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Nos Lecteurs ont la Parole

La délinquance, les faiblesses, les déficiences et moi...

Les professionnels de la santé mentale et communautaire dissertent beaucoup sur la poussée de la violence et l’ascension de la délinquance dans les milieux sociaux dits modernes. Cela nous attriste, nous désole, et nous sommes pris à vouloir adopter les gros moyens et prendre les strictes mesures pour y mettre fin.

La lutte contre l’insécurité est l’un des thèmes favoris de nos performants penseurs psycho-pédago-sociologues, et j’en passe. Mais pensons-y plus sérieusement : on conviendra que nous sommes tous, quelque part, des délinquants en puissance, de tout-petits délinquants au cerveau endommagé, mais des délinquants tout de même, les dictionnaires de la langue française s’accordant à définir la délinquance comme un ensemble d’infractions commises et considérées socialement. Alors, voyons et analysons.

Lequel d’entre nous n’a pas dérobé, dans son enfance, à la cantine de l’école une toute petite tablette de chocolat, alors que le pauvre caissier avait le dos tourné ? Qui n’a pas, dans sa jeunesse, glissé dans son cartable un livre de classe appartenant à la bibliothèque de l’institution ? Qui n’a pas, lors d’un contrôle scolaire insignifiant, copié sur le camarade d’à côté ? Qui n’a pas imité la signature de ses parents sur un mauvais relevé de notes pour échapper à des réprimandes et des punitions ? Erreurs de jeunesse, me répondriez-vous ! Peut-être bien, vous dirais-je… N’empêche que c’est de la petite délinquance.

Mais… depuis que nous sommes adultes, diplômés jusqu’aux dents et fiers de l’être, bien placés sur le marché du travail, hautement qualifiés et confortablement installés derrière nos bureaux, qui d’entre nous a déclaré scrupuleusement et systématiquement tous ses revenus au ministère des Finances à des fins fiscales ? Payons-nous toujours nos factures à temps… ou quelques jours seulement avant l’arrivée des échéances et des avis répétés de paiement pour sauver quelques sous d’intérêts ? Qui d’entre nous n’a pas, par inadvertance, bien sûr, usé et abusé des biens ou des services, propriété de l’entreprise pour laquelle il déclare solennellement travailler ? Qui n’a jamais lu, quotidiennement, son journal durant les heures du bureau… ou fait des conversations sans fin à partir de la ligne téléphonique du bureau ?

Lequel d’entre nous prend soin du matériel du bureau comme de la prunelle de ses yeux ? Sommes-nous certains de respecter l’horaire de travail, l’heure d’arrivée, les temps des pauses-café autorisés, ou… prétextant des maux de tête soudains, nous accumulons pause-café sur pause-café au point où le serveur de café, à son tour, ne sait plus dans quel bureau va le café ?

Lorsque nous avons un léger petit rhume, ne nous dépêchons-nous pas chez le médecin, quêtant un savant rapport d’arrêt de travail pour bénéficier d’un tout petit congé ? Lequel d’entre nous, n’ayant pas eu la promotion souhaitée, n’a jamais détesté son patron et, pour se venger, ne s’est jamais permis de prendre une journée de vacances non autorisées ?

Lequel, dans le dessein de gagner l’estime du grand patron, ne lui a jamais fait ni éloges artificiels ni révérences sophistiquées… ou, pour l’impressionner, n’a pas surqualifié une tâche accoutumée ? Qui d’entre nous, poussé par le mobile de voir le collègue d’à côté muté, n’a jamais rapporté à son patron les faits et gestes quelque peu exagérés du charmant collègue peu désiré ?

Qui d’entre nous n’a pas brûlé un feu rouge ? Combien sommes-nous à nous laisser conduire lorsqu’un verre de vin de trop vient s’imposer ? Qui d’entre nous, feignant l’ignorance, n’a jamais emprunté une route à sens interdit ou encore s’est approprié, sans droit, une place de stationnement, de coutume prise par son voisin de palier ?

Dans toute file d’attente, nous pensant plus malins ou plus importants que d’autres, n’hésitons-nous pas à nous imposer pour prendre la place de l’autre avec la meilleure intention du monde, celle de sauver notre précieux temps, parce que l’autre, qui attend depuis pas mal de temps, a justement, tout le temps ! Remboursons-nous toujours un montant d’argent qui, par erreur, nous a été donné en trop par la belle caissière du supermarché ?

Qui d’entre nous a toujours su garder sa langue dans la poche et s’est abstenu de faire étalage de la vie privée des autres devant toute une assemblée ? Qui d’entre nous n’est jamais sorti avec la femme ou le monsieur d’à côté, non pas à cause de nobles sentiments qu’il lui vouait, mais purement par convoitise, appétence ou avidité ? Qui d’entre nous n’a jamais erré, déraillé, divagué… ? Qui d’entre nous n’a jamais gambadé, vagabondé, vadrouillé… ?

Qui d’entre nous ne s’est jamais emporté, énervé, irrité, n’a jamais tracassé, harcelé, provoqué, contrarié, n’a jamais blasphémé… ?

Ce sont des réactions fréquentes et normales à une vie quotidienne difficile, diriez- vous. Peut-être, sauf que ce sont des défaillances, des affaiblissements qui se traduisent par de minces et petites délinquances.

Nous sommes tous quelque part de petits délinquants au petit cerveau endommagé…

L’amour de nos parents, leur présence à nos côtés, l’éducation scolaire, les convictions religieuses et sociales demeureront notre unique bouclier face à la délinquance, notre soutien face à nos faiblesses et notre force face à nos déficiences.

Mais la seule et unique chose qui nous empêche de devenir de gros délinquants au gros cerveau complètement bousillé, c’est certainement mais simplement ce brin de conscience que nous avons su garder contre vents et marées, ce sens des valeurs solidement ancrées et cette morale immortelle que notre p’tite maman nous a inculquée !


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Les professionnels de la santé mentale et communautaire dissertent beaucoup sur la poussée de la violence et l’ascension de la délinquance dans les milieux sociaux dits modernes. Cela nous attriste, nous désole, et nous sommes pris à vouloir adopter les gros moyens et prendre les strictes mesures pour y mettre fin.La lutte contre l’insécurité est l’un des thèmes favoris de nos...
commentaires (1)

la seule chose qui nous empêche de devenir de gros délinquants est notre peur de la loi ! meme par les citoyens d'un pays ou elle n'existe presque plus ! peu de place a la moralite et a l'education !

Gaby SIOUFI

11 h 20, le 27 juillet 2022

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Commentaires (1)

  • la seule chose qui nous empêche de devenir de gros délinquants est notre peur de la loi ! meme par les citoyens d'un pays ou elle n'existe presque plus ! peu de place a la moralite et a l'education !

    Gaby SIOUFI

    11 h 20, le 27 juillet 2022

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