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Société - Santé

Y a-t-il un vrai risque de propagation de maladies dans les campements syriens au Liban ?

Le ministère de la Santé s'inquiète d'une diffusion de la jaunisse et de l'hépatite après une réduction des aides de l'Unicef et du HCR aux réfugiés.

Y a-t-il un vrai risque de propagation de maladies dans les campements syriens au Liban ?

Des réfugiés syriens s'apprêtent à monter à bord d'un convoi de rapatriement, le 14 mai 2024, à Ersal, dans la plaine de la Békaa. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

Le ministre libanais sortant de la Santé, Firas Abiad, a mis en garde le 10 mai contre une propagation de maladies dans les campements de réfugiés syriens de la plaine de la Békaa, les agences d'aide internationale ayant du mal à fournir de l'eau potable en raison d'une réduction des financements.

Les cas de jaunisse, une maladie impliquant un jaunissement de la peau ou du blanc des yeux et généralement causée par une maladie du foie, et des cas d'éruptions cutanées, auraient augmenté dans les camps syriens au Liban, en raison d'un manque d'eau propre, affirme le ministre. « Cette situation est d'autant plus préoccupante que les maladies sous-jacentes qui causent la jaunisse peuvent être contagieuses et que les conditions dans les camps de déplacés pourraient entraîner une plus grande propagation, ainsi que l'émergence d'autres épidémies », a-t-il expliqué. La localité de Ersal, dans la Békaa, suscite des inquiétudes particulières.

Coupes budgétaires

M. Abiad a déclaré avoir été informé au début du mois de mai par le représentant au Liban du HCR, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, Ivo Freisen, qu'il y avait eu « une réduction d'environ 50 % de la couverture des soins de santé pour les réfugiés syriens au Liban ». La justification de ces réductions est liée aux coupes budgétaires en raison des crises mondiales en cours, notamment en Ukraine et à Gaza. Le représentant au Liban de l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance, Édouard Beigbeder, a annoncé pour sa part lundi que le financement des services d'eau, d'assainissement et d'hygiène de cette association dans les établissements informels avait diminué, tombant nettement au-dessous des niveaux prévus.

Le directeur des soins médicaux du ministère de la Santé, Joseph Hélou, confirme à L'Orient Today que le ministère a tiré la sonnette d'alarme en raison des coupes budgétaires de l'Unicef et du HCR. Le responsable affirme toutefois que certains chiffres « diffusés dans les médias sont incorrects » et rappelle que « l'année dernière, il y a eu beaucoup plus de cas d'hépatite ». Aujourd'hui, il craint que cette situation, associée au besoin croissant d'eau à l'approche de l'été, ne favorise la propagation des maladies.

Reportage

À Ersal, un retour « volontaire » en Syrie timide, et surtout teinté de peur

Contacté par L'Orient Today, le député des Forces libanaises (FL), Ghayath Yazbeck, président de la commission parlementaire de l'Environnement, prévient que la situation à Ersal peut évoluer à tout moment et se transformer en pandémie. « Ersal est le seul endroit où les migrants syriens louent des appartements et des maisons du village et vivent donc parmi les habitants. Cela signifie qu'en deux secondes, une propagation importante des maladies peut se produire », estime-t-il.

Selon M. Yazbeck, « la réduction des services de l'Unicef (...) conduit à une véritable catastrophe humanitaire, à commencer par les éruptions cutanées, l'hépatite et la gale ». Bien que l'Unicef se soit engagé à continuer de fournir des services d'eau et d'assainissement dans les camps informels au Liban, il affirme que les « services d'eau et d'assainissement du fonds de l'ONU se sont pratiquement arrêtés et que les camions-citernes d'eau potable ne viennent plus à Ersal ».

Un « problème depuis un certain temps »

Le député et membre de la commission parlementaire de la Santé, Abdel Rahman el-Bizri, se demande toutefois pourquoi ces préoccupations sont soulevées maintenant. « Nous sommes confrontés à ce problème depuis un certain temps, je ne sais pas pourquoi on s'en préoccupe aujourd'hui », dit-il. « Le Liban lutte depuis environ deux ans contre la jaunisse qui sévit dans la Békaa et la région de Baalbeck-Hermel, où il y a une forte présence de réfugiés syriens », souligne-t-il. Selon lui, « le gouvernement doit entretenir le système d'égouts du pays et faire pression sur le HCR et l'Unicef pour qu'ils fournissent des installations sanitaires et de l'eau propre ».

L'Orient Today a contacté Médecins sans frontières pour savoir si les maladies hydriques étaient en augmentation dans la région de Ersal. « Les observations dans nos deux cliniques ne nous permettent pas de fournir une réponse définitive concernant une propagation ou une épidémie. Il y a des cas de maladies d'origine hydrique et des affections cutanées – comme c'est le cas tout au long de l'année – mais il est trop tôt pour dresser un tableau complet ou signaler une augmentation remarquable des chiffres que nous voyons dans nos cliniques », répond l'ONG.

Un ressortissant syrien vivant dans l'un des camps de réfugiés à Ersal et qui n'a pas souhaité être nommé pour des raisons de sécurité affirme à L'Orient Today que les eaux usées ne sont pas évacuées dans certains camps. Un autre assure que certaines personnes ont contracté une hépatite, mais qu'elles se sont rétablies depuis.

Entre octobre 2022 et janvier 2023, une épidémie de choléra a sévi au Liban, avec 671 cas confirmés et 23 décès. Toutefois, aucun cas de choléra n'a été signalé cette année, après que des tests ont été effectués sur des résidents de Ersal soupçonnés d'être atteints de cette maladie.

Le gouvernement libanais continue de discuter des plans de rapatriement des migrants illégaux, tandis que la communauté internationale s'oppose à tout retour non volontaire en Syrie, en particulier en ce qui concerne les réfugiés politiques qui risquent d'être persécutés dans leur propre pays. Début mai, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé une aide d'un milliard d'euros pour le Liban lors d'une visite à Beyrouth. Plusieurs médias et responsables libanais ont assimilé ce financement à un moyen de « soudoyer » les autorités pour qu'elles maintiennent les réfugiés et les migrants syriens au Liban, ce que le gouvernement nie.

Le ministre libanais sortant de la Santé, Firas Abiad, a mis en garde le 10 mai contre une propagation de maladies dans les campements de réfugiés syriens de la plaine de la Békaa, les agences d'aide internationale ayant du mal à fournir de l'eau potable en raison d'une réduction des financements. Les cas de jaunisse, une maladie impliquant un jaunissement de la peau ou du blanc des...
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