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Politique - Gouvernement

Que les tractations commencent !

Ces quelques jours suffiront-ils pour parvenir à une entente sur le nom du futur Premier ministre ? Le bazar est ouvert.

Que les tractations commencent !

Michel Aoun et Nagib Mikati à Baabda, le 11 juin 2022. Photo Dalati et Nohra

Un mois jour pour jour après les législatives, Michel Aoun a enfin accompli sa mission constitutionnelle. Le président de la République a convoqué mercredi les députés élus aux consultations parlementaires contraignantes afin de désigner un nouveau Premier ministre. Ils sont attendus jeudi 23 juin à Baabda, à partir de 10 heures. Par cette démarche, le chef de l’État a voulu renvoyer la balle de la formation du futur gouvernement – le dernier avant la fin du sexennat fin octobre prochain – dans le camp des protagonistes, en particulier ceux qui l’ont accusé de retarder sciemment cette échéance. Selon les milieux de Baabda, le chef de l’État a préféré attendre que le nouveau Parlement complète les élections de son président et vice-président, ainsi que la composition de ses commissions. Ensuite, il a attendu le départ du médiateur américain dans le litige sur la frontière maritime entre le Liban et Israël, Amos Hochstein, qui a effectué une visite de deux jours mardi et mercredi à Beyrouth. « Nous avons tenu parole. Nous avions dit que le chef de l’État allait fixer la date des consultations parlementaires après le départ de l’émissaire américain », commente pour L’Orient-Le Jour un proche de la présidence.

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Sauf qu’il est évident que Michel Aoun voulait donner aux protagonistes le temps de conclure une entente préalable sur le futur Premier ministre, même si le chef du gouvernement sortant, Nagib Mikati, semble être le candidat favori à sa propre succession. Ce dernier impose néanmoins ses conditions pour accepter la tâche : permettre au cabinet de mettre en place les réformes économiques et ne pas mettre des bâtons dans les roues au Premier ministre. Nagib Mikati veut couper court à toute tentative d’imposer des conditions préalables pour faciliter la mise en place de la nouvelle équipe. Il reste que de minutieux calculs sont en train d’être effectués et se poursuivront jusqu’à la date des consultations. D’autant plus que la future équipe pourrait administrer le pays en cas de vacance présidentielle. Ce qui signifie que la tâche du Premier ministre risque de s’avérer beaucoup plus compliquée.

Le CPL et le vote blanc
Mais rien ne prête à croire que l’entente voulue par le chef de l’État sera atteinte, car de nombreux protagonistes ont déjà commencé à poser leurs conditions concernant la future équipe ministérielle. Tel est le cas du chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil. Dans une interview télévisée dimanche dernier, le leader aouniste s’est montré très clair : « Nous ne nommerons pas Nagib Mikati », a-t-il affirmé, ouvrant le bazar de ce qu’on appelle au Liban « l’accord préalable sur la composition du cabinet et sa mission, avant la désignation d’un Premier ministre ». « M. Mikati a fait tout ce qu’il pouvait faire durant son mandat. Il est temps de donner la chance à de nouvelles figures », explique Rindala Jabbour, porte-parole du CPL. « Nous voulons un Premier ministre capable de limoger le gouverneur de la Banque du Liban », ajoute sans ambages la responsable aouniste, Riad Salamé étant la bête noire du tandem Baabda-CPL. « Mais nous savons qu’il est difficile de trouver un tel candidat, tout comme il nous est difficile d’imposer un Premier ministre sans l’appui des forces qui se disent souverainistes ou du changement. Nous pourrons donc voter blanc », avoue Mme Jabbour, laissant entendre que son groupe parlementaire ne nommera aucune personnalité pour former la future équipe.

