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Nos Lecteurs ont la Parole

La destruction de l’âme culturelle du Liban

« Le Hezbollah menace l’identité du Liban. » (Samy Gemayel)

Il est vrai que le Hezbollah menace l’identité du Liban (ce qui n’est pas nouveau), mais la préservation de son identité passe forcément par la sauvegarde et la promotion de son identité culturelle qui s’est longtemps caractérisée par un bilinguisme non officiel arabe-français, et non arabe-anglais comme en témoigne l’intitulé du 32e congrès du parti Kataëb.

On va se dire « à quoi je pense », mais il y a de quoi y penser tant c’est devenu « in » de parler et d’écrire « Anglish » au pays de Georges Naccache, Michel Chiha et Charles Corm.

Le parti du francophone Pierre Gemayel s’est laissé à son tour assimiler et a viré lui aussi à l’anglais, emboîtant le pas aux « Lebanese Forces », ex-Forces libanaises fondées par le francophone Bachir Gemayel.

Bien sûr, personne, parmi l’assistance, les médias, le public, n’a remarqué ce détail, mais celui-ci en dit long sur le peu de cas que l’on fait désormais de la langue seconde de nos pères, qui ne trouve même plus une troisième place sur les affiches et les pupitres des congrès au Liban. Il n’en reste plus que des inscriptions « hiéroglyphiques » sur notre monnaie nationale et nos bâtiments officiels et culturels dont les murs sont érodés, voire lézardés par le ressac anglo-saxon.

Bon nombre de Libanais, par le mercantilisme qui les caractérise, n’ont pas hésité à se déculturer en un temps record et à subir servilement le « soft power » de l’Oncle Sam pour en faire leur beurre.

Lorsqu’on se laisse si facilement dépouiller de son identité culturelle on comprend pourquoi l’identité nationale est menacée. La résistance, tout court, commence par la résistance culturelle. Feu Sélim Abou était animé de ce feu qui s’est éteint, lui qui avait lancé « Les résistances de l’université », foncièrement francophones, et qui caressait le rêve d’un bilinguisme officiel arabe-français. Comme il devrait se retourner dans sa tombe en voyant ce bilinguisme de facto arabe-anglais !

Si l’exemple québécois d’attachement viscéral et jaloux à la langue française ; si ce symbole de résistance culturelle francophone dans un environnement anglophone est trop loin de vous géographiquement, socialement et politiquement, vous pourriez vous tourner, chers compatriotes, vers vos voisins algériens, marocains, tunisiens et mauritaniens qui ont su résister à la vague yankee et préserver leur identité culturelle. En effet, on parle toujours couramment le français dans ces pays du Maghreb (outre les pays francophones d’Afrique). On y a ajouté l’anglais, et non remplacé le français par l’anglais par pur intérêt commercial.

Si le Hezbollah est en train de « détruire l’âme du pays », vous êtes en train de détruire son âme culturelle.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

« Le Hezbollah menace l’identité du Liban. » (Samy Gemayel)Il est vrai que le Hezbollah menace l’identité du Liban (ce qui n’est pas nouveau), mais la préservation de son identité passe forcément par la sauvegarde et la promotion de son identité culturelle qui s’est longtemps caractérisée par un bilinguisme non officiel arabe-français, et non arabe-anglais comme en...
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