Depuis plusieurs semaines, les campus universitaires en Europe, au Canada et aux États-Unis sont occupés par des étudiants manifestants, mobilisés pour hurler la situation inhumaine des Palestiniens dans la bande de Gaza. Ils dénoncent les denses raids aériens, les bombardements sauvages, les attaques démesurées, la famine qui sévit, les tueries en masse, le nombre ahurissant des victimes, martyrs, blessés, déplacés, morts et ensevelis, et j’en passe. Ils accusent la guerre d’être sale, longue et injuste. Mais qui leur avait appris que les guerres sont propres, courtes et justes ? Ils accusent le monde entier de passer à côté, de n’y porter aucun intérêt, de taire le plus grand crime de l’humanité.
Leurs représentations dérangent, secouent les consciences, leurs impressions importunent, contrarient les presciences, au point où le monde entier craint de désastreuses conséquences. Leurs expressions, leurs déclarations, leurs affirmations forment l’opinion publique, une arme redoutable qui viendrait tirer l’alarme pour dénoncer l’atrocité, la barbarie et l’inhumanité. Dans les guerres modernes, les opinions publiques sont d’une grande importance, elles ont une étendue, une immensité, une puissance capables de franchir toutes les frontières dans un monde régi par la mondialisation et l’universalisation. Leurs messages, leurs slogans retentissent et se propagent : les crimes contre l’humanité doivent cesser, doivent être châtiés, doivent être condamnés.
La guerre sur Gaza et sa population est grave. Elle dévoile le visage d’une humanité en voie de disparition, l’animosité de l’être humain, les intérêts économiques des grandes puissances, la saleté du monde politique épris et pris par l’incohérence, le désaccord et la discordance. Serait-ce une nouvelle version de « la fin de l’histoire » ?
Séquestrer tout un peuple, le raser, le priver de sa liberté, le déposséder de ses droits fondamentaux, lui rationner ses moyens de subsistance, lui jeter par avion des aides alimentaires et finalement le coincer à Rafah pour l’éliminer, tout cela devant un monde entier impuissant et muet…
Situation insupportable, monstrueuse, intolérable, odieuse, abominable, affreuse, qui traduit la haine contre un peuple qui semble avoir tout perdu, jusqu’à sa dignité et sa décence. Dramatique ? Pathétique ? Catastrophique ? Épouvantable ? Effroyable ? Comment nous, êtres humains dotés d’âme et de conscience, de discernement et de connaissances, sommes-nous arrivés à cet état de bestialité, d’atrocité et de cruauté ? Aurions-nous perdu toute valeur et toute moralité, entichés et férus par une course folle pour ramasser des avoirs ? Par intérêt ? Pour quelques barils de pétrole, quelques dollars, des richesses matérielles que nous accumulons aux dépens d’un peuple isolé, délaissé et abandonné ?
Gaza implore. Elle fait réfléchir les consciences les plus endormies. Gaza interpelle le courage. Gaza dénonce les crimes contre l’humanité. Gaza appelle l’humanité pour rompre le silence et rapporter la vérité d’un massacre commis contre des démunis, des femmes, des enfants, des hommes et des vieillards sans défense et sans abri. Gaza appelle à la justice.
La guerre de Gaza n’est pas une guerre ordinaire. C’est un cri strident à la liberté, à la dignité, un cri ardent à la vie, en toute loyauté, en toute simplicité.
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