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Société - Cancer du sein

La campagne officielle se limite cette année à la communication

Les réductions sur les mammographies et échographies étaient d’un grand secours pour les femmes. Elles en sont privées en pleine crise.

La campagne officielle se limite cette année à la communication

Le ruban rose, symbole universel du cancer du sein, en ce mois d’octobre consacré à la sensibilisation à cette maladie. Photo Bigstock

Le mois d’octobre est consacré chaque année à la sensibilisation des femmes au cancer du sein et aux moyens de dépistage. Au Liban cette année, la crise affecte non seulement la sensibilisation, mais aussi l’accès au traitement pour les femmes qui en souffrent.

« Au Liban, une femme sur huit développe un cancer du sein. Il s’agit du cancer féminin le plus fréquent », révèle le Pr Fadi Nasr, chef du service d’hématologie et d’oncologie à l’Hôtel-Dieu de France (HDF). En guise de prévention, le Pr Nasr mentionne la nécessité d’avoir recours à une mammographie annuelle dès l’âge de 40 ans, sauf dans les cas de test génétique BRAC 1 ou BRAC 2 positif. Auquel cas il faudrait avoir recours à une mammographie, une échographie et une IRM mammaire annuelles dès l’âge de 25 ans.

Cela fait déjà deux ans, depuis l’émergence de la pandémie de coronavirus, que le ministère de la Santé publique restreint ses activités annuelles de lutte pour la détection précoce du cancer du sein, notamment ses campagnes d’éveil et les réductions aux imageries de dépistage dans les centres de soins. Auparavant, le ministère organisait non seulement des campagnes de sensibilisation à l’importance du dépistage précoce de la maladie via des examens annuels, mais assurait également avec les partenaires de santé des mammographies et échographies à moindre coût ou gratuitement.

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Cette année, la pandémie n’est plus l’obstacle qui empêche la poursuite de cette lutte contre le cancer du sein, et pourtant une source bien informée au ministère révèle que « jusqu’à présent, aucune initiative n’est envisagée pour apporter un soutien aux femmes au cours du mois d’octobre 2022, et cela en raison de la gravité de la crise financière à laquelle fait face le pays ». En effet, étant donné la situation, les tarifs des échographies et des mammographies, qui s’élèvent à près de 100 dollars, ne sont plus à la portée de toutes au Liban. La campagne officielle, elle, devrait se limiter à la communication autour de la maladie, sans mesures concrètes, toujours selon cette même source.

Accepter un traitement périmé

Cette absence de campagne nationale de prévention est d’autant plus grave qu’elle pèse lourd sur la santé des patientes, puisqu’elle retarde le diagnostic de la maladie. Or, en raison de la crise, les médicaments et traitements chimio-thérapeutiques sont actuellement inexistants ou hors de portée.

Mona*, 44 ans, atteinte de cancer du sein depuis l’âge de 39 ans, témoigne d’un quotidien infernal en raison de la difficulté d’accès aux traitements. « Il est même arrivé qu’on m’administre un traitement chimio-thérapeutique périmé faute d’en trouver sur le marché ! » dénonce-t-elle. Ce jour-là, elle a accepté le traitement sur conseil de son médecin, qui lui a affirmé que celui-ci restait valide jusqu’à 3 à 6 mois après sa date d’expiration.

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Comme Mona, Carole*, également atteinte d’un cancer du sein, s’est vu refuser la couverture de son traitement par son assurance. « Il m’est extrêmement difficile d’accéder à mon traitement au Liban. Même avec l’aide de plusieurs associations caritatives, les tarifs restent inimaginables. »

Telle est la situation depuis la levée des subventions sur tous les traitements, y compris les médicaments d’hormonothérapie par voie orale, dont les prix en dollars ont flambé, ce qui rend ce traitement hors de prix alors qu’il s’agit le plus souvent de patients cancéreux devant se faire traiter à long terme, près de 7 à 10 ans sans discontinuer.

En mode survie

De nombreuses associations déploient d’énormes efforts pour tenter de soutenir les femmes dans cette situation critique et insurmontable, mais elles sont confrontées à cette situation intenable. Selon Mirna Sabbah Hobballah, présidente de la « Lebanese Breast Cancer Foundation » de l’American University of Beirut Medical Center (AUBMC), « les retards de diagnostic, qui influent sur les chances de survie, sont actuellement davantage dus à la crise et ses répercussions qu’à un manque de sensibilisation ».

Malgré cela, « le dépistage du cancer du sein doit se faire de façon précoce, même si le gouvernement ne procure plus d’aide, car en cas de retard de diagnostic, la situation peut empirer et les complications seront plus difficiles à gérer », maintient le Pr Fadi Nasr. Il encourage toutes les femmes à se faire dépister et à garder espoir envers et contre tout.

« Nous sommes actuellement en mode survie au Liban, le gouvernement qui a la responsabilité d’aider la population n’est plus en mesure de le faire », se désole-t-il.

*Les prénoms ont été changés.

Cet article est publié dans le cadre d’un concours organisé par WAN-IFRA Women.

Le mois d’octobre est consacré chaque année à la sensibilisation des femmes au cancer du sein et aux moyens de dépistage. Au Liban cette année, la crise affecte non seulement la sensibilisation, mais aussi l’accès au traitement pour les femmes qui en souffrent. « Au Liban, une femme sur huit développe un cancer du sein. Il s’agit du cancer féminin le plus fréquent »,...

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