Le chef de l'État libanais, Michel Aoun, a appelé vendredi à élire son successeur, la présence d'un président en exercice étant "fondamentale pour la formation d'un nouveau gouvernement", à moins d'un mois de la fin de son mandat présidentiel le 31 octobre. Jusque-là, le président insistait pour qu'un nouveau cabinet soit formé avant cette échéance et l'élection de son successeur, mais les tractations gouvernementales sont au point mort, notamment à cause de divergences entre M. Aoun et le Premier ministre désigné Nagib Mikati.
"La priorité absolue actuellement demeure l'élection d'un nouveau chef de l'État, car la présence d'un président est fondamentale pour la formation d'un nouveau gouvernement et pas l'inverse", a lancé M. Aoun en marge d'une réunion avec le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe Houssam Zaki, en visite au Liban depuis jeudi. "Le partenariat et le Pacte national ne peuvent être réalisés au Liban sans président", a-t-il poursuivi, dans des propos rapportés par la présidence sur Twitter.
Intérêt du Liban avant tout
De son côté, M. Zaki a affirmé que "la Ligue arabe ne prend pas parti pour un camp contre un autre, mais place l'intérêt du Liban avant tout", après s'être entretenu avec le président Aoun au deuxième jour d'une tournée auprès des autorités et formations politiques locales. "La Ligue est présente avec le Liban face à toutes ses échéances, mais parler d'une initiative arabe (pour la présidentielle, ndlr) est prématuré", a-t-il dit.
Au sujet du tracé de la frontière maritime entre le Liban et Israël, le chef de l'État "a assuré à M. Zaki que le Liban attend les résultats des contacts entre Amos Hochstein" et la partie israélienne, "afin de définir le cours des négociations indirectes autour du tracé de la frontière maritime", l'émissaire américain Hochstein étant chargé des négociations indirectes entre les deux États sur cet épineux dossier.
M. Zaki a fait valoir, pour sa part, que la Ligue "soutient les droits du Liban sur ses terres et à ses eaux. Elle se tient à ses côtés sur cette question, et ne le délaissera jamais". Jeudi, Israël avait refusé les amendements libanais apportés à la proposition de résolution du litige frontalier délivrée par M. Hochstein.
Attaque de Geagea
Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe a également rencontré vendredi le président du Parlement, Nabih Berry, et le Premier ministre sortant, Nagib Mikati. La veille, il s'était entretenu avec des chefs de partis, notamment le leader des Kataëb, Samy Gemayel, ainsi que le chef des Forces Libanaises (FL) Samir Geagea. "Le tandem chiite (Hezbollah-Amal, ndlr) et Gebran Bassil empêchent l'élection d'un nouveau président", a déclaré M. Geagea à cette occasion, alors que le groupe parlementaire affilié aux FL avait voté pour Michel Moawad, député de Zghorta, lors de la première session parlementaire électorale. Le Hezbollah, le mouvement chiite Amal et le Courant patriotique libre (CPL, aouniste) de Gebran Bassil avaient voté blanc lors de ce premier tour.
Le site des FL indique, par ailleurs, que M. Geagea a exprimé lors de sa réunion avec M. Zaki, "l'espoir que la Ligue utilise ses relations libanaises, arabes et régionales pour œuvrer à l'élection d'un nouveau président dans les délais constitutionnels, d'autant que la situation économique et sociale du Liban est au plus bas". La communauté internationale appelle régulièrement Beyrouth à respecter les échéances électorales ; si aucun président n'est élu, le Liban se retrouverait pour la première fois de son histoire dans une vacance politique totale au niveau de l'Exécutif : sans président et avec un gouvernement démissionnaire.
commentaires (9)
Ne pas s'ingérer dans les affaires libanaises est élevé par certains responsables étrangers au rang d'une faveur qu'ils nous font. Le "normal" est que cette échéance ne soit discuter qu'à l'intérieur du pays, entre les responsables et les citoyens du pays.
Céleste
23 h 01, le 07 octobre 2022