Eclairage

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Cette prise de position du parti orange est à même de compliquer la tâche à son allié de longue date, le Hezbollah, qui œuvrerait pour la reconduction de M. Mikati. Car dans une telle configuration, le chef du gouvernement sortant se trouverait dans une position délicate : s’il bénéficie d’une couverture sunnite assurée par le club des anciens Premiers ministres (Saad Hariri, Fouad Siniora et Tammam Salam) et les députés ex-haririens, ainsi que de l’appui chiite du Hezbollah, il risque d’être privé de l’appui des deux principales formations chrétiennes, le CPL et les Forces libanaises. Le leader de ce parti, Samir Geagea, multiplie les appels à l’unification des forces de l’opposition sur les grands dossiers, tels que la nomination du Premier ministre. « Nous sommes contre le maintien de M. Mikati dans ses fonctions. Et il nous importe de voir les opposants et les indépendants, ainsi que les députés de la contestation s’entendre sur un candidat », indique à L’Orient-Le Jour un responsable FL. C’est dans ce cadre que s’inscrit la réunion qui s’est tenue mardi entre Samir Geagea, Akram Chehayeb et Waël Bou Faour, députés joumblattistes respectivement de Aley et Rachaya. Était également présent Ziad Hawat, député FL de Jbeil. « Nous coordonnons avec le Parti socialiste progressiste les grandes étapes de la prochaine phase, dont la nomination du Premier ministre », confie M. Hawat, précisant qu’aucune entente n’a encore été conclue autour d’un candidat.

Quid de la contestation ? À l’heure où les milieux proches des FL et du reste des opposants font état d’une coordination avec les élus de la thaoura, ces derniers présentent une autre version des faits. « Nous sommes en train de finaliser notre entente sur le nom d’un Premier ministre. Mais il n’y a pas de coordination avec d’autres parties », précise Mark Daou, député de Aley. Il fait également savoir que les parlementaires de la contestation poursuivent leurs discussions en quête d’un nom pour leur groupe parlementaire, qui n’a pas encore officiellement vu le jour. C’est ce qui explique le fait que chacun de ces députés sera reçu individuellement par le chef de l’État aux consultations de jeudi prochain.

Pour l’Élysée, priorité au gouvernement

De son côté, la communauté internationale, notamment la France, suit de près les développements politiques au Liban. Une source diplomatique libanaise basée à Paris indique à L’OLJ que pour l’Élysée, l’heure est actuellement à la formation d’un gouvernement capable d’enclencher le processus de réformes à même de sortir le Liban de la crise actuelle. Une réaction implicite aux informations qui ont récemment circulé dans les médias locaux et selon lesquelles la présidentielle libanaise serait déjà discutée dans les coulisses à Paris et à Washington. « L’heure est à la mise sur pied du cabinet. Il s’agit d’une échéance interne. Mais cela ne signifie pas que le président français Emmanuel Macron abandonnera le Liban », assure la source diplomatique libanaise.

Un mois jour pour jour après les législatives, Michel Aoun a enfin accompli sa mission constitutionnelle. Le président de la République a convoqué mercredi les députés élus aux consultations parlementaires contraignantes afin de désigner un nouveau Premier ministre. Ils sont attendus jeudi 23 juin à Baabda, à partir de 10 heures. Par cette démarche, le chef de l’État a voulu...

commentaires (9)

"Consultations parlementaires contraignantes"...Mais de quel cerveau malade constitutionnellement est sortie cette disposition dont l'unique résultat pratique démontré est d'accentuer la paralysie politique et d'exacerber les surenchères communautaristes toutes les fois qu'il s'agit de désigner un nouveau Premier ministre?

otayek rene

16 h 51, le 17 juin 2022

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • "Consultations parlementaires contraignantes"...Mais de quel cerveau malade constitutionnellement est sortie cette disposition dont l'unique résultat pratique démontré est d'accentuer la paralysie politique et d'exacerber les surenchères communautaristes toutes les fois qu'il s'agit de désigner un nouveau Premier ministre?

    otayek rene

    16 h 51, le 17 juin 2022

  • WLEK TFEHHHHH ET MILLE FOIS TFEHHHH 3ALA HEYK REASSA MAFIA OU 3ALA EL CHAAB LEKDISH YIALLI ENTAKHABON.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 24, le 17 juin 2022

  • Pleaaaaase arrêtez cette mascarade de consultations parlementaires, de discussions pour former un gouvernement etc… mais le pays tout entier n’existe plus. Les fonctionnaires sont absents à 80% et tous les services de l’Etat sont à l’arrêt quasi total. Comment osez vous prétendre que vous êtes des gouvernants d’un pays en 2022 qui n’a ni eau ni électricité ni farine ni médicaments ni carburants abordables ni routes ni sécurité ni stabilité ni écoles à scolarité abordable, qu’est ce qu’il y a encore dans ce pays que vous, dirigeants depuis 1990, vous êtes acharnés à détruire point par point. Ce n’est pas le PM mais tous les politiciens qui devraient être derrière les barreaux meme mieux ils devraient être au bagne. Je vous vomis vous, votre arrogance, votre suffisance alors que vous n’êtes qu’une bande d’incultes incompétents sauf pour voler la population. Damnés que vous soyez tous damnés

