème", a-t-elle encore affirmé.
L'Inspection judiciaire avait vraisemblablement déféré son dossier auprès du conseil de discipline des magistrats qui a pris cette décision jeudi, selon la source précitée. Ce conseil est présidé par le juge Jamal Hajjar et formé des membres Mirna Bayda et Ayman Oueidate.
Ghada Aoun avait été déférée une première fois en avril 2021 devant l’Inspection judiciaire, après ses perquisitions ultra médiatisées au siège de la société Mecattaf, à Aoukar (Metn), devant une foule de partisans du Courant patriotique libre (CPL). Mme Aoun avait également refusé de se conformer à une décision du procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate, consistant à la dessaisir des affaires liées aux crimes financiers. La magistrate, qui a engagé au cours des dernières années des poursuites contre plusieurs responsables, dont le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, se retrouve souvent au centre de remous judiciaires et est réputée pour sa proximité avec le camp présidentiel et le CPL.
La magistrate a notamment comparu le 7 juillet 2022 devant Jamal Hajjar, président de la 6e chambre pénale de la cour de cassation. Elle avait témoigné au sujet de ce qui lui était reproché, à savoir "manquement au devoir de réserve et pratique de pression sur les magistrats de la cour d’appel chargée de l’examen de la plainte en cours contre elle".
Les motifs de cette décision n’ont pas été divulgués à la...
"Peu après l'annonce de sa mise à pied, Ghada Aoun s'est exprimée devant une foule de sympathisants rassemblés devant le palais de justice de Beyrouth. Visiblement très émue..." Pour une litote, c'est une sacrée litote! Visiblement "émue"? Mais dites plutôt "hystérique"!
15 h 32, le 06 mai 2023