Faire le tour des pharmacies, demander aux parents et amis de chercher dans d’autres régions, voire de le rapporter de l’étranger : depuis des mois, trouver un médicament, au Liban, peut parfois relever du parcours du combattant. Et la levée des subventions, totale ou partielle, n’a pas réglé le problème, notamment pour les traitements des maladies chroniques.
Pour le ministre de la Santé, Firas Abiad, MediTrack, une fois les phases d’essai et d’adaptation terminées, permettra « un saut qualitatif pour s’assurer que chaque patient obtienne le traitement dont il a besoin et contrôler le marché ».
En effet, le problème de la pénurie est très complexe et les facteurs qui ont fait que les citoyens y sont confrontés de manière brutale sont nombreux : bras de fer avec la Banque du Liban pour débloquer les crédits pour l’importation, flambée et fluctuations du dollar avec un impact direct sur les importateurs et les pharmacies…
Le ministère, lui, établit un index des prix pour les produits en partie ou non subventionnés dont les prix changent avec le taux du dollar, ceux subventionnés à 100 % ayant leur prix fixe indépendamment de la fluctuation de la monnaie libanaise. Quand le dollar grimpe de manière importante et que l’index ne suit pas automatiquement, certains pharmaciens ont tendance à attendre que les nouveaux prix soient émis et arrêtent de vendre. Dans le même temps, quand la variation est quasi quotidienne, il est difficile voire impossible d’avoir un index tous les jours.
Le pharmacien, et le commerçant de manière générale, veut être sûr qu’en vendant un produit, il doit au moins pouvoir racheter le même et au mieux avoir une marge. Mais le pharmacien, s’il a le médicament dans son stock, a l’obligation de le vendre au prix fixé par le ministère.
Pour contrer le stockage arbitraire, l’inspection s’est avérée être la solution la plus rapide à mettre en place. Le nombre d’inspecteurs étant réduit et le coût de leurs déplacements très élevé, il a fallu d’une part leur assurer des aides en carburant et d’autre part augmenter leur nombre. C’est dans ce cadre qu’un accord a été signé en janvier dernier entre le ministère de la Santé et le syndicat des pharmaciens qui a permis d’augmenter le volume de l’inspection. Les inspecteurs du syndicat, qui effectuent les tournées pour vérifier s’il y a stockage dans les officines, peuvent désormais, en vertu de cet accord, inspecter les prix et le respect de l’index émis par le ministère.
Tout le monde est gagnant, le malade, le ministère mais aussi le syndicat pour défendre la profession.
Contrôle efficace sur le long terme
Pour le ministre Abiad, la solution définitive reste les systèmes informatisés dans le but d’arriver à un contrôle efficace et empêcher tout emmagasinage.
Dans le cas des médicaments, cela passe donc par MediTrack sur lequel travaille le ministère depuis quelque temps. Avec MediTrack, la boîte de médicaments est suivie via un code-barres afin d’être identifiée à chaque étape – importateur, dépôt, hôpital ou pharmacie – jusqu’au patient auquel est attribué un numéro d’identité unique. Ainsi tout peut être contrôlé : le volume de boîtes reçues, le prix, à quel moment l’achat a été effectué, etc.
La première phase du projet pilote qui concerne les malades du cancer (quelque 30 000 patients) va impliquer six hôpitaux universitaires et publics (AUB, LAU, Hôtel-Dieu, Saint-Georges, l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth et l’hôpital gouvernemental de Nabatiyé). Dans une étape ultérieure, il va englober la cinquantaine d’hôpitaux qui prodiguent des soins de chimiothérapie injectable et qui ont déjà reçu la formation nécessaire. Cette phase servira de test pour élargir par la suite le système aux autres pathologies et l’ouvrir aux pharmacies.
Une fois qu’il commence à fonctionner sans encombre, il s’étendra aux autres médicaments et aux pharmacies. « Là nous passons à un volume beaucoup plus important : 800 000 patients et quelque 3 000 pharmacies, précise le ministre Abiad. Nous devons nous assurer que tout fonctionne comme il faut avant de lancer ce projet. Le but n’est pas de chambarder le quotidien des citoyens sans résultat probant. » Il faudra compter quelques mois pour que le système soit complètement implanté.
Dans une stratégie de promotion des programmes automatisés qui garantissent la transparence, le ministère continue de travailler avec l’équipe interne du département IT sur le développement d’autres projets, dont Medimport pour les fournitures médicales et différents implants dont les prix seront identifiés et accessibles aux patients et aux assureurs.
Excellent article ! Merci C’est vraiment frustrant de ne pas pouvoir soigner correctement Le système D en permanence pour trouver le B/A BA Hippocrate en perd son latin !
16 h 59, le 11 mars 2022