    Lecteur excédé par la censure

    12 h 11, le 17 juin 2022

  • A chaque échéance électorale ou décisive dans notre pays, le nabot monte au créneau pour faire de la surenchère afin d’obtenir la grâce et des concessions de son allié vendu et se voir promu sans efforts à des fonctions qui ne peut pas assumer mais qu’importe. Il ne veut pas de Mikati, ni de personne d’autre comme PM et ce, pour conserver le chaos et se comporter comme le seul leader de ce pays alors qu’il est sanctionné et accusé de fraude, de vol, de collaboration avec une organisation terroriste etc.. quand à Mikati l’ex PM et candidat à sa propre succession alors qu’il a déclaré ouvertement que sa fortune mal acquise se trouve à l’abri dans des pays étrangers et personne ne trouve à redire, bien au contraire, il trouve qu’il est normal qu’un ex, futur PM agisse en malfrat et déclare ouvertement sa fraude fiscale après avoir dépouillé les libanais en les privant de leur argent et leur interdisant tout transfert à l’étranger même pour subvenir aux besoins de leurs enfants étudiant à l’étranger qui eux sont obligés d’arrêter leurs études pour que ses voleurs puissent disposer de l’argent de leurs parents comme ils le souhaitent et postulent à des postes clés de notre bananeraie avec le sourire au bec et des promesses des lendemains qui chantent avec zéro moyen puisqu’ils ont tout raflé et se disputent les miettes qui restent et le pactole à venir. Dans un autre pays ce PM serait déjà derrière les barreaux avec une interdiction d’exercer la politique pendant des décennies

    Sissi zayyat

    10 h 04, le 17 juin 2022

  • Avez-vous remarqué ? Nous avions depuis des années une collection impressionnante de ministres, un président-chef-d'Etat...oui...oui...!!!...un premier ministre, et même un chef du Parlement. Mais nous n'avons toujours pas d'électricité, pas d'eau, des routes en piteux état, pas de vraie justice, donc un désordre général qui augmente. Et pour garnir notre...jadis...!!!...beau Liban, des déchets partout. Par contre, notre porte-monnaie se vide à la vitesse Grand V...de par les bons soins de nos, comment dire..."gouvernants"...enfin ceux qui prétendent l'être... - Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 12, le 17 juin 2022

  • UNE FOIS LES MARCHANDAGES ET PARTAGES CRIMINELS AGREES DEFINITIVEMENT ET LE CHEF DE L,AUTRE SIMSOM ELU... ... LA MASCARADE DES DITES CONSULTATIONS... CONTRAIGNANTES... DU SOURD... VA COMMENCER POUR NOMMER LE DEJA NOMME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 53, le 17 juin 2022

  • Toutes les discussions, palabres et concertations ont peu de chances de servir à quelque chose. Si le nouveau premier ministre (à savoir, l'ancien) n'était pas déjà désigné, au moins à 99%, Aoun n'aurait pas annoncé les consultations parlementaires. Un miracle de dernière minute? Un sursaut patriotique de nos députés? Un premier ministre compétent, honnête et indépendant? Allons donc! A votre âge, vous croyez encore au Père Noël?

    Yves Prevost

    07 h 54, le 17 juin 2022

  • "… Nous ne voterons pas pour Mikati …" - On s’en fout pour qui vous ne voterez pas. Vous avez un autre candidat, et le raisonnement qui va avec? Non? Alors vous ne méritez pas votre fonction!

    Gros Gnon

    06 h 26, le 17 juin 2022

  • Tout d'abord le CPL ne voulait pas voter pour la reconduction de Berri, mais ils l'ont fait en échange de la nomination du vice président... Le CPL et son chef se plient au désidérata du Hezb sans lequel in l'existerait pas. Je vous parie donc qu'ils vont élire Mr Mikati à nouveau. Quand aux député de la nouvelle vague, chaque jour qui passe me déçoit encore plus. Ils n'otn pas encore compris que sans union avec d'autres fores ils ne représentent rien? Ils n'arrivent même pas à s'unir entre eux...

    Bachir Karim

    01 h 53, le 17 juin 2022

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