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Culture - Poésie

Antoine Boulad, neuf jours au paradis des mots, à Sète

Invité à participer à « Voix vives 2022 », un festival de poésie qui se tient dans la ville de Paul Valéry et de Georges Brassens, le poète en revient ébloui par un programme étourdissant qui proposait cette année, entre autres, des hommages à Salah Stétié et Etel Adnan.

Antoine Boulad, neuf jours au paradis des mots, à Sète

Antoine Boulad en pleine lecture a Sète. Photo DR

En plein cœur de Sète, ville de Paul Valéry et de Georges Brassens, la 25e édition du festival « Voix Vives » s’est tenue du 22 au 30 juillet. Ce festival unique en son genre accueille annuellement de grands noms comme des voix émergentes de la poésie méditerranéenne, des princes et des troubadours, invités en résidence pour neuf jours d’ivresse langagière.

Durant cette manifestation, de nombreux lieux de Sète et de ses environs immédiats sont investis (rues, places, jardins publics et privés, port, bateaux... ) de dix heures à minuit et accueillent des rendez-vous poétiques et musicaux d’une extrême variété et originalité, à raison d’environ treize manifestations pour chaque poète invité. Ainsi, sont proposés, entre autres, en collaboration avec des associations sétoises : des lectures en bateau baptisées « Au fil de l’eau », des ateliers d’écriture, des concerts, des expositions… Sans oublier d’extraordinaires rencontres poétiques en langue des signes qui ponctuent cette manifestation, avec la participation de poètes venus très majoritairement du pourtour méditerranéen. Parallèlement, sur la Place de la mairie, un « Marché de la poésie » réunit une centaine d’éditeurs.

Invité par son grand ami et éditeur, Michel Cassir, directeur de la collection Levée d’ancre chez L’Harmattan, le poète et éditeur Antoine Boulad est revenu de Sète ébloui – et étourdi – par ce « bruissement poétique », étonné de voir partis tous ses recueils proposés à la vente – sans compter ceux qu’il a offerts à des amis qu’il s’est fait sur place parmi les invités venus des quatre coins de la galaxie francophone. Au nombre des poètes du monde arabe, le festival a accueilli Yvan Tetelbom (Algérie), Safaa Fathy (Égypte), Chawki Abdelamir (Irak), Mohammad el-Amraoui (Maroc), Nida Younis (Palestine), Maisoun Shukair (Syrie) et Moncef Ghachem (Tunisie).

Pour Maïthé Vallès-Bled, sa fondatrice et directrice, ce festival a pour objectif de « défendre la poésie, de construire des espaces afin qu’elle puisse être transmise au plus grand nombre. Ce qui représente une gageure dans un monde et dans une société contemporaine bien éloignés de l’humain. Or, par les regards qu’elle porte sur le monde, par les questionnements incessants qui sont les siens sur les êtres et les choses (…), la poésie est au cœur de l’humain », affirme-t-elle. Et d’ajouter qu’à travers ce festival, « c’est un large panorama de la poésie contemporaine et autant de passerelles entre les langues, les cultures et les peuples qui est proposé ».

Hommages à Salah Stétié et Etel Adnan

Le festival se tient grâce à un énorme effort d’organisation, auquel participent des partenaires institutionnels, des entreprises privées, des associations sétoises et des bénévoles, sans compter les poètes, artistes et éditeurs, le public, l’équipe du festival et les stagiaires qui l’animent.

Ce n’est pas sans émotion que l’on constate que deux Libanais, Vénus Khoury-Ghata et Antoine Jockey, figurent au nombre des membres du comité de coordination du festival. Et qu’une entreprise libanaise Zaatar w Zeit , a installé sa pimpante guinguette dans le centre de Sète.

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Le programme proposait cette année, entre autres, des hommages à Salah Stétié (auquel était consacré une exposition au musée de Sète) et Etel Adnan. « Grande voie de la poésie franco-libanaise, la romancière, essayiste et artiste qui nous a quittés le 14 novembre 2021 avait été l’invitée du Festival en 2009 », était-il précisé.

Des concerts également étaient au menu, dont celui de Paco Ibanez, légende vivante de la chanson hispanique, en hommage à Georges Brassens, ainsi que ceux de la chanteuse Sapho et de la mezzo-soprano Roula Safar qui s’accompagnait à la guitare et au tambourin.

Antoine Boulad à Sète, « neuf jours de rêve, incroyablement chargés de poésie ». Photo DR

Murmure amoureux…

Un véritable paradis des mots pour Antoine Boulad. « C’était neuf jours de rêve, incroyablement chargés de poésie, dit-il. Voir une ville bruire des paroles de 80 poètes, de 10 heures du matin à minuit, sur cinq ou six places et lieux en même temps, c’est étourdissant. Et le plus fort, pour nous venus de Beyrouth, c’est qu’il y a un public à l’écoute ; des inconnus qui viennent pour le plaisir des mots et s’emparent ainsi d’un imaginaire poétique, d’une tradition et d’une culture… De les voir assis dans des transats, comme sur le pont d’un navire, accentue l’impression de voyage. »

« Les spectacles poétiques sont d’une heure, dont une partie va dans des échanges avec le public, précise cet animateur d’ateliers d’écriture et ancien professeur de français, auteur d’une quinzaine de plaquettes de poésie et de recueils de contes. Outre un « solo » où le poète narre, à travers ses textes, son parcours, les spectacles obéissent à des thèmes variés et vivants.

« Au total, 13 interventions d’une heure, où il y avait beaucoup à lire et beaucoup à écouter », précise Antoine Boulad, ajoutant que l’une des lectures met deux poètes en présence l’un de l’autre.

Programmé à minuit, en fin de journée, sur le thème « Murmure amoureux », Boulad a lu, accompagné des cordes d’une guitare : « Ce matin je danse dans ton sang comme un corps céleste. Je voyage contre le temps qui est la peau des mots que nous inventons pour nous aimer. Il fait jour dans ton sourire. Il fait lumière la nuit. Il y a vie dans visage. Sage de faire à toute heure la courte échelle au bonheur », un texte extrait de son plus récent recueil, Journal de débordement (2020).

L’affiche du festival. Photo DR

…Et cimetière des pauvres

Le poète a également trouvé le temps d’animer, sur un texte du romancier Laurent Gaudé, un atelier d’écriture auquel participaient cinq auteures libanaises présentes au festival. Il garde un souvenir inoubliable de la gestuelle magique de la « langue des signes » à laquelle il a assisté, de l’amitié nouée avec le poète tunisien Moncef Ghachem, qu’il compte inviter au Liban, comme de sa visite au « cimetière des pauvres » de Sète, où Georges Brassens, avec sa chanson espiègle, s’est réservé une place « à deux pas des flots bleus » pour « quand son âme aura pris son vol à l’horizon/ Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson ».

En plein cœur de Sète, ville de Paul Valéry et de Georges Brassens, la 25e édition du festival « Voix Vives » s’est tenue du 22 au 30 juillet. Ce festival unique en son genre accueille annuellement de grands noms comme des voix émergentes de la poésie méditerranéenne, des princes et des troubadours, invités en résidence pour neuf jours d’ivresse langagière.Durant cette...

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Georges Brassens - Supplique pour être enterré à la plage de Sète https://www.youtube.com/watch?v=meipXWeuEbM

N. Noon

21 h 10, le 11 août 2022

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Commentaires (1)

  • Georges Brassens - Supplique pour être enterré à la plage de Sète https://www.youtube.com/watch?v=meipXWeuEbM

    N. Noon

    21 h 10, le 11 août 2022